MORIZUR Eugène, Théophile, Marie

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Né le 11 juillet 1905 à Plumelec (Morbihan), exécuté sommairement le 12 juillet 1944 à Plumelec ; FFI.

Eugène Morizur
Eugène Morizur
SOURCE : Joseph Jégo, 1939-1945
Rage Action Tourmente au Pays de Lanvaux

Eugène Morizur était le fils d’Eugène Morizur et de Marie-Julienne Gauthier. Il avait épousé Armande Marie Louise Rio et le couple était domicilié à Plumelec (Morbihan) où Eugène Morizur exerçait la profession de négociant en bois et charbon de bois.

Il bénéficiait d’une autorisation de circuler en voiture, ce qui lui permit d’assurer des transports de matériel, d’armes et d’hommes pour la Résistance. En décembre 1943, il s’engagea dans les Forces françaises de l’intérieur (FFI) et prit le commandement à partir d’avril 1944 du groupe de Plumelec, qui constituait la 7e compagnie du 8e Bataillon du Morbihan. Le 7 juin 1944, le lieutenant Morizur conduisit jusqu’à la ferme de la Nouette à Sérent, qui était leur point de ralliement, les premiers parachutistes de la France libre — stick de Pierre Marienne — appartenant au 2e Régiment de chasseurs parachutistes ou 4e SAS (Special Air Service britannique), qui furent parachutés dans le secteur de Plumelec (Morbihan) au cours de la nuit du 5 au 6 juin 1944. La mission des SAS était de saboter les voies de communication et de rassembler, équiper, former, encadrer les maquis bretons, avec pour objectif d’empêcher ou au moins de retarder le transfert vers le front de Normandie des troupes allemandes stationnées en Bretagne. De nombreux résistants appartenant aux Forces françaises de l’intérieur (FFI) et aux Francs-tireurs et partisans français (FTPF) furent regroupés et armés dans le camp de Saint-Marcel (Morbihan).

Le 18 juin 1944, à la tête de sa compagnie, Eugène Morizur participa à la défense du camp de Saint-Marcel attaqué en force par la Wehrmacht. Après avoir livré combat durant toute la journée en infligeant de lourdes pertes aux troupes allemandes, parachutistes SAS et FFI-FTPF se replièrent en bon ordre et se dispersèrent. Après cette dispersion, la Feldgendarmerie, la Wehrmacht appuyée par de nombreux détachements de soldats russes, géorgiens et ukrainiens rassemblés dans les « unités de l’Est », les agents de l’Abwher (service de renseignements de la Wehrmacht) et du SD (Sicherheitsdienst-Service de sécurité de la SS), ainsi que les agents français de la FAT 354 (Front Aufklärung Truppe) et les miliciens bretons du Bezen Perrot, se lancèrent dans une traque implacable des parachutistes SAS, des FFI-FTPF, de leurs dépôts d’armes, et de tous ceux qui les hébergeaient et les ravitaillaient. Rafles, arrestations, tortures, et exécutions sans jugement de SAS et de résistants, incendies de fermes, pillages et massacres de civils se multiplièrent dans tout le département du Morbihan.

Eugène Morizur guida les SAS dans leurs déplacements, de ferme en ferme, au gré des menaces de découverte de leurs caches : au Pelheu en Plumelec chez Mathurin Jégo, puis le 20 juin à la ferme du Quénelec à Guéhenno (Morbihan), enfin le 10 juillet 1944 à Kérihuel en Plumelec qui semblait un refuge idéal, loin des axes de communication. Le 12 juillet 1944, il s’y trouvait avec plusieurs FFI et parachutistes SAS, lorsque ce village fut investi à l’aube par un détachement du SD et de la FAT 354. Surpris dans leur sommeil, dix-huit hommes furent capturés et exécutés sur l’aire de battage de la ferme :
- sept parachutistes SAS : le capitaine Pierre Marienne qui fut tué le premier, le lieutenant François Martin, les sergents Jean Marty et Jacques Mendès-Caldas, Albert Bletterie, Fernand Beaujean et Louis Hanicq ;
- huit combattants FFI : le lieutenant Eugène Morizur, Henri Denoual, Raymond Garaud, André Gondet, Georges Grignon, Pierre Le Bomin, Emmanuel Le Breton et Henri Louail ;
- trois cultivateurs de Kérihuel : Fernand Danet, Alexandre Gicquello et son fils Rémy Gicquello, accusés de les avoir hébergés.

Sur le registre de l’État-civil de Plumelec, l’acte de décès numéro 36 fait mention de la découverte le 13 juillet 1944 au village de Kérihuel, immédiatement au nord de la maison de M. Gicquello, du corps d’un individu de sexe masculin inconnu dont le décès semblait remonter à environ trente-six heures. Par un jugement du tribunal civil de Ploërmel rendu le 21 décembre 1944 et retranscrit en mairie de Plumelec le 12 avril 1945, ce corps a été reconnu comme étant celui d’Eugène Morizur.

Eugène Morizur a obtenu la mention « Mort pour la France » et a été homologué FFI.

À Plumelec, le nom d’Eugène Morizur est inscrit sur le monument commémoratif de Kerihuel et sur la plaque FFI du monument aux morts 1939-1945, avec celui de son épouse Armande Morizur, torturée à mort à Saint-Jean-Brévelay (Morbihan) le 28 juin 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article195542, notice MORIZUR Eugène, Théophile, Marie par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, version mise en ligne le 20 septembre 2017, dernière modification le 7 janvier 2022.

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Eugène Morizur
Eugène Morizur
SOURCE : Joseph Jégo, 1939-1945
Rage Action Tourmente au Pays de Lanvaux
Sur le monument de Kérihuel en Plumelec
Sur le monument de Kérihuel en Plumelec
Sur le monument aux morts 1939-1945</br>de Plumelec
Sur le monument aux morts 1939-1945
de Plumelec
SOURCE :
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson

SOURCES : AVCC, Caen, AC 21 P 98 016. — SHD, Vincennes, GR 16 P 431898. — Roger Leroux, Le Morbihan en guerre 1939-1945, Joseph Floch imprimeur éditeur à Mayenne, 1978. — Joseph Jégo, 1939-1945 Rage Action Tourmente au Pays de Lanvaux (photo), Imprimerie La Limitrophe, 1991. — Kristian Hamon, Agents du Reich en Bretagne, Morlaix, Skol Vreizh, 2011. — René Le Guénic, Les Maquisards chez nous en 1944 et Morbihan, Mémorial de la Résistance (photo), Imprimerie Basse Bretagne, Quéven, 2013. — Site Internet Les Amis de la Résistance du Morbihan, ANACR-56. — État-civil (acte de décès et transcription du jugement du tribunal civil de Ploërmel).

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