CHATARD Léon, Louis, Félix

Par Antoine Olivesi

Né le 12 mars 1890 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 24 janvier 1976 à Marseille ; mécanicien, militant socialiste SFIO conseiller municipal de Marseille (1919-1925).

Léon Chatard était le fils d’un coiffeur demeurant rue Crillon à Marseille. Ouvrier mécanicien, il milita de très bonne heure à l’aile gauche de la Fédération socialiste des Bouches-du-Rhône. Il était en relation étroite avec les milieux syndicalistes révolutionnaires et anarchistes de la ville. Il jouait, en effet comme acteur, dans la troupe du Théâtre Social, des pièces anti-militaristes en 1912. Chatard était également à la même époque, secrétaire de la Jeunesse Ferrer, membre du Comité Pro-Amnistia, et du groupe rationaliste « L’Avenir Social ». Le 16 mars 1912, il participa, à la Bibliothèque Socialiste, à la célébration de l’anniversaire de la Commune. Mutilé pendant la guerre de 1914-1918, il reprit, au lendemain de cette dernière, ses activités à la CGT et au Parti socialiste à Marseille où il était signalé comme « syndicaliste violent » en décembre 1918. Avant même la fin du conflit, du reste, Chatard avait publié des communiqués, souvent censurés, dans Le Petit Provençal, soit au nom de la « Jeunesse Ferrer », soit à celui de l’UL-CGT de Marseille, pour des appels à une syndicalisation massive (août 1918). Il s’était prononcé aussi en faveur de Malvy et pour la défense des mutilés à la même époque.
Le 12 septembre 1919, il fut arrêté au cours d’une manifestation sur la Canebière (voir Blanc Félix*) et inculpé d’outrages à agent. Dans une lettre adressée au préfet Thibon, il se plaignit d’avoir été violemment « passé à tabac » au poste de police, sans égards à sa situation de mutilé de guerre et déclara avoir fait constater ses blessures par le docteur Morucci*. Il ajouta qu’il donnait en conséquence sa démission de délégué aux commissions des magasins départementaux et à l’hygiène, délégation qu’il avait acceptée à la demande du précédent préfet, Lucien Saint.
Il faisait toujours preuve d’opinions avancées au sein du Parti socialiste unifié marseillais, se prononçant pour la guerre sociale, selon un rapport de police du 9 décembre 1918, et soutenant un moment la liste travailliste d’extrême-gauche pendant la campagne des élections législatives d’octobre 1919. Pourtant, un peu plus tard, en novembre, il se rallia à la majorité et fut élu, avec l’étiquette de syndicaliste, le 30, conseiller municipal sur la liste Flaissières. Il s’était d’abord prononcé pour la formation d’une liste uniquement composée de membres du Parti socialiste et de la CGT qui ne fut pas, finalement, constituée. Il devint donc le plus jeune des édiles marseillais et fut délégué aux affaires militaires. En 1920, il était membre du conseil d’administration de l’UCSO des Bouches-du-Rhône à la Bourse du Travail de Marseille.
En 1922, il semble qu’il ait eu l’intention de rejoindre le Parti communiste et présida, au mois de mai, une réunion du PC pendant les élections cantonales. Il resta finalement à la SFIO mais y représenta la minorité la plus avancée. C’est ainsi qu’en juin 1925, au congrès fédéral extraordinaire SFIO qui se tint à Marseille, il présenta une motion hostile à la politique de soutien des socialistes au gouvernement du Cartel des Gauches, mais elle fut repoussée. En décembre 1934, il se présenta comme socialiste indépendant d’unité ouvrière au conseil d’arrondissement dans le 9e canton et n’obtint que 163 voix. Il revint ensuite à la SFIO puisqu’il figurait comme membre de la 9e section en août 1935. En décembre 1936, il était président de l’amicale SFIO des petits commerçants, industriels et artisans. En octobre 1937, il fit partie du comité électoral de Léon Massias* candidat au conseil d’arrondissement dans le 9e canton.
Chatard, qui avait fondé l’association des mutilés auxiliaires et réformés de la guerre 1914-1918, qu’il présida, participa à diverses manifestations, en novembre 1925, par exemple, au sein du comité d’action des victimes de la guerre, et en avril 1934, avec les anciens combattants - il était alors président de la Fédération ouvrière et paysanne des victimes de la guerre - ainsi qu’en mars 1936.
Après la Seconde Guerre mondiale, il continua de militer au Parti socialiste et il était le doyen de la 8e section de Marseille lorsqu’il mourut à l’âge de quatre-vingt-six ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19594, notice CHATARD Léon, Louis, Félix par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 25 octobre 2008.

Par Antoine Olivesi

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, III M/48 ; IV M/18 ; V M2/245, rapport du 20 novembre 1919, et 282 ; M 6/3851, rapport du 8 décembre 1912 ; M 6/10 809, rapport du 9 mars 1936 ; M 6/10 820, rapport du 25 mars 1912 ; XIV M 25/48, rapport du 24 février 1913 ; XIV M 24/60 (rapport cité) et 61. — Arch. com. de Marseille, Listes électorales de 1919 et de 1935. — Le Petit Provençal, 18 mars 1912, 11 août 1918, 13 septembre, 1er et 11 décembre 1919, 29 juin 1925, 20 mars, 18 et 29 avril, 5 mai et 8 juin 1934, août 1935, décembre 1936, 5 octobre 1937. — Rouge-Midi, 8 décembre 1934. — Le Provençal, nécrologie et avis de décès, 25 janvier 1976. — Indicateur marseillais, 1920. — D. Moulinard, Le Parti communiste à Marseille... op. cit. — R. Bianco, Le Mouvement anarchiste à Marseille... op. cit.

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