SALOMON Jacob [Pseudonyme : Alexandru JAR, dit DUBOIS]

Par Daniel Grason

Né le 18 novembre 1911 à Jassy (Roumanie), mort en 1988 en Roumanie ; communiste ; FTP-MOI, militant permanent de la Main d’œuvre immigrée ; interné évadé ; communiste et écrivain roumain.

Fils d’Abraham et de Marie, né Lobel, Jacob Salomon arriva en France le 18 juillet 1937 par Modane (Savoie), il était porteur d’un passeport roumain valable trois mois, délivré le 20 mai, visé le 17 juillet par le consul de France à Bucarest. Il ne se présenta à la Préfecture de Police de Paris que le 17 juin 1938. Il obtint un récépissé de demande de carte d’identité valable trois mois.
Il vivait avec Golda Bancic, il travailla comme colleur d’imperméable chez Rizes, 100 rue Amelot à Paris (XIe arr.), touchait 300 francs par semaine. Golda Bancic n’exerçait aucune profession salariée, le couple habita au 11 Cité Popincourt, puis 60 rue Saint-Sabin (XIe arr.). Une fille naquit le 26 mai 1939 à Paris (XIIe arr.), Jacob Salomon la reconnue, elle a été prénommée Dolorès en hommage à Dolorès Ibarruri « La Pasionaria ».
Jusqu’en septembre 1939, le couple était soutenu financièrement, les parents de Salomon réfugiés aux États-Unis envoyaient 25 à 30 dollars par mois, tandis que la famille de Golda envoyait 1000 francs par mois de Chisinau (Roumanie).
Jacob Salomon s’engagea pour la durée de la guerre le 16 octobre 1939. Il a été réformé définitivement par la commission de réforme siégeant le 8 novembre à Perpignan (Pyrénées-Orientales).
Probablement raflé, Jacob Salomon fut interné le 1er septembre 1941 au camp de Drancy réservé aux juifs. Hospitalisé à Tenon au 4 rue de la Chine à Paris (XXe arr.), il s’évada le même mois dans la nuit du 23 au 24. Il rejoindra en mars 1943 les FTP-MOI, puis sera détaché dans le groupe de langue roumain pour développer l’activité politique. Il prendra le pseudonyme de Alexandru Jar dit Dubois.
Il rentra en Roumanie après la guerre, il garda son patronyme Alexandru Jar, la population était très marquée par l’antisémitisme. Celui-ci avait été développé par le dictateur général Ion Antonescu, 280000 à 300000 juifs furent assassinés pendant la guerre dans le pays. Alexandru Jar, membre du Parti ouvrier roumain (POR) exerça des responsabilités au Ministère de l’Intérieur. Il se remaria avec une danseuse étoile de l’Opéra d’État Alexandra Tschiltske. Il se consacra à l’écriture et à la poésie, exaltera la figure de Golda Bancic, prénommée désormais Olga, prénom qui résonnait russe et non juif comme Golda.
Il manifesta quelques velléités. De retour d’un voyage en URSS en décembre 1952, Alexandru Jar exprima « son mécontentement sur ce qu’il avait vu ». Il renonça à écrire un livre d’indépendance d’esprit. Á la suite du XXe congrès du Parti communiste de l’Union Soviétique, il s’exprima dans une interview à la une de Gazeta literara, protestant contre « la falsification idyllique de la vie. »
Il réitéra ses critiques en mai 1956, en présence de Gheorghe Gheorghiu-Dej, secrétaire général du POR, lors d’une réunion du Rayon IV Staline. Il déclara qu’en matière de littérature : « Depuis des années les hommes, membre du parti, pensent de moins en moins. » Les bureaucrates communistes sonneront la charge. Alexandru Jar aura droit à des attaques en règle, il sera exclu de l’Union des écrivains et du Parti ouvrier. Il traversa une longue traversée du désert jusqu’à la fin de l’année 1966 où sa surveillance policière très pesante a été levée. Il écrivit abondamment jusqu’à sa mort en 1988. Quant à la fille de Golda Bancic et de Jacob Salomon, elle se fit prénommée Dolly, elle rejoignit Israël après la chute des régimes communistes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article195570, notice SALOMON Jacob [Pseudonyme : Alexandru JAR, dit DUBOIS] par Daniel Grason, version mise en ligne le 21 septembre 2017, dernière modification le 6 octobre 2019.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 2298. – Boris Holban, Testament, Calman-Lévy, 1989. – Gavin Bowd, La France et la Roumanie communiste, L’Harmattan, 2008.

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