GARDEBLED, Raymond, dit Trompe-la-mort, dit Georges dans la Résistance

Par Marianne Enckell

Né le 24 mars 1909 à Rosario de Santa Fé (Argentine), mort le 4 mai 2017 à Paris ; employé quincailler puis chauffeur ; volontaire en Espagne ; résistant.

Raymