PARRIER Jean-Marie, alias « AVIGNON » dans la clandestinité

Par André Balent

Né le 17 février 1922 à Montélimar (Drôme), mort le 28 mai 1944 en action de combat à La Parade (Lozère) ; employé ; réfractaire au STO ; résistant ; membre du maquis Bir Hakeim (Languedoc) de l’AS (Armée secrète)

Petit-fils d’Auguste Parrier, fils de Marius Parrier rt de Marie, Edmonde Brun, Jean-Marie Parrier se maria le 19 décembre 1942 à Malaucène (Vaucluse) avec Marthe Beynet. Il était domicilié avec sa femme dans cette localité, proche de la Drôme, au pied du versant nord du mont Ventoux. Il travaillait à la maison Astay & Pons de Caromb (Vaucluse). Son épouse travaillait comme bonne à l’hôtel de France à Carpentras (Vaucluse). Il avait une soeur, Paulette (1926-2013). Requis pour le STO, Jean-Marie Parrier demanda un passeport pour l’Allemagne à la préfecture du Rhône. Ce document lui fut délivré le 1er septembre 1943. Toutefois, il avait pris la décision de passer à la clandestinité. Il entra en contact avec les responsables de l’AS de Pont-Saint-Esprit (Gard) : Raoul Trintignant, Émile Marty et Maurice Aurelle). Ces derniers prenait en charge des réfractaires au STO du Gard et du Vaucluse (sur la rive opposée du Rhône). En contact avec le maquis Bir Kakeim (Voir Capel Jean) qui établit son nouveau cantonnement au mas de Terris (commune de Méjannes-le-Clap, Gard) dans le pays de la Cèze, non loin de Pont-Saint-Esprit, les responsables de l’AS de cette localité y dirigèrent les réfractaires. Parrier qui avait pris le pseudonyme de clandestinité d’ « Avignon » suivit cette filière.

Désormais, combattant du maquis Bir Hakeim, Jean-Marie Parrier suivit les pérégrinations de cette formation très mobile et participa aux combats dans laquelle elle fut engagée. Le 5 janvier 1944, Capel fit évacuer le mas Terris et les maquisards de Terris s’établirent au mas de la Sivardière (commune de Méjannes-le-Clap, Gard) en meilleur état. De là, ils effectuèrent d’audacieux coups de main. Leur présence fut dénoncée aux Allemands et le 26 janvier 1944 le groupe de Bir Hakeim se replia au mas de Serret dans la commune de Labastide-de-Virac (Ardèche), dans les Cévennes à proximité du Gard. Il s’y renforça et accéléra le rythme de ses coups de main. Mais le refuge du mas de Serret fut dénoncé et, le 27 février, les maquisards se réfugièrent, le 29, à 2 km, dans une maison abandonnée du hameau des Crottes. Ils furent accueillis et ravitaillés par les quinze habitants. Les Allemands de la 9e panzer SS Hohenstaufen surent la présence de Bir Hakeim aux Crottes. Les habitants refusèrent de partir lorsqu’il était temps. Ils refusèrent encore alors que les Allemands s’apprêtaient à attaquer le hameau le 2 mars 1944. Commandés par Capel, les maquisards purent quitter les Crottes sans trop de problèmes, mais les Allemands exécutèrent les quinze habitants du hameau âgés de quinze à soixante-treize ans (Voir Labastide-de-Virac, hameau des Crottes, (3 mars 1944)).

Au début du mois de mars 1944, les maquisards de Bir Hakeim se regroupèrent dans un mas abandonné et très isolé de la commune de Moissac-Vallée-Française (Lozère), la Picharlarié. Là dans les Cévennes, ils firent leur jonction avec deux autres formations de l’AS de maquis école du « comité de Saint-Jean » [-du-Gard] déjà installé dans les lieux (Voir Sauvebois Aimé) et la « Brigade Montaigne » (Voir Rouan François) cantonné dans la ferme voisine de Galabartès (commune de Saint-Gilbert-de-Calberte, Lozère). Les trois maquis fusionnèrent, absorbés, pour l’essentiel, par Bir Hakeim. Jean-Marie Parrier participa aux combats de la Vallée Française (7-42 avril 1944) livrés contre les forces d’occupation, en premier des éléments de la 9e Panzer Hohenstaufen. À la suite de cet épisode, Bir Hakeim se regroupa d’abord au Castanier (Sainte-Croix-Vallée-Française, Lozère) puis au château des Fons (Bassurels, Lozère) et enfin près du mont Aigoual au Grand Hôtel du Fangas (Valleraugue, Gard). Le 21 mai Jean-Marie Parrier participa depuis le Fangas à l’expédition à Meyrueis (Lozère) au chantier de jeunesse n° 19 afin de se procurer du ravitaillement, du matériel et tenter de recruter de nouveaux combattants. Pour son comportement pendant les combats, Parrier fut promu lieutenant du maquis.

