LE BAIL Jules, Marie

Par Raymond Juin

Né le 28 juillet 1923 à Pénestin (Morbihan), mort le 8 décembre 2002 à Savenay (Loire-Atlantique) ; ajusteur ; militant JOC ; syndicaliste CFTC puis CFDT, secrétaire de la section syndicale de la Raffinerie française des pétroles de l’Atlantique de Donges (Loire-Atlantique), membre du bureau national de la Fédération des industries chimiques (1956-1966) ; membre du PSU.

Jules Le Bail en 1965.

Fils d’un marin athée et d’une mère catholique très pratiquante qui eurent deux fils, Jules Le Bail accomplit sa scolarité primaire à Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) et son apprentissage au centre de formation des chantiers navals de cette ville. Il obtint le CAP d’ajusteur en 1939. La même année, son père décéda accidentellement et, au début de la guerre, sa mère se réfugia à Pénestin (Morbihan) avec ses deux enfants. Durant ce séjour Jules Le Bail vécut de petits « boulots » dans le bâtiment.

Il revint avec sa famille à Saint-Nazaire en 1946, sa mère entra alors aux Chantiers navals comme femme de ménage. En 1947, Jules Le Bail fut embauché comme ajusteur aux Ateliers de Saint-Denis à Saint-Nazaire, après un court passage à la Société nationale de construction aéronautique du sud-ouest (SNCASO). En 1948, il épousa Paulette Ruaux dont il allait avoir quatre enfants : Bernard, Michel, Claude et Jacques.

En 1951, il entra comme ajusteur à l’atelier d’entretien de la Raffinerie française des pétroles de l’Atlantique (RFPA) qui, en 1955, devint ANTAR PA puis par la suite ELF et enfin TOTAL. Il rejoignit aussitôt la section syndicale CFTC des ouvriers qui comptait peu d’adhérents, comparativement à celle des employés, techniciens et agents de maîtrise (ETAM). En 1952, il fut élu délégué du personnel. Dès 1954, il devint le leader incontesté de la section syndicale unique qui regroupait les ouvriers et les ETAM, section rattachée au syndicat de la chimie de Donges. En 1968, après trois semaines de grève, le volet « droit syndical » de l’accord de fin de conflit négocié avec la direction générale offrait aux organisations syndicales la possibilité de mandater des délégués syndicaux permanents. À la demande de sa section syndicale, Jules Le Bail accepta cette responsabilité qui lui permit de développer la CFDT plus efficacement que dans son emploi de travailleur posté en 3x8. Autour des années 1970, il milita avec succès pour la révision des classifications des ouvriers au sein de la convention collective de l’industrie du pétrole. Dans cette période, il joua aussi un rôle déterminant dans l’organisation de plusieurs grèves tendant à contrecarrer les préconisations des cabinets d’audit qui se succédèrent dans l’objectif de réduire drastiquement les effectifs. Elles étaient le signe avant-coureur d’un recours massif à l’intérim et à la sous-traitance, prélude à l’absorption d’ANTAR par ELF en 1978.

Au bureau national de la Fédération des industries chimiques (FIC), il milita pour la transformation de la CFTC en CFDT. Ancien militant jociste et membre de l’Action catholique ouvrière, il adhérait à l’idée que le caractère laïque de son syndicat ne pouvait que clarifier la nature de l’adhésion et le sens de l’action sociale. Il entraîna l’adhésion totale de la section de la raffinerie qui regroupait 33 % des salariés et qui récupéra à cette occasion vingt-neuf adhérents supplémentaires.

Jules Le Bail donna très tôt une dimension interprofessionnelle à son activité syndicale. De 1955 à 1962, il fut élu administrateur de la Caisse primaire d’assurance-maladie de Saint-Nazaire, sur la liste CFTC conduite par Nestor Rombeaut. Au début des années soixante, il contribua, avec Jacques Lorec et Pierre Fabry, à la mise en place des sections locales interprofessionnelles CFDT de Savenay et de Donges, ainsi qu’à la création de sections syndicales dans les laiteries de Bouvron et de Campbon (Loire-Atlantique).

Après son départ à la retraite en 1980, il s’investit dans l’Union locale des retraités de la région nazairienne et siégea, de 1982 à 1988, avec Gilbert Declercq au Comité départemental des retraités et personnes âgées (CODERPA), organisme de consultation placé auprès du préfet.

Parallèlement à ses activités syndicales, il prit part aux actions de l’Association populaire familiale qui devint la Confédération du logement et du cadre de vie, dont son épouse fut une responsable très active à Savenay. Il fut également adhérent au PSU.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article195928, notice LE BAIL Jules, Marie par Raymond Juin, version mise en ligne le 7 octobre 2017, dernière modification le 28 octobre 2020.

Par Raymond Juin

Jules Le Bail en 1965.

SOURCES : Archives de l’UD-CFDT de Loire-Atlantique. – Archives de la FIC CFDT. – Archives personnelles de Raymond Juin. – Collectif, Un printemps sur l’estuaire. Saint-Nazaire : la CFDT au cœur des luttes (1945-1975), Centre d’histoire du travail de Nantes, 2005. – Entretien avec son fils, Bernard Le Bail, en 2016.

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