CHARPIOT Raymond Camille Paul

Par Gilles Pichavant

Né le 14 septembre 1921 à Lyon (Rhône), mort le 21 juin 1993 à Montivilliers (Seine-Maritime) ; officier de la Marine marchande ; secrétaire général de la Fédération CGT des Officiers de la Marine marchande ; communiste, puis contestataire ; conseiller municipal du Havre (Seine-Maritime)

Raymond Charpiot naquit en 1921 à Lyon (Rhône). Il fit ses études au lycée français de Londres et le Prytanée de La Flèche. Le 22 juin 1940, alors qu’il était encore étudiant, il rejoignit la « France-Libre » à Londres. Il fut élève officier de cavalerie au 1er régiment de chasseurs d’Afrique à Rabat puis élève à l’école d’Hydrographie à Alger. En 1942, à Beyrouth, il entra au Centre Sirocco où se formaient les élèves officiers de réserves de la marine, et fut intégré aux forces navales françaises libres (FNFL) du Levant. Le 1er juin 1943 il fut nommé enseigne de vaisseau.

A la Libération, Raymond Charpiot devint officier de la Marine marchande, officier de pont, puis capitaine au long court. Il adhéra à la CGT en 1953 et au Parti communiste en 1956. Il fut élu membre de la commission exécutive de l’Union des syndicats ouvriers du Havre (Seine-Maritime) des 27 et 28 janvier 1962. Il siégea au bureau de l’Union départementale des syndicats CGT de Seine-Maritime lors du congrès de 1956. Il en faisait encore partie lors du congrès de 1960. Il resta membre de la CA de l’UD-CGT jusqu’en 1968.

En 1964, Raymond Charpiot était secrétaire général du syndicat des officiers de la Marine marchande (pont) CGT du Havre. Il devint ensuite secrétaire général de la Fédération CGT des officiers de la Marine marchande.

En 1970, il siégea au Conseil Supérieur de la Marine Marchande Hydrographie.

Militant communiste, membre du comité de la section « Commune de Paris » du Havre, Raymond Charpiot fut élu au comité fédéral de Seine-Maritime du PCF de 1962 à 1968. Le 30 janvier 1963, il tint une conférence pour l’Association France-URSS, sur « La Marine marchande soviétique », au Petit Théâtre du Havre, et, en juin, il publia Retour d’URSS, ouvrage tiré à 100 exemplaires. Après la création cette année là, du cercle « Henri Wallon », animé par Maurice Schlewitz*, il y présenta une conférence, en 1964, sur le thème « Johnson ou Goldwater ? », dans laquelle il visait à démontrer qu’en matière politique il n’y a pas de 3e voie.

En 1967, il fut candidat aux élections cantonales dans le 2e canton du Havre. Il obtint 674 voix (30,4%) au 1er tour, devançant L. Osmont* (SFIO), 5,2%, et P. Reguer* (PSU) 9,03%. Candidat unique de la gauche au second tour, il obtint 1128 voix (41,8%), et fut battu par le conseiller général sortant (UNR).

Élu conseiller municipal du Havre en 1965, Raymond Charpiot devint président de l’Association Maison de la Culture de cette ville en 1970. Il fut donc l’un des acteurs principaux du développement de la politique culturelle de la ville. Mais en mars 1977, lorsque se concrétisa le choix de reconstruire en centre-ville un établissement culturel détruit pendant la seconde guerre mondiale, les restrictions budgétaires consécutives au désengagement de l’État, du Département et de la Région, obligeant la ville à financer 80% de l’équipement, vont toucher l’ensemble des dépenses liées à la culture. Raymond Charpiot va se retrouver au centre d’une crise aux multiples facettes qui eut pour conséquence de transférer les affrontements politiques (et de personnes), consécutifs à la rupture de l’Union de la gauche, dans l’assemblée générale élargie, et plus encore au conseil d’administration de la Maison de la culture.

En rupture ouverte avec le PCF et la CGT depuis 1979, Raymond Charpiot signa la pétition "Union dans les luttes" en 1980. Le 13 novembre 1980, il publia, comme secrétaire général de la Fédération CGT des capitaines et officiers de la marine marchande, un article dans le quotidien Le Havre Libre, dans lequel il exprimait sa désapprobation des positions de la CGT sur les grèves de Pologne et la signature des accords de Gdansk, et dire publiquement son soutien au syndicat Solidarité. En décembre 1981, avec les militants CGT du CA de la l’Association Maison de la Culture du Havre, dont il était le président, et des responsables de CE, il se déclara pour la défense des libertés en Pologne. Parallèlement un conflit opposait le CA de l’association et le directeur sur les choix d’orientation culturelle. Le 9 juin 1982, il prononça un rapport, qualifié de "rapport-réquisitoire" par la presse locale, à l’assemblée générale de l’association qui fut voté par une majorité relative (120 pour, 45 contre, 98 abstentions, sur 277 présents). Sa réélection comme président, et la reconduction de la direction ne pouvait, à terme, que déboucher sur une série de démissions. En octobre 1983, il démissionna et fut remplacé par Albert Perrot.

Raymond Charpiot avait quitté le PCF vers 1978.

En avril 1987 Raymond Charpiot fut reçu officier de la légion d’Honneur en présence d’ Ambroise Guellec*, Secrétaire d’état à la mer et c’est Pierre Léonard, le Président du Conseil supérieur de la Marine Marchande qui lui remis cette distinction lors d’une cérémonie qui eut lieu au ministère.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19509, notice CHARPIOT Raymond Camille Paul par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 20 août 2021.

Par Gilles Pichavant

Retour d’URSS, ouvrage publié à 100 exemplaires en juin 1963.

SOURCES : Arch. CGT de Seine-Maritime. — Arch. comité national du PCF. — Archives de la Fédération CGT des officiers de Marine Marchande. — Discours de Pierre Léonard lors de la cérémonie de remise de la légion d’honneur. — Communiste au Havre, Histoire sociale, culturelle et politique (1930-1983), Marie-Paule Hervieu, PURH, 2009 — Site Histoire de français libres ordinaires, Raymond CharpiotLe Havre Libre, notamment le 13 novembre 1980, et le 17 décembre 1981. — 50 ans de création, 50 ans d’émotions, Livre de photographies édité par l’Association Maison de la culture du Havre en 2013, ISBN : 978-2-7466-6906-2. 15 — Les grandes mutations de la marine marchande française (1945-1995), Bernard Cassagnou, édité par le Comité pour l’histoire économique et financière de la France, février 2003, ISBN 978-2-11-093298-3 — Fichiers des personnes décédées établi par l’INSEE à partir des informations reçues des communes dans le cadre de leur mission de service public. — Notes de Jacques Defortecu.

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