LE GRÉGAM Jean, Fortuné, Louis

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Né le 7 février 1916 à Sauzon (Morbihan), exécuté le 18 juillet 1944 à Colpo (Morbihan) ; FFC.

Jean Le Grégam était le fils de Ferdinand Pierre Marie Le Grégam, marin, et de Marie Césarine Doriol, ménagère. Célibataire, il était domicilié chez ses parents à Séné (Morbihan).

Au début du mois de juin 1944, le 2e Régiment de chasseurs parachutistes (RCP) ou 4e SAS (Special air service) des Forces françaises libres (FFL) fut parachuté en Bretagne. La mission des SAS était de saboter les voies de communication et de rassembler, équiper, former, encadrer les maquis bretons, avec pour objectif d’empêcher ou au moins de retarder le transfert vers le front de Normandie des troupes allemandes stationnées en Bretagne. De nombreux résistants appartenant aux Forces françaises de l’intérieur (FFI) et aux Francs-tireurs et partisans français (FTPF) furent regroupés et armés dans le camp de Saint-Marcel (Morbihan).
Le 18 juin 1944, le camp de Saint-Marcel fut attaqué en force par la Wehrmacht. Après avoir livré combat durant toute la journée en infligeant de lourdes pertes aux troupes allemandes, parachutistes SAS et FFI-FTPF se replièrent en bon ordre et se dispersèrent. Après cette dispersion, la Feldgendarmerie, la Wehrmacht appuyée par de nombreux détachements de soldats russes, géorgiens et ukrainiens rassemblés dans les « unités de l’Est », les agents de l’Abwher (service de renseignements de la Wehrmacht) et du SD (Sicherheitsdienst-Service de sécurité de la SS), ainsi que les agents français de la FAT 354 (Front Aufklärung Truppe) et les miliciens bretons du Bezen Perrot, se lancèrent dans une traque implacable des parachutistes SAS, des FFI-FTPF, de leurs dépôts d’armes, et de tous ceux qui les hébergeaient et les ravitaillaient. Rafles, arrestations, tortures, et exécutions sans jugement de SAS et de résistants, incendies de fermes, pillages et massacres de civils se multiplièrent dans tout le département du Morbihan.
Le 11 juillet 1944, François Munoz, un agent français de la FAT 354 de Pontivy se présenta en civil dans le café d’Auguste Gillet à Guéhenno (Morbihan), où étaient attablés Alain Le Cuillier de Vannes, Jean Le Grégam et son frère Roger Le Grégam de Sené. En leur montrant qu’il portait en dessous de son imperméable un uniforme de sous-lieutenant parachutiste SAS, Munoz parvint à déjouer leur méfiance. Il leur déclara qu’il cherchait à rejoindre le capitaine Marienne et leur demanda où habitait le boucher Mahieux qui ravitaillait les SAS et pourrait le conduire à lui. Ils lui indiquèrent l’habitation toute proche de Louis Mahieux qui ne tenait pas une boucherie dans le bourg, mais tuait les bêtes achetées par les SAS aux paysans des environs et découpait la viande qu’il livrait au maquis. Louis Mahieux fut arrêté à son domicile en même temps que les occupants du café Gillet. Ils furent tous conduits à Locminé (Morbihan) et incarcérés dans l’école des filles où ils y furent interrogés et torturés par des policiers du SD et des agents français de la FLAT.

Le 18 juillet 1944, Jean Le Grégam fit partie des treize détenus de Locminé qui furent amenés dans le bois de Coët-Kermeno à Botségalo en Colpo, où ils furent exécutés : Jean Le Grégam, Georges Corvec, Marcel Doussineau, Julien Garaud, Auguste Gillet, Laurent Henrio, Louis Le Duic, Roger Le Grégam, Marcel Le Roy, Raymond Maho, Robert Robo et deux inconnus (Inconnu 1 et Inconnu 2).

Sur les registres de l’État-civil de Colpo, l’acte de décès numéro 28 dressé le 24 juillet 1944, fait mention de la découverte le 23 juillet 1944 au lieu-dit Coët-Kermeno, du corps d’« un individu de sexe masculin dont l’identité n’a pu être établie et dont la mort paraît remonter à cinq jours ». Par un jugement du tribunal civil de Vannes rendu le 25 novembre 1944 et transcrit en mairie de Colpo le 20 décembre 1944, ce corps a été reconnu officiellement comme étant celui de Jean Le Grégam.

Jean Le Grégam a obtenu la mention « Mort pour la France » et a été homologué FFC.

Dans le Morbihan, les noms de Jean et Roger Le Grégam sont inscrits sur le monument commémoratif érigé à Botségalo en Colpo, et sur le monument « Aux héros de Kervernen » érigé à Saint-Nicolas-des-Eaux en Pluméliau sous l’orthographe « Grégam ».
Ils figurent aussi sur le monument aux morts de Séné où une place porte leur nom.
Un agent des Allemands, Zeller, capturé non loin de la frontière suisse, condamné à mort, a été fusillé lui même avec Munoz après la libération en juillet 1946 à Rennes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article195021, notice LE GRÉGAM Jean, Fortuné, Louis par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, version mise en ligne le 31 août 2017, dernière modification le 4 février 2022.

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Sur le monument de Botségalo en Colpo
Sur le monument de Botségalo en Colpo
Sur le monument </br>de Saint-Nicolas-des Eaux en Pluméliau
Sur le monument
de Saint-Nicolas-des Eaux en Pluméliau
Sur le monument aux morts de Séné
Sur le monument aux morts de Séné
SOURCE :
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson

SOURCES : SHD, Vincennes, GR 16 P 269408 (Jean Grégam). — Roger Leroux, Le Morbihan en guerre 1939-1945, Joseph Floch imprimeur éditeur à Mayenne, 1978. — Kristian Hamon, Agents du Reich en Bretagne, Morlaix, Skol Vreizh, 2011. — René Le Guénic, Morbihan, Mémorial de la Résistance, Imprimerie Basse-Bretagne, Quéven, 2013. — " L’honneur volé de Jean Pessis parachutiste SAS mort pour la France ", juillet 2017, sur le blog de Kristian Hamon. — Mémorial GenWeb. — Site Internet Les Amis de la Résistance du Morbihan, ANACR-56. — État civil, Colpo (acte et jugement déclaratif de décès).

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