BERTRAND Eugène, Henri alias « Auguste », « commandant Marcel », « Tito ».

Par Jacques Brès, Laurent Pichon

Né le 26 septembre 1908 à Entraigues-sur-la-Sorgue (Vaucluse), mort sous la torture ou exécuté le 11 juillet 1944 à Servas (Gard) ; commerçant ; militant communiste ; résistant (PC clandestin, FTPF) du Gard.

Né à Entraigues, ses parents, François Bertrand et Jeanne Ogias, étaient commerçants à Marseille, la famille était de gauche, radicale.
Célibataire, militant communiste depuis 1934 à Marseille et ancien gérant de la Maison du Peuple, 181 rue Endoume, il fut arrêté et interné au fort Saint-Nicolas, en 1939, après la dissolution du Parti communiste. Il fut jugé en mars 1940 par le tribunal militaire de la XVe région pour activité communiste, mais, selon lui, pour des faits antérieurs à la dissolution. Il bénéficia probablement d’un non lieu. Mobilisé en 1939, il fut rendu à la vie civile en juillet 1940. Il partit de Marseille en septembre 1940 pour s’installer à Entraigues où son oncle, Laurent Bertrand, radical-socialiste et ami d’Édouard Daladier, était maire.
À partir de 1942, Eugène Bertrand et son cousin Max, sous couvert de la profession de commerçants en gros de fruits et légumes, participèrent à la reconstitution du parti communiste clandestin et au recrutement. Eugène Bertrand fut inquiété en mai 1942 car la lettre qu’il avait adressée au communiste Tamaillon fut interceptée par la direction de la Centre de Nîmes où celui-ci était incarcéré. Il prédisait que son camarade serait libéré avant Noël, la Maréchal perdant « chaque jour » de son prestige. Il se défendit en affirmant ne plus militer depuis la dissolution du PC, mais il admit avoir pris les tracts que Tamaillon lui portait avant d’être arrêté en mai 1941 et avoir une fois accepté de donner de l’argent pour la famille d’un communiste interné. Il aurait aussi admis avoir des relations avec Julien Marcellin, ancien secrétaire de la cellule de Monteux (Vaucluse), ancien candidat aux élections cantonales à Carpentras (Vaucluse). Il affirma avoir écrit la lettre interceptée à la demande de l’épouse de son camarade qui souhaitait avoir quelques informations sur les événements extérieurs. Désormais menacé, Eugène se réfugia à Bollène, tout en restant en contact avec Max. Connu par ses camarades comme Marcel de Marseille, il s’engagea, parmi les premiers, dans les Francs-tireurs et partisans français (FTPF). Il participa à des actions de sabotage et d’organisation de groupes de combats. Une fois dans la clandestinité totale, il prit le pseudonyme d’« Auguste ».

En octobre 1943, Eugène fut désigné par la direction régionale Drôme - Ardèche comme, commissaire régional aux effectifs et Max commissaire technique, le commissaire militaire était Marius Bonnet dit « Marcel ».
En mars 1944, Eugène et Max sont nommés aux mêmes fonctions à la direction Gard - Lozère. À partir d’avril, Max contribua à donner une structure militaire régulière aux maquis FTPF.

Le 3 juillet 1944, il fut arrêté par un homme de la 8e compagnie Brandebourg et par un milicien au restaurant de la place Florian à Alès, avec Barthélemy Ramier et Max. Max Bertrand parvint à s’échapper. Eugène, emprisonné et torturé à l’hôtel du Luxembourg où sévissait le groupe de la 8e compagnie Brandebourg, couramment désignés comme Waffen SS et connu comme "bande à Harry", fut fusillé le 11 juillet. Le site MemorialGenweb indique qu’il serait mort le 3 juillet, des suites des tortures qu’il subit. Dans les deux cas, son corps fut jeté dans le puits de Célas, son identification n’a pas été possible.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts d’Entraigues-sur-la-Sorgue, sur celui de Bollène, sur la stèle commémorative de Bollène érigée en hommage au groupe FTPF de Bollène La Croisière, sur le monument mémorial du puits de Célas à Servas. À Entraigues-sur-la Sorgue et à Marseille, dans le quartier Saint-Julien, une rue porte le nom d’Eugène Bertrand.

Commandant FFI à titre posthume, Eugène Bertrand dut décoré de la Croix de guerre avec étoile de vermeil, de la Croix de guerre avec étoile d’argent avec citation et attribution en date du 30 août 1947.

Voir Servas, Puits de Célas (9, 10, 27 juin 1944 ; 11, 12 juillet 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article195998, notice BERTRAND Eugène, Henri alias « Auguste », « commandant Marcel », « Tito ». par Jacques Brès, Laurent Pichon, version mise en ligne le 9 octobre 2017, dernière modification le 5 avril 2022.

Par Jacques Brès, Laurent Pichon

SOURCES : Arch. dép. Vaucluse 4 W 9488 (déposition du 18 mai 1942). ⎯ Arch. privées d’André Bruguerolle, résistant du Gard. — AERI, La Résistance dans le Gard, Paris, AERI, CDROM accompagné d’un livret d’accompagnement, 36 p. Paris, 2009. — Le Volontaire, organe des FFI Gard-Lozère, 2 novembre 1944. — Adrien Blès, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Marseille, Éditions Jeanne Laffitte, 2001. — Aimé Vielzeuf, Terreur en Cévennes, Nîmes, Le Camariguo, 1985. — Charles Monier, Bollène au temps où fumaient les usines, Bollène, Association Bollène Information Pluralisme, 2005. —Témoignages et documents sur la Résistance à Bollène et dans sa région (octobre 1940-août 1944), 50e anniversaire de la Libération. — Témoignages de : Bertrand Max, Bruguerolle André (documents). — Entretiens avec Mme Veuve Max Bertrand, Bruguerolle André, septembre 2008. — Site MemorialGenWeb,consulté le 9 octobre 2017. — Notes d’André Balent et de Jean-Marie Guillon.

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