Pendant la nuit du 25 au 26 mai, le Grand Hôtel repéré par l’aviation d’observation allemande fut menacé par une attaque conjointe de GMR et de Francs gardes de la Milice. Capel donna l’ordre de quitter les lieux pour opérer un nouveau regroupement à La Parade, sur la causse Méjean (Lozère). Les maquisards furent répartis en deux groupes. La colonne motorisée acheminait, équipements et ravitaillement alors que le reste des maquisards dont faisait partie Jean-Marie Parrier se rendit à La parade à pied. Pendant les deux jours de marche épuisante (26 et 27 mai) ils durent livrer quelques combats sporadiques contre les éléments collaborationnistes.

Le soir du 27 mai, ils arrivèrent enfin à La Parade. Le cantonnement fut établi au hameau de La Borie autour du « château » Lapeyre et à l’intérieur de celui-ci. Au petit matin, les forces d’occupation (Allemands et Arméniens de l’Ost Legion) venues de Mende (Lozère) et mises au courant de la présence Bir Hakeim sur le causse Méjean encerclèrent La Parade. Les maquisards firent plusieurs tentatives de sortie. Parrier demeura dans le « château » jusque vers midi. Il participa alors à la tentative de sortie conduite par deux adjoints de Capel, Georges Valézi* alias « capitaine Brun » et Marcel de Roquemaurel*, en direction du cimetière et du bois du Bedos. Parrier franchit le premier le mur de pierres sèches qui l’abritait. Il fut fauché par une rafale d’arme automatique. Seuls René Fages alias « Bataille » et Pierre Damiani alias « Popeye » purent échapper à l’encerclement et furent les survivants de cette tentative de sortie.

Jean-Marie Parrier fut inhumé le 29 mai 1944 dans la fosse commune creusée dans le cimetière de La Parade. Identifié, à la suite de l’enquête dirigée par Anna Rousseau, secrétaire du CDL de la Lozère et épouse de l’une des victimes du combat de La Parade, son acte de décès fut consigné dans le registre de l’état civil de La Parade le 18 avril 1945.

Son nom fut inscrit sur le monument érigé à Mourèze (Hérault) en l’honneur des membres du maquis Bir Hakeim morts au combat ou fusillés. Il figure également sur le monument érigé à La Parade (commune de Hures-la Parade, Lozère) pour commémorer les morts du combat de La Parade et les prisonniers exécutés sommairement à Badaroux.
Voir La Parade (28 mai 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article195619, notice PARRIER Jean-Marie, alias « AVIGNON » dans la clandestinité par André Balent, version mise en ligne le 25 septembre 2017, dernière modification le 29 mars 2021.

Par André Balent

SOURCES : Arch. dép. Vaucluse 4 W 9488 (recensement des crimes de guerre). — Association pour des études sur la Résistance intérieure (AERI), Association départementale des Anciens de la Résistance de Lozère, ANACR Lozère, La Résistance en Lozère, CDROM accompagné d’un livret, 27 p., Paris, 2006. — Éveline & Yvan Brès, Un maquis d’antifascistes allemands en France (1942-1944), Montpellier, Les Presses du Languedoc / Max Chaleil Éditeur, 1987, 350 p. [p.245]. — Site MemorialGenWeb consulté le 25 septembre 2017 — Courriel de Marie-France Catel, née Segura. fille de Paulette Parrier, nièce de Jean-Marie Parrier, 28 mars 2021.

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