RYMLAND Gita née LEDERMANN

Par Daniel Grason

Née le 24 mars 1909 à Brest-Litovsk devenue Brest-sur-Bug (Pologne, Union Soviétique, Biélorussie), morte en 1943 à Auschwitz (Pologne) ; mécanicienne dans la confection ; communiste, militante de la Main d’œuvre immigrée ; résistante.

Fille de Slroul et de Malka, née Tenenbaum, Gita Rymland épousa Rymland. Le couple était sans enfant, elle arriva en France venant de Pologne en 1935. Titulaire d’une carte d’identité d’étranger délivrée par la préfecture de police le 14 novembre 1939 valable jusqu’au 14 novembre 1943.
Elle a été arrêtée le 5 juillet 1943 vers 21 heures alors qu’elle se présentait au domicile d’Ephraïm Lipcer. Celui-ci était arrêté depuis le 2 juillet, des inspecteurs de police avaient tendu une souricière à son domicile. Gita Rymland présenta une carte d’identité au nom de Gisèle Rimbaud revêtu de sa photographie, le document s’avéra faux. Domicilié 46 avenue Jean-Jaurès à Pantin (Seine, Seine-Saint-Denis), elle habitait en fait chez monsieur Magnani au 93 boulevard Mc Donald à Paris (XIXe arr.).
Son logement fut perquisitionné en présence de la concierge de l’immeuble, les policiers saisissaient : une carte d’identité d’étranger à son nom, une carte d’alimentation au nom de Rymbaud, une carte de textile, trois louis d’or de vingt francs, et une somme de mille six cents francs. Gita Rymland était inconnue des différents services policiers.
Interrogé sur la raison pour laquelle elle se présenta au domicile d’Ephraïm Lipcer, elle déclara qu’elle était venue voir sa femme Germaine qu’elle connaissait depuis cinq ou six ans. Elle venait lui demander qu’elle l’aide à confectionner une robe. Elle déclara : « J’ignorais tout de l’activité communiste clandestine de monsieur Lipcer que je connais très peu. » Elle n’ignorait pas qu’avant la guerre à la Presse Nouvelle [Naïe Presse]. Elle affirma : « Je ne savais pas que son mari était membre de l’organisation clandestine. Je répète que je ne me suis jamais occupée de politique. » Comment s’était-elle procurée sa fausse carte d’identité ? Elle l’acheta à monsieur Biner, un juif polonais à qui elle versa mille francs. Elle utilisa cette pièce d’identité pour rendre visite à son mari interné à Pithiviers dans le Loiret.
Gnisia Lipcer épouse d’Ephraïm donna une note différente aux déclarations de Gita Rymland : « Je connais madame Lederman Gita [épouse Rymland] depuis cinq ou six ans, elle travaillait avec une de mes amies Annette. Je sais que son mari travaillait à la Presse Nouvelle [Naïe Presse]. Quand je suis allé chez elle 93 boulevard Mc Donald elle m’a dit qu’elle s’occupait de colis pour le Parti. Elle m’a demandé avec qui j’étais en liaison et ce que je faisais, elle a paru étonnée que je ne m’occupe de rien. Elle savait que mon mari était membre de l’organisation. Elle ne travaillait plus depuis un certain temps. »
Gita Rymland réfuta ces propos : « Il est parfaitement exact que mon mari travaillait à la Presse Nouvelle. Mais j’affirme que je n’ai jamais parlé d’aucune organisation avec madame Lipcer. Je ne m’occupe pas de colis pour le Parti dont j’ignore l’existence. Je ne savais pas que son mari était membre de l’organisation clandestine. Je répète que je ne me suis jamais occupée de politique. »
Gita Rymland garda tout au long de son interrogatoire la même position réitérant les mêmes propos à la fin de sa confrontation avec Lipcer et de son interrogatoire : « Je tiens à préciser à nouveau que je n’ai jamais fait de politique. J’ignorais tout de l’activité de monsieur Lipcer et je n’ai jamais été sollicitée pour entrer dans un parti. Je n’ai jamais eu d’armes ni de tracts en ma possession. » Au cours de son interrogatoire, elle fut probablement frappée.
Internée au camp de Drancy sous le matricule 3225, Gita Rymland a été déportée le 31 juillet 1943 dans le convoi n° 58 à destination d’Auschwitz (Pologne). Le convoi comptait mille déportés (hommes et femmes), 662 furent gazés à l’arrivée, 232 hommes et 106 femmes ont été sélectionnés. Quand l’armée Soviétique libéra le camp le 27 janvier 1945, il ne restait que treize survivants dont trois femmes : Genendel Goldsztajn, Esther Baginski, Hadassa Lerner née Tenenbaum et Rose Besserman.
Sur le mur des noms rue Geoffroy-l’Asnier au Mémorial de la Shoah a été gravé le nom de Gita Rymland. Elle a été homologuée Déportée internée résistante (DIR).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article195927, notice RYMLAND Gita née LEDERMANN par Daniel Grason, version mise en ligne le 7 octobre 2017, dernière modification le 6 octobre 2019.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 2298, Carton 14 rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 12 juillet 1943, GB 130. – Bureau Résistance GR 16 P 351771. – Site internet CDJC.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable