CAVROIS Joseph, Jean, Baptiste

Par Frédéric Stévenot

Né le 3 mars 1896 à Arras (Pas-de-Calais), mort en déportation le 15 avril 1945 à Flossenbürg (Allemagne) ; communiste, syndicaliste cheminot unitaire (CGTU) de l’Aisne ; résistant ; déporté.

Fils d’Ildephonse Charles Cavrois, chauffeur, 29 ans, né à Arras où il habita (7, rue des Trois-Filloires), et de Marie Louise Delleward, son épouse, 29 ans, Joseph Cavrois se maria avec Marthe Marie Dussart, avec qui il eut un enfant.

Il fut serrurier à Amiens lors de son incorporation en 1915. Son père était déjà mort à cette époque, et sa mère était à Arras, au 13 rue de la Fourche.

Joseph Cavrois fut appelé au 33e régiment d’infanterie le 25 mai 1915, et fut versé dans la 26e compagnie. Il fut encore affecté au 129e RI, le 29 avril 1916, puis au 172e RI le 6 octobre suivant (CM 3). Nommé caporal le 20 avril 1918, sa conduite suscita des éloges de la part des autorités militaires, dont il obtint quatre citations (transcription fidèle du registre matricule).
— cité l’ordre du 172e RI n° 554 le 3/4/1917 : « le 27 mars 1917 à assuré avec calme et sang-froid le transport et le service de sa pièce sous un violent feu de mousquetrie ennemie. Soldat très brave et dévoué » ;
— cité à l’ordre de l’ID, n° 97, le 22 avril 1918 : « Le 13 avril 1918, pendant un bombardement par obus de gros calibre d’une grande violence à desserré trois de ses camarades ensevelis par un projectile, faisant preuve en la circonstance d’un sang froid et d’une énergie remarquables ; Très bon soldat, d’une bravoure et d’un dévouement incomparables » ;
— cité à l’ordre de la 127e ID n° 236 du 17/08/1918 : « Le 1er août 1918 à mis sa pièce en batterie sur une position avancée violamment battu par l’artillerie et les mitrailleuses ennemies. N’a pas quitté sa position malgré la violence du bombardement et à contribué à repousser des contres attaques ennemis. Caporal d’une énergie remarquable. Cité deux fois » ;
— cité à l’ordre de la l’ID. 127 n° 197 du 8 sept. 1918 : « Le 27 août 1918 s’est porté cranement à la position que son chef de section lui avait assignée malgré un bombardement très violent et le feu de nombreuses mitrailleuses ».

Blessé par balle à la jambe droite (plaie en séton au tiers inférieur), le 16 octobre 1918 à Maison-Blanche (commune de Barenton-Bugny, Aisne, au nord de Laon, sur la route de Maubeuge), il fut pris en charge par l’ambulance 2/72, avant d’être évacué vers l’hôpital Broussais, à Nantes-Doulon, le 19 octobre, d’où il sortit le 7 décembre. Il fut décoré de la croix de guerre avec une étoile de bronze et trois étoiles d’argent. La médaille militaire lui fut attribué par décret du 8/11/1929. JO du 14 nov. 1929.
Rentré de convalescence le 6 janvier 1919, il fut mis à disposition du Réseau du Nord en tant qu’affecté spécial, comme ouvrier monteur à Lens, du 17 février au 15 juin 1927. Démobilisé le 13 octobre 1919, il se déclara se retirer à Arras, au 15bis rue des Trois-Filloires. Le 12 septembre 1927, il s’établit à Avion, au 94 rue du Bonnier. Et il arriva à Laon le 18 mars 1930, d’abord dans le quartier de Vaux-sous-Laon, puis au 27 rue Turpin dans la cité du Nord, et enfin au 7 rue Jumeaux, près des Épinettes.

Ouvrier monteur à la Compagnie des chemins de fer du Nord, Joseph Cavrois était en 1933, secrétaire du syndicat CGTU des cheminots de Laon (Aisne). Élu le 2 juin délégué au congrès mondial des jeunes contre la guerre qui devait se tenir à Paris le 5 août 1933, il restait à recueillir l’argent nécessaire aux frais de voyage. Il fut présenté par le PC comme candidat communiste aux élections cantonales dans le canton de Marle, en octobre 1934.

Son activité au sein du parti communiste et de la CGTU explique sa révocation de la S.N.C.F. du 18 juillet 1941. D’après les renseignements généraux, il semble avoir conservé pendant la guerre une très grande influence au sein des milieux ouvriers et cheminots en particulier, mais ne « semble plus faire preuve d’activité politique et syndicale ». Son loyalisme à l’égard de Pétain paraît « douteux », et son soutien à la politique gouvernementale « très incertaine ».

Arrêté le 3 août 1944, il fut incarcéré à Royallieu avant d’être rapidement déporté par le convoi I.265 qui partit de Compiègne le 17 août vers le camp de Buchenwald. Joseph Cavrois (matricule 80 939) fut affecté à 80 kilomètres de là, à Mühlhausen (ou « Martha »), dans un kommando créé en avril 1944, où les détenus travaillaient pour Junkers à la fabrication de fuselages et de pièces de gouvernes d’avions. Il fut ensuite déplacé à Flossenbürg, où il mourut le 15 avril 1945, avant même que le camp soit évacué à l’approche des troupes alliées.

Un monument commémoratif a été érigé à Laon, dans la cité des Cheminots :
« À la
Mémoire
de
Joseph CAVROIS
Héros de la Résistance
Mort en Déportation
1896-1945 ».

Le nom de Joseph Cavrois, « Mort pour la France », a été attribué à l’une des rues de la Cité des Cheminots, à Laon ; il figure sur le monument aux déportés du même quartier et sur la plaque commémorative de la gare.
L’arrêté du 2 octobre 2007 du secrétaire d’État à la Défense, chargé des Anciens Combattants, autorise l’apposition de la mention « Mort en déportation » sur les actes et jugements déclaratifs de décès concernant Joseph Cavrois

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article1958, notice CAVROIS Joseph, Jean, Baptiste par Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 27 décembre 2015.

Par Frédéric Stévenot

SOURCES : Arch. dép. Pas-de-Calais (état civil d’Arras, 3 E 041/419 ; registre matricule, 1 R 7200-644). Arch. dép. Aisne, 11 468, 1 M 21. Arch. Nat. F7/13030, rapport du 2 juin 1933. — L’Exploité, 15 septembre 1934. — Site Internet : Fondation pour la mémoire de la Déportation ; Légifrance. – Monument commémoratif, Laon.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable