CHATEAU Bernard, Charles, Jean

Par Didier Bigorgne

Né le 24 février 1933 à Monthermé (Ardennes) ; ajusteur-outilleur, puis moniteur d’atelier à la DASS ; syndicaliste et militant communiste, secrétaire fédéral de la Jeunesse communiste des Ardennes (1959-1961), secrétaire de la fédération des Ardennes du Parti communiste (1963-1970) ; maire adjoint de Bogny-sur-Meuse (Ardennes) de 1980 à 1983.

Fils d’Henri, Lucien Chateau, outilleur-ajusteur, et de Louise, Anna, Marie Hardy, ouvrière d’usine, Bernard Chateau était l’aîné de cinq enfants. La famille ayant été évacuée dans le département des Hautes-Pyrénées pendant la Seconde Guerre mondiale en raison de la mutation du père à l’Arsenal militaire de Tarbes, il accomplit ses études dans cette ville. Après avoir fréquenté l’école primaire, puis effectué deux années de préparation, il fut admis à l’École nationale professionnelle. Il interrompit ses études pour rentrer dans les Ardennes. La famille étant installée à Villers-Semeuse (Ardennes), il fréquenta d’abord le cours complémentaire de Mohon ; il entra ensuite au collège technique de Charleville pour préparer un CAP d’ajusteur qu’il réussit en 1950. Il débuta alors sa carrière professionnelle à l’usine Lefort à Mohon.

En 1954, Bernard Chateau fut incorporé pour effectuer son service militaire au Bourget, dans l’armée de l’Air. Il suivit l’école des mécaniciens ; il en sortit avec le brevet et le grade de sergent. Accusé de distributions de tracts contre la guerre d’Indochine et bien qu’ayant prouvé son innocence, il fut muté à la base aérienne de Tavaux (Jura). Libéré des obligations militaires en juillet 1955, il fut embauché à l’usine Mécaest de Mézières. Il adhéra au syndicat CGT des Métaux et créa une section syndicale au sein de l’entreprise. Rappelé sous les drapeaux pour partir en Afrique du Nord, il fut des quatre cents rappelés de l’armée de l’Air qui manifestèrent le 11 septembre 1955 en gare de Lyon à Paris ; ils immobilisèrent le train qui devait les conduire à Marseille. Finalement, Bernard Chateau prit la direction d’Oujda (Maroc) où il fut incorporé dans un camp de commando militaire. Il s’y distingua par une passivité et une indiscipline qui précipitèrent sa libération en décembre 1955.

Bernard Chateau fut influencé par les engagements de son père ; celui-ci avait été secrétaire du syndicat CGT de l’usine Malotte à Givet pendant les grèves de l’été 1936, il avait fait partie du réseau de résistance de l’Arsenal de Tarbes pendant la Seconde Guerre mondiale, il était conseiller municipal communiste de Villers-Semeuse dans les années 1950. Ainsi, Bernard Chateau adhéra au mouvement de la Jeunesse communiste des Ardennes lors de son congrès constitutif du 9 décembre 1956, puis au Parti communiste en mars 1957. Les mois qui suivirent furent déterminants dans sa vie militante. Secrétaire du cercle des Jeunesses communistes de Villers-Semeuse et membre du bureau départemental de la JC des Ardennes, il fut élu au comité fédéral du Parti communiste des Ardennes, le 2 juin 1957.

Il participa au 31e congrès national de la CGT à Ivry, du 16 au 21 juin 1957. Au mois d’août suivant, il fut le délégué de l’UD-CGT des Ardennes au 6e festival mondial de la Jeunesse démocratique à Moscou. Enfin, le 17 octobre 1957, après avoir organisé, en qualité de délégué syndical, un débrayage pour l’ouverture de négociations et la paix en Algérie à l’usine Mécaest, il fut licencié pour « propagande contre l’action française en Algérie ».

Bernard Chateau travailla alors quelques mois comme cantonnier à la ville de Villers-Semeuse dirigée par une municipalité communiste, avant de reprendre le chemin de l’usine. Embauché chez Deville à Charleville, il fut de nouveau licencié, non sans avoir constitué un comité de chômeurs. Il exerça ensuite son métier d’ajusteur-outilleur à l’usine Henry de Nouzonville, puis à La Macérienne à Mézières jusqu’en décembre 1962, date à laquelle il quitta son emploi pour devenir permanent de la Fédération des Ardennes du Parti communiste. Pendant ces années difficiles, Bernard Chateau ne renonça pas à ses convictions. Il continua le combat syndical et politique rural de Château-Porcien où il échoua au premier tour des élections municipales en recueillant 229 voix sur 2 619 inscrits et 1 827 votants. À partir de mars 1959, il occupa le poste de secrétaire fédéral de la JC des Ardennes, en remplacement de Jacky Mougenot parti au service militaire. Ce fut à ce titre qu’il assista au IIe congrès du mouvement de la Jeunesse communiste à Gennevilliers, du 27 au 29 novembre 1959. Enfin, il participa, du 24 au 28 juin 1959, au XVe congrès national du Parti communiste à Ivry. Le 31 juin suivant, il devint membre du bureau fédéral du Parti communiste des Ardennes.

Le 27 juin, Bernard Chateau fut promu secrétaire fédéral à l’organisation. Il exerça cette fonction jusqu’en janvier 1970. Après cette date, il siégea de nouveau au bureau fédéral et y demeura jusqu’en 1974. Entre-temps, il avait figuré sur la liste de son parti qui échoua aux élections municipales des 14 et 21 mars 1965 à Mézières. Il avait également fait partie de la délégation des jeunes cégétistes ardennais qui participèrent à la Marche de la Paix à Francfort-sur-le-Main (RFA) le dimanche de Pâques 1965.

Après avoir quitté son emploi de permanent de la Fédération des Ardennes du Parti communiste en 1974, Bernard Chateau entra à la société CIGCEM de Bogny-sur-Meuse. Il y travailla jusqu’à son licenciement le 3 janvier 1977. Il suivit alors les cours du soir et obtint le brevet professionnel de mécanicien d’usinage, ce qui lui permit d’être embauché, en qualité de moniteur d’atelier pour l’aide sociale à l’enfance, à la direction des Affaires sanitaires et sociales de Charleville-Mézières. Installé à Bogny-sur-Meuse depuis 1974, il y fut élu conseiller municipal sur une liste d’Union de la gauche qui remporta une victoire totale aux élections municipales des 14 et 21 mars 1977. Avec la mort du maire communiste Abel Decopons le 3 mai 1980, Bernard Chateau devint troisième adjoint au nouveau maire communiste Gérard Baudoin. Il occupa cette fonction jusqu’au scrutin de mars 1983 auquel il ne se représenta pas. Aux élections municipales de juin 1995, il conduisit la liste communiste qui échoua ; il fut toutefois élu conseiller municipal.

Bernard Chateau s’était marié le 1er juillet 1967 à Charleville-Mézières avec Josette, Élise Tristan, veilleuse de nuit qui devint infirmière ; le couple eut trois enfants. À la retraite depuis 1983, il est toujours membre du Parti communiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19596, notice CHATEAU Bernard, Charles, Jean par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 16 juin 2012.

Par Didier Bigorgne

SOURCES : Arch. comité national PCF. — L’Humanité-Dimanche, 1956-1971. — Nouvelles des Ardennes, 1971 à 1974. — La Vie ouvrière, 5 mai 1965. — Presse locale. — Témoignage de l’intéressé.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable