JAMET Jean, Louis

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Né le 24 juin 1908 à Lanvénégen (Morbihan), exécuté sommairement le 29 juillet 1944 à Pluméliau (Morbihan) ; lieutenant de gendarmerie ; réseau Action ; FFI.

Jean Jamet
Jean Jamet
SOURCE : René Le Guénic,
Morbihan, Mémorial de la Résistance

Jean Jamet était le fils de Louis Jamet et d’Hélène Hellegouarch, cultivateurs à Kerboher en Lanvénégen (Morbihan). Novice à l’abbaye Notre-Dame de Langonnet, il avait renoncé à entrer dans les ordres et avait intégré la Garde républicaine en 1930. Il avait épousé le 26 septembre 1931 Marie Joséphine Jardela. Admis en 1936 à l’école des officiers de gendarmerie, élevé au grade de sous-lieutenant en 1937, il avait été affecté en 1938 au commandement de la section de gendarmerie de Quimperlé (Finistère), où le couple était domicilié.

Lors de la mobilisation de septembre 1939, il fut muté à la Prévôté de la 51e division d’infanterie sur les frontières du Nord-Est et promu lieutenant en octobre 1939. Fait prisonnier le 23 juin 1940 à Toul (Meurthe-et-Moselle), il fut libéré le 18 août 1940 en qualité de gendarme et il reprit ses fonctions à Quimperlé.

Maurice Guillaudot, chef de la Gendarmerie dans le Morbihan, qui avait mis en place au sein de la gendarmerie un réseau de renseignements au service du Bureau central de renseignements et d’action (BCRA) de la France libre et qui était devenu en octobre 1943 le chef de l’Armée secrète dans le Morbihan a mis Jean Jamet en relation avec Mathieu Donnart [pseudonyme dans la Résistance : Poussin], chef de Libération-Nord et des Forces françaises de l’intérieur (FFI) dans le Finistère. Ce dernier lui demanda d’effectuer des missions de liaison périlleuses en utilisant des véhicules de la gendarmerie.
Dans le même temps, la section de gendarmerie que commandait Jean Jamet à Quimperlé apportait son concours à la Feldgendarmerie lors de rafles de militants communistes et dans des opérations menées contre les Francs-tireurs et partisans français (FTPF) de Scaër (Finistère). En mai 1944, elle arrêta Jean-Louis Montfort, un jeune résistant qui avait abattu de trois balles de révolver un sergent allemand sur la route de Querrien (Finistère), et le livra à la Police allemande. Jean-Louis Montfort fut incarcéré à la prison du Bel-Air à Quimperlé où il fut interrogé et torturé. Emmené à Mellac (Finistère), il y fut exécuté sommairement le 12 mai 1944.

Le 27 juin 1944, Jean Jamet mit deux véhicules à disposition de Mathieu Donnart et il l’accompagna avec Claude Sendral [pseudonyme dans la Résistance : Huissier], agent du Bureau des opérations aériennes (BOA), au Guernion à Saint-Servant-sur-Oust (Morbihan), pour se rendre à un rendez-vous avec le colonel Bourgoin, qui commandait le 2e Régiment de chasseurs parachutistes de la France libre ou 4e SAS (Special Air Service), parachuté en Bretagne à partir du 6 juin 1944, et avec Paul Chenailler [pseudonyme dans la Résistance : colonel Morice], chef des FFI du Morbihan.
Le but de ce déplacement était aussi de récupérer des armes et du matériel, et de recruter des opérateurs radio. C’est ainsi que Robert Jourdren [Bob] François Loscun et René Philippeau firent partie du groupe de résistants qui prirent la route du retour vers Quimper (Finistère). Les véhicules de gendarmerie qui avaient évité les grands axes par mesure de sécurité furent arrêtés à un barrage allemand à Bubry (Morbihan). Le premier put passer mais le second, conduit par le gendarme Pierre Mourisset, fut intercepté et fouillé. Des armes et un poste émetteur furent découverts. Les passagers du véhicule, Jean Jamet, Mathieu Donnart, Claude Sendral, Robert Jourdren, François Loscun et René Philippeau furent arrêtés et emmenés à Pontivy (Morbihan). Ils y furent détenus dans l’École supérieure de jeunes filles transformée en prison et affreusement torturés par des miliciens dans une maison à l’écart de la ville.

Le 29 juillet 1944, les Allemands sortirent de leurs cellules de la prison de Pontivy :
- six FFI, Gustave Cléro, Mathieu Donnart, Jean-Louis Jamet, François Le Mouée, François Loscun, René Philippeau,
- et trois parachutistes SAS, Jacques Brouiller, Charles Flament, Georges Willard,
et ils les conduisirent au Rodu en Pluméliau (Morbihan) ou ils furent exécutés sur le bord de la route reliant Baud à Pontivy.

L’acte de décès numéro 83 dressé le 12 août 1944 en mairie de Pluméliau sur la déclaration de son père et transcrit en mairie de Lanvénégen le 26 août 1944, mentionne que Jean Jamet a été « tué à l’ennemi » le 29 juillet 1944 à 6 heures au Rodu en Pluméliau.

Jean Jamet a obtenu la mention « Mort pour la France », a été homologué FFI et FFC. Le titre d’Interné-résistant lui a été attribué à titre posthume. Il a été élevé à titre posthume au rang de Chevalier de la Légion d’honneur, décoré de la Croix de guerre 1939-1945 avec palme et de la Médaille de la Résistance française. La promotion 2015 de l’école de gendarmerie de Melun (Seine-et-Marne) en a fait son parrain et porte son nom.

Dans le Morbihan, le nom de Jean Jamet est inscrit sur le monument érigé en 1947 sur le lieu de son exécution au Rodu en Pluméliau, et sur la plaque des « Fusillés » du monument aux morts de Lanvénégen.
Dans le Finistère, son nom a été donné à la caserne de gendarmerie de Quimperlé et à une vedette de gendarmerie maritime de Brest.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article195877, notice JAMET Jean, Louis par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, version mise en ligne le 5 octobre 2017, dernière modification le 6 août 2021.

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Jean Jamet
Jean Jamet
SOURCE : René Le Guénic,
Morbihan, Mémorial de la Résistance
Sur le monument du Rodu en Pluméliau
Sur le monument du Rodu en Pluméliau
Sur le monument aux morts de Lanvénégen
Sur le monument aux morts de Lanvénégen
SOURCE :
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson

SOURCES : AVCC, Caen, AC 21 P 259 107. — SHD, Vincennes, GR 16 P 305681. — Ami entends-tu… (photo), Bulletin de liaison et d’information de l’ANACR-56, n° 109, 2e trimestre 1999. — Roger Leroux, Le Morbihan en guerre 1939-1945, Joseph Floch imprimeur éditeur à Mayenne, 1978. — René Le Guénic, Morbihan, Mémorial de la Résistance (photo), Imprimerie Basse Bretagne, Quéven, 2013. — Grégoire Kauffmann, Hôtel de Bretagne. Une famille française dans la guerre et l’épuration, Libres Champs, 2019. — Mémorial GenWeb. — État civil, Lanvénégen (acte de naissance et transcription de l’acte de décès) ; Pluméliau (acte de décès).

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