CRÉGUT Aimé, Clovis, Alfred

Par André Balent, Jean-Louis Ponnavoy

Né le 5 janvier 1909 à Génolhac (Gard), exécuté sommairement le 12 juillet 1944 à Servas (Gard) ; ouvrier de la SNCF ; résistant (MUR, AS) du Gard.

Aimé Crégut (1909-1944)
Aimé Crégut (1909-1944)
Archives Aimé Vielzeuf* DR

Aimé Crégut était le fils de Clovis, Émile et de Louise, Marie Rousseau. Il se maria le 9 juillet 1938 à Génolhac avec Alice, Cyprienne, Marie Marteau, décédée le 18 septembre 1943, dont il avait eu un fils et une fille. Il demeurait à Alès (Gard).
Il fit son service militaire du 15 octobre 1929 au 15 octobre 1930 et entra comme ouvrier au PLM (réseau constitutif de la SNCF, le 1er janvier 1938) le 1er février 1937 au dépôt d’Alès.

Il fut mobilisé le 10 avril 1940 et démobilisé le 8 juillet puis entra dans la Résistance en 1943 (le 1er juin lors de la reconstitution de "carrière"). Dans son dossier des AVCC (SHD, Caen) on trouve une fiche manuscrite provenant de la 5e région militaire (Montpellier) et datée du 25 juillet 1962. Elle indique de façon erronée qu’Aimé Crégut fut rattaché aux Francs-tireurs et partisans français (FTPF) du 1er janvier 1943 au 6 juillet 1944. De fait, dans le même dossier des archives du SHD de Caen, un certificat daté du 16 octobre 1944 et signé par Michel Bruguier alias commandant Audibert chef des FFI du Gard, était un un "militant de l’Action ouvrière [AO] du MLN [MUR]". De fait, il participa à la création et à la direction du corps-franc de l’AS des MUR du dépôt SNCF d’Alès — mais l’AO et l’AS étaient deux branches des MUR qui, dans dans la R3, se confondirent parfois ; l’AO participa, comme l’AS, à des actions armées — (Voir aussi : Juchs Gilbert, Pantel Marcel, Pasquier Sully). Audibert écrivit dans cette attestation que Crégut "militant généreux (...) modèle de calme courage, de mesure et et de sang-froid ne dissociait pas la cause de la France de la cause de la révolution". Cet engagement dans les rangs de l’AS est confirmé par toutes les sources locales, écrites et orales. Il assura à ce titre plusieurs sabotages de voies ferrées, de lignes électriques, à la destruction de 8 locomotives à Lézan, 5 à Anduze, 11 en gare de Saint-Julien-des-Fumades (commune de Saint-Julien-de-Cassagnas, Gard) et de deux châteaux d’eau à Alès et Lézan.

Crégut fut homologué au grade de capitaine des Forces françaises de l’Intérieur (FFI), là compter du 30 juin 1944 par Michel Bruguier, commandant Audibert, chef départemental FFI du Gard. Il fut arrêté sur son lieu de travail au dépôt des machines d’Alès le 6 juillet 1944, par un Allemand, vraisemblablement membre du groupe de la 8e compagnie Brandebourg (la "bande des Parisiens" ou "bande à Harry") arrivée à Alès en mai. Il fut en tout cas incarcéré au fort Vauban, interrogé et torturé sans rien livrer par ces hommes que l’on désignait comme des Waffen SS : "il supporta les pires supplices [des Waffen SS] plutôt que de livrer les noms de ses compagnons" écrivit Bruguier / Audibert dans l’attestation citée ci-dessus. Il fut exécuté d’une balle dans la nuque le 12 juillet. Son corps mutilé fut jeté avec d’autres dans le puits de Célas. Le 12 septembre 1944, 31 corps déchiquetés dont celui d’Aimé Crégut, furent retrouvés dans le fond du puits de mine de Célas, à Servas (Gard), baignant dans l’eau. Il fut identifié le 16 septembre 1944 et son décès fut confirmé par jugement du Tribunal civil de Première instance d’Alès du 30 octobre 1944. Il fut transcrit à l’état civil de Servas le 10 novembre 1944.
Il fut inhumé dans le carré militaire du cimetière communal, à Alès.
Il obtint la mention "Mort pour la France" le 7 mars 1945 et le titre d’"Interné résistant" le 25 février 1953 ainsi que la Médaille de la Résistance à titre posthume.
Il fut en outre décoré de la Légion d’honneur à titre posthume. Son grade de capitaine fut confirmé par la commission nationale d’homologation le 20 octobre 1945 et il fut également homologué comme agent P2 et chargé de mission de 3e classe des Forces françaises combattantes (FFC) au grade de sous-lieutenant le 10 février 1948.
Son nom figure sur les monuments aux morts, à Alès et Génolhac, sur la plaque commémorative 1939-1945, à Alès, sur les plaques commémoratives SNCF à Alès et Nîmes et sur le monument commémoratif du puits de Célas, à Servas (Gard).

Voir Servas, Puits de Célas (9, 10, 27 juin 1944 ; 11, 12 juillet 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article195794, notice CRÉGUT Aimé, Clovis, Alfred par André Balent, Jean-Louis Ponnavoy, version mise en ligne le 4 octobre 2017, dernière modification le 28 juin 2019.

Par André Balent, Jean-Louis Ponnavoy

Aimé Crégut (1909-1944)
Aimé Crégut (1909-1944)
Archives Aimé Vielzeuf* DR

SOURCES : Arch. justice militaire, Tribunal militaire de Marseille jugement n°43/7136 du 15/02/1951, Affaire Richter Karl, Strieffler Ernst, X… et jugement n°654/8464 du 12/12/1952 François Carbone (rapport de gendarmerie du 21 janvier 1946). — AVCC dossiers Aimé Crégut, 21 P 110232 et 21 P 439533. — Hervé Barthélemy, Cédric Neveu, entrée "Crégut Aimé" in Thomas Fontaine (dir.), Cheminots victimes de la répression 1940-1945. Mémorial, Paris, Perrin, SNCF, 2017, p. 432.. — Claude Émerique, Laurent Pichon, Fabrice Sugier, Monique Vézilier (dir.), La Résistance dans le Gard, Paris, Association pour des Études sur la Résistance intérieure (AERI), 2009, CDROM avec un livret de présentation, 36 p. — Fabrice Sugier, Monique Vézilier, Le Gard dans la guerre 1939-1945, préface de Jean-Marie Guillon, Clermont-Ferrand, De Borée, 2017, 452 p. [p. 316, 319, 352]. — Mémorial GenWeb. — note Jean-Marie Guillon. — État civil (jugement du tribunal).

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