CHATAIGNÉ Jeannette [épouse GASCHARD]

Par Éric Belouet

Née le 16 avril 1937 à Saint-Sébastien-sur-Loire (Loire-Inférieure, aujourd’hui Loire-Atlantique), morte le 28 mars 2019 à Talairan (Aude) ; dactylo, secrétaire, puis exploitante agricole ; militante jociste de Loire-Atlantique, permanente de la JOCF (1959-1962) ; syndicaliste CFDT ; maire de Mayronnes (Aude) de 1995 à 2007.

Le Midi libre, 4 avril 2019.

Née d’un père cadre à l’usine Lefèvre-Utile (LU) [il était ami de guerre avec un patron] et d’une mère ménagère, tous deux catholiques pratiquants réguliers, sans engagement militant, Jeannette Chataigné était la cinquième de dix enfants (cinq sœurs et quatre frères).
Elle fréquenta l’école primaire privée, obtint le certificat d’études primaires, intégra une école professionnelle privée dont elle sortit avec un CAP de sténo-dactylo et commença à travailler en juillet 1953 comme dactylo-facturière dans l’entreprise de conserves alimentaires Cassegrain, à Nantes. Rapidement, des collègues de travail l’invitèrent à une réunion de la JOCF. Séduite par ce mouvement qui offrait notamment à l’employée de bureau qu’elle était la possibilité de nouer des liens amicaux avec des « filles de l’usine » et de se familiariser avec leurs conditions de travail, elle y adhéra et y milita activement, moins au niveau de sa commune de Saint-Sébastien-sur-Loire qu’au sein de son entreprise. La JOC avait en effet mis en place partout où elle le pouvait des groupes « action au travail », très actifs à Nantes. Jeannette Chataigné adhéra également à la CFTC.
Devenue militante de la fédération jociste de Nantes-Sud, chargée de développer les groupes « action au travail », elle fut sollicitée par le secrétariat général de la JOCF pour devenir permanente. Elle assuma cette fonction d’octobre 1959 à décembre 1962, avec, comme toutes les permanentes, la double responsabilité d’une zone géographique et d’une branche nationale. On lui confia ainsi le Centre-Ouest (Indre, Cher, Loiret, Loir-et-Cher, Indre-et-Loire) et la branche « pré-JOCF » (12-14 ans) dont elle assuma la responsabilité nationale. Au cours de cette période, elle participa également à la rédaction de la publication jociste Vivre.
Après son départ de la JOCF, Jeannette Chataigné retrouva un emploi de secrétaire à la Chambre de commerce et d’industrie de Nantes sans s’engager sur le plan militant, éprouvant le besoin de faire une pause après la période d’intense militantisme qu’elle venait de connaître. Elle se maria en 1966 à Roqueredonde avec Bernard Gaschard (9 juin 1935 à Nantes, 22 avril 2011 à Carrus, Mayronnes), agriculteur, et le couple eut quatre enfants (Jean-Baptiste, 1967 ; Claire, 1969 ; Jacques, 1971 ; Ève, 1972).
Son mari, fils de gendarme, s’était engagé à l’âge de dix-huit ans en Indochine mais il refusa de servir en Algérie. À son retour, il vécut plusieurs années au sein de la communauté de l’Arche, fondée par Lanza del Vasto pour diffuser l’enseignement de Gandhi, et devint un adepte de la non-violence. Il œuvra dans les bidonvilles de Marseille. Après son mariage, Jeannette Chataigné aida son mari à créer (achat en 1965) et à faire vivre une exploitation agricole de chevriers fromagers située à Mayronnes, un village de l’Aude comptant une cinquantaine d’habitants. La ferme en ruine et ses 20 hectares, se trouvaient au milieu d’un vaste territoire, propriété de Paco Rabanne. Bernard Gaschard, proche de José Bové, batailla pendant une dizaine d’années avec le couturier Paco Rabanne contre la spéculation et pour maintenir des terres incultes. Il fut expulsé de la ferme de Carrus puis réinstallé en 1971 avec la soutien du Comité d’action viticole et de nombreux militants. Les tribunaux finirent par reconnaître leurs droits.
Cette vie de femme agricultrice lui interdisant tout militantisme formalisé, Jeannette Chataigné s’efforça néanmoins d’engager plusieurs actions entre femmes d’éleveurs et mères de famille. Le couple lutta contre le nucléaire, dénonça les OGM en participant aux faucheurs volontaires. Elle fut également conseillère municipale de son village avant d’en être élue maire en 1995 et le resta jusqu’en 2007. Dans le cadre de cette fonction, elle adopta publiquement la position de désobéissance civile à la loi Debré en 1997 qui imposait des certificats d’hébergement pour les immigrés. Non encartée, elle se disait en 1997 « clairement à gauche et sympathisante socialiste ».
Jeannette Chataigné prit sa retraite professionnelle en 1997, son mari et elle ayant laissé peu de temps auparavant leur exploitation à leurs deux enfants aînés.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19588, notice CHATAIGNÉ Jeannette [épouse GASCHARD] par Éric Belouet, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 23 mai 2021.

Par Éric Belouet

Le Midi libre, 4 avril 2019.
Jeannette Chataigné en 1953.
Pierre Gaschard

SOURCES : Arch. JOCF (Arch. Dép. Hauts-de-Seine), 4C1-3. — Témoignage de l’intéressée, mars 1997. — Le Midi libre, 4 avril 2019. — Renseignements fournis par Pierre Chataigné, frère cadet de Jeannette. — Communiqué de l’AFP du 25 avril 2011.

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