CIMERMAN Jankiel [écrit parfois CYMERMAN]

Par Daniel Grason

Né le 30 juin 1902 à Minsk (Pologne, Ukraine), mort en 1943 à Auschwitz (Pologne) ; fourreur ; socialiste ; militant sioniste ; membre d’associations de Secours mutuels ; déporté.

Fils de Pinkus et de Cypora, née Gutman, Jankiel Cymerman, était veuf, père de deux enfants, il vivait depuis 1938 au 23 rue du Pont aux Choux à Paris (IIIe arr.). Deux policiers de la BS2 des Renseignements généraux l’arrêtèrent le 2 juillet 1943 alors qu’il se présentait en compagnie de Chil Frajlich au domicile de Mark 19 rue du Caire à Paris (IIe arr..), celui-ci était connu de la police comme un militant de la sous-section juive du Parti communiste. Jankiel Cymerman ne portait aucun d’objet ou document suspect.
Il était détenteur d’une carte d’identité d’étranger valable jusqu’au 6 février 1946. Une note des renseignements généraux datant de février 1941 le présentait comme « sioniste et membre de la Fédération de la Seine du Parti socialiste SFIO. » Il s’engagea le 28 août 1939 dans l’armée française, mais ne fut pas convoqué. Fourreur de profession, titulaire de l’Ausweis n° 10781, il travailla pour la maison Revillon Frères au 42 rue de la Boétie à Paris (VIIIe arr.). Il savait lire et écrire le français.
Interrogé dans les locaux des Renseignements généraux à la Préfecture de police, il lui fut demandé la raison pour laquelle il s’était présenté chez Mark. Il répondit : « J’ai rencontré un ami monsieur Frajlich, qui m’a demandé de l’accompagner chez Mark où il aller chercher des aiguilles. »
Concernant un quelconque engagement social ou politique, il répondit : « Avant la guerre, j’appartenais à différentes organisations de Secours Mutuel. Mais je n’ai jamais fait de politique. Je n’ai jamais eu d’armes ni de tracts en ma possession. »
Né en 1894 en Pologne, Chil Fralich ouvrier fourreur, n’avait aucun engagement politique, il connaissait Mark depuis 1933, travailla chez lui comme tricoteur. Questionné par les policiers sur son engagement politique, il affirma : « Je n’ai jamais été à un parti politique. Je puis vous dire que je suis anti-communiste. Je n’ai jamais eu d’armes ni de tracts en ma possession. » Il s’était rendu chez Mark pour des raisons professionnelles. Quant à Jankiel Cymerman c’était un « ami […] Nous avons travaillé ensemble dans la fourrure et dans le tricot. »
Internés au camp de Drancy sous le matricule 3208, Jankiel Cymerman et Chil Fralich, n° 3207 ont été déportés le 31 juillet 1943 dans le convoi n° 58 à destination d’Auschwitz (Pologne). Le convoi comptait mille déportés (hommes et femmes), 662 furent gazés à l’arrivée, 232 hommes et 106 femmes ont été sélectionnés. Quand l’armée Soviétique libéra le camp le 27 janvier 1945, il ne restait que 13 survivants dont 3 femmes.
La commission d’épuration de la police qui examina l’activité de Henri A… inspecteur des Renseignements généraux souligna qu’il avait arrêté Mayer List fusillé le 1er octobre 1943, Chil Frajlich et Jankiel Cymerman qui auraient été déportés en Allemagne. Moszek L.., agent et Chef de service allemand qui habitait le XXe arrondissement donna les noms des policiers français (une dizaine) qui travaillaient pour les allemands. Henri A… en faisait partie, il fut révoqué de la police le 19 février 1944.
Le 9 octobre 1985, une des rescapées Cyporka Cutnic apporta son témoignage à David Diamant, concernant Jankiel Cimerman, elle écrivit : « un militant sioniste qui avait un très bon comportement et qui partageait avec nous sa dernière bouchée ».
Au 17 rue Geoffroy-l’Asnier à Paris (IVe arr.) sur le mur des noms au Mémorial de la Shoah ont été gravés les noms de Jankiel Cymerman, orthographié Cimerman et Chil Fralich.

Il était le père de Abraham Cimerman, né en 1933, décédé en 2011 et de Chaim/Charles Cimerman, né en 1935 est toujours en vie en 2019.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article195588, notice CIMERMAN Jankiel [écrit parfois CYMERMAN] par Daniel Grason, version mise en ligne le 23 septembre 2017, dernière modification le 27 janvier 2019.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. Carton 14 rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 5 juillet 1943, BA 2298, GB 130, KB 1, 77W 3115. — David Diamant, Par-delà les barbelés, 1986. - Site internet CDJC. — Renseignement donnés par la famille.

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