BAGINSKI Esther [née BINDER]

Par Daniel Grason

Née le 24 février 1908 à Lancut, voïvodie des Basses-Carpates (Pologne), morte à une date inconnue ; couturière ; déportée le 31 juillet 1943 à Auschwitz (Pologne) ; rentrée de déportation ; militante de la Main d’Œuvre Immigrée (M.O.I.).

Esther Baginski en 1931.
Esther Baginski en 1931.

Fille de Lazare et de Laja, née Rebhun, Esther Binder vécut en Meurthe-et-Moselle où elle fit la connaissance de Berek Baginski. En 1929, le couple demeura dans le XXe arrondissement 20, rue de la Mare, 37 rue des Couronnes, puis 44 rue de Pixéricourt. Elle l’épousa le 6 août 1929 à Paris en mairie du XXe arrondissement. Le couple eut un enfant né le 3 janvier 1931 à Paris (IVe arr.), prénommé Gaston, il mourut le 7 mai 1931 à Paris (XXe arr.).
Le couple militait au sein de la sous-section juive du Parti communiste, et participait aux activités culturelles de l’organisation. Du fait de la politique de répression des forces policières à l’égard des juifs et des communistes, le couple décida de quitter leur domicile parisien.
Ils vécurent sous le nom de Bardini au 253 rue de Rosny à Montreuil-sous-Bois (Seine, Seine-Saint-Denis). Esther Baginski a été arrêtée par quatre inspecteurs de la BS2 à son domicile le 9 juillet 1943, fouillée, elle portait sur elle : deux cartes de viandes de juin de la mairie du XVIe arrondissement, trois cartes de pommes de terre de la mairie du XXe arrondissement, et une carte de matières grasses de juin de la mairie du XIXe arrondissement (non numérotée). Elle était inconnue des différents services de police. Elle était titulaire d’une carte d’identité d’étranger délivrée par la Préfecture de police revêtue de la mention « Juif » le 31 décembre 1941 et valable jusqu’au 31 décembre 1944.
Interrogée le 9 et 10 juillet dans les locaux des Brigades spéciales, elle fut interrogée sur ses relations et celles de son mari avec Alfred Bessermann. Elle affirma ne pas le connaître. Sur les différentes cartes d’alimentation, elle déclara que certaines avaient été achetées par son mari, d’autres délivrées régulièrement par la mairie du XIXe arrondissement.
Elle affirma qu’elle ne s’était jamais occupé de politique et n’avait jamais été adhérente du Parti communiste ni une organisation s’y rattachant. Il en était selon ses déclarations de même de son mari. Elle expliqua : « Craignant d’être envoyé dans un camp d’internement en tant qu’israélite, mon mari a fait l’acquisition de faux papiers. » Le couple avait quitté son logement du 94 rue de l’Ourcq dans le XIXe arrondissement pour Montreuil-sous-Bois. Le logement ne pouvant contenir tous leurs meubles, certains été stockés 70 rue Curial (XIXe arr.). Elle a été détenue dix jours dans les locaux des Brigades spéciales, puis huit jours au Dépôt.
Internée au camp de Drancy sous le matricule 3229, Esther Baginski a été déportée le 31 juillet 1943 dans le convoi n° 58 à destination d’Auschwitz (Pologne). Le convoi comptait mille déportés (hommes et femmes), 662 furent gazés à l’arrivée, 232 hommes et 106 femmes ont été sélectionnés. Quand l’armée Soviétique libéra le camp le 27 janvier 1945, il ne restait que treize survivants dont cinq femmes : Esther Baginski, Hadassa Tenenbaum, Rose Besserman, Genendel Goldsztajn ou Goldstein, et Rywka Gynberg, son mari Berek était parmi les rescapés. Esther fut prise en charge par la Croix-Rouge.
La commission d’épuration de la police d’un des inspecteurs de la BS2 qui arrêta Esther Baginski siégea le 22 décembre 1944, le camp d’extermination d’Auschwitz n’avait pas été libéré. Il en a été de même quand une commission rogatoire auditionna les victimes ou/et leurs familles le 19 mars 1945. Le greffier nota : « Ces deux personnes, connues de leur concierge, sous le nom de Bardini, ne sont plus reparues à leur domicile depuis leur arrestation et leur trace n’a pût être retrouvée dans les différents services de la Préfecture de police (Prisons et Fusillés). Il s’agit deux Israélites ».
Elle déposa le 28 novembre 1945 : « J’ai été arrêtée le 9 juillet 1943, à mon domicile illégal, par trois inspecteurs parmi lesquels je reconnais formellement R… et B… […] Au moment de mon arrestation et pendant mon séjour aux Brigades spéciales j’ai été giflée par R… et frappée de coups de poings et giflée par B…, mon troisième capteur ne m’a pas frappée, je ne l’ai vu que quelques instants. […] Je porte plainte contre B… et R… qui m’ont frappés. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article195602, notice BAGINSKI Esther [née BINDER] par Daniel Grason, version mise en ligne le 24 septembre 2017, dernière modification le 14 janvier 2020.

Par Daniel Grason

Esther Baginski en 1931.
Esther Baginski en 1931.
Esther Baginski 12 juillet 1943.
Esther Baginski 12 juillet 1943.

SOURCES : Arch. PPo. BA 2298, GB 130, KB 90, Ia 11, 77W 3112. – David Diamant, Par-delà les barbelés, 1986. – Site internet CDJC.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. Ia 11, GB 171.

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