GRANGER (famille d’Issoudun)

Par Jean-Luc Labbé

Famille ouvrière d’Issoudun (Indre) de 1848 à 1927

GRANGER-LAMY Charles : né le 27 décembre 1830-mort 1900 ; ouvrier du bâtiment (couvreur). Domicilié 54 rue Saint-Martin, il fit l’objet d’une fiche de police rédigée vers 1874 : "Rien de bon, mauvaises opinions, communard, pousserait activement les autres au désordre en donnant lui-même l’exemple". Ces mêmes fiches de police donnaient deux autres noms de militants mariés avec des femmes nées Granger. COURTAULT-GRANGER Louis, 58 ans, "vigneron, avocat [militant] des loges [cabanes de vignerons], secrétaire du club de Chinault en 1848, faisait partie de La Marianne" [militant de La Solidarité républicaine, en 1849 dans son quartier de Chinault à Issoudun]. LABBE-GRANGER Charles, 44 ans, "menuisier employé aux brosses [usine de fabrication de brosses en soie de porc, principale usine d’Issoudun en 1874], domicilié rue des Bouchers, communard, propagandiste révolutionnaire, un des plus mauvais garnements d’Issoudun, surveillant les élections dans les communes voisines, meneur de désordre".

GRANGER Rose Solange, née en 1824 à Issoudun, mariée à Paris avec Clair-Adolphe Chardon (1817-1890). Leur fils Louis Jules Chardon (1857-1890) se maria le 15 juillet 1880 avec Zoé Augustine BLANQUI (relieuse née à Paris en 1863), fille de Dominique Blanqui et nièce d’Auguste Blanqui qui était un des témoins de ce mariage. Il existait donc un lien familial entre la famille Granger et la famille Blanqui. Lors de ce mariage en 1880, Octave Martinet (pharmacien né à Issoudun et qui reviendra définitivement à Issoudun en 1900) était à Paris l’un des proches de Blanqui et avec Edouard Vaillant créa en 1883 le journal Le Républicain socialiste du Centre). Un autre militant blanquiste, Jean-Félix Fénon né à Issoudun, était à Paris à cette même période et reviendra à Issoudun en 1882 pour créer les premières organisations socialistes blanquistes (la présence de Martinet et de Fénon au mariage n’est pas démontrée mais possible).

GRANGER Augustin (ouvrier brossier né le 4 mai 1859) et Nicolas (ouvrier brossier né le 29 avril 1861). En mars 1889, les frères Granger Augustin et Nicolas créèrent avec l’aide de Jacques Dufour (qui sera élu maire d’Issoudun en 1892) et cinq autres ouvriers brossiers (Michel Rouet, Eugène Dumez, Lucien Tréfault et Gustave Ploquin), une société pour la fabrication de brosses en soie de porc (source L’Eclaireur du Berry, annonce légale constitutive d’une société). Pour ces ouvriers brossiers chez Déséglise, principale usine d’Issoudun dirigée par l’un des chefs du parti royaliste, il s’agissait en créant cette entreprise de se mettre hors d’atteinte de la pression patronale. En 1893, Augustin et Nicolas Granger étaient secrétaires du « Comité des travailleurs d’Issoudun », affilié au CRC d’Edouard Vaillant et d’Octave Martinet. Le comité se composait de huit autres ouvriers et appela à voter pour Gustave Doré, candidat socialisant lors des élections législatives de mai 1893 contre le député sortant Alfred Leconte, radical-socialiste. Doré réalisa un bon score et se maintient au 2ème tour en contestant les irrégularités qui auraient eu lieu au 1er tour (Leconte fut réélu).

GRANGER Jules (né le 14 avril 1896, mort en octobre 1977) et Marcel (né le 25 août 1898) ; militants communistes en 1925 ; membres du bureau de l’Union locale CGT-U d’Issoudun en 1927. Ces deux frères (ouvriers mégissiers) étaient les fils d’Augustin Granger (1859-1904, ouvrier brossier, militant blanquiste ou guesdiste en 1893) et les petits fils de Nicolas Granger (ouvrier du bâtiment et frère de Rose Solange Granger).
Ces trois générations ouvrières politiquement engagées étaient issues d’un ouvrier menuisier d’Issoudun (Granger Claude 1791-1880) dont les deux frères étaient ouvriers tanneurs (Pierre-Antoine 1788-1819 et Nicolas né en 1795).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article195220, notice GRANGER (famille d'Issoudun) par Jean-Luc Labbé, version mise en ligne le 8 septembre 2017, dernière modification le 29 décembre 2020.

Par Jean-Luc Labbé

SOURCES : Arch. Dép. Indre. - Etat civil et recensements. - Journaux.

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