BERTRAND Nancy, Noémie

Par Robert Serre

Née le 10 janvier 1902 à Gigors, aujourd’hui Gigors-et-Lozeron (Drôme), exécutée le 3 août 1944 à Crest (Drôme) ; commerçante ; résistante, homologuée internée résistante (DIR).

Nancy Bertrand
Nancy Bertrand

Nancy, Noémie BERTRAND était la fille d’Albert, Azénor BERTRAND, cultivateur, et de Noémie, Eugénie Raffin, son épouse.
Elle naquit au domicile de ses parents, quartier des Michauds à Gigors, aujourd’hui Gigors-et-Lozeron (Drôme).
Célibataire, résistante demeurant rue du Pont, aujourd’hui rue Maurice-Long à Crest (Drôme) où elle était marchande de chaussures, elle camoufla des réfractaires au STO (Service du travail obligatoire) ou des personnes recherchées par les Allemands. Elle transportait des messages, des petits papiers qu’elle allait chercher à la ferme Lombard à Cobonne (Drôme), au-dessus de la porte du four à pain ; elle les cachait dans ses cheveux ou dans le guidon de son vélo. Pendant toute la durée de l’occupation allemande, elle servit d’agent de liaison entre les combattants du maquis et leurs familles, contribuant grandement au maintien de la confiance et du moral. Elle continua cette tâche dans l’été 1944 en pleine période de représailles ennemies, au mépris du danger. C’est au cours d’une de ces missions, au moment où elle s’apprêtait à passer les lignes, qu’elle fut arrêtée le jeudi 3 août à Gigors-et-Lozeron, après avoir négligé de suivre les conseils de Lombard qui lui avait signalé le danger des patrouilles des "Mongols".
Elle fut prise au « tournant de l’église », après qu’elle ait remonté la vallée de la Sye et remis le message à son contact. Le lendemain, elle fut vue par un détenu dans la cour du collège Saint-Louis de Crest, en piteux état. Un grafitti de son nom trouvé dans la cave de l’établissement confirme sa présence. Sans jugement aucun, en pleine nuit, elle fut amenée dans un champ du quartier Leyronnat, au sud de Crest, et sauvagement assassinée sur ordre du Major allemand Haverland et de sa maîtresse Marie-Jeanne Piénars ou Petiard, originaire de La Tour-du-Pin (Isère). Son corps affreusement mutilé ne fut retrouvé dans le champ de Boffard, au quartier des Gardettes, que le 7 août. Chalamel, de La Croix-Rouge le fit transporter à l’hôpital. Le docteur Thiers préleva des fragments de vêtements, le dentier, une broche, une chaussure grâce auxquels, malgré l’état de décomposition, son beau-frère et des amies purent l’identifier. Les obsèques le 9 août 1944, présidées par le pasteur Foltz, se déroulèrent avec une énorme affluence.
Elle obtint la mention « Morte pour la France » et fut homologuée internée résistante (DIR).
Elle est enterrée dans une tombe isolée, en plein champ, quartier des Michauds à Gigors, commune de Gigors-et-Lozeron.
Son nom figure sur une plaque commémorative, à Gigors et sur le monument commémoratif départemental, à Mirmande-Saulce-sur-Rhône (Drôme).
Une rue de Crest porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article195136, notice BERTRAND Nancy, Noémie par Robert Serre, version mise en ligne le 4 septembre 2017, dernière modification le 20 novembre 2022.

Par Robert Serre

Nancy Bertrand
Nancy Bertrand

SOURCES : AVCC, Caen, AC 21 P 21942 et AC 21 P 425 146 (nc). — SHD, Vincennes, GR 16 P 55318 (nc). — Arch. Dép. Drôme, 255 W 89, mémorial de l’oppression, 12/10/1948, crimes de guerre ; ADD, 132 J 2. Martin. — Arch. Communales de Crest, 4 H 2. — Lucien Micoud, op. cit, page 46. — Pons, op. cit. p. 204 (citant Ch. Armorin maire de Crest, séance du conseil municipal du 13 décembre 1944), 268. — Mémoire des hommes. — Mémorial GenWeb. — Geneanet. — Musée de la Résistance en ligne. — État civil, acte de naissance n°1.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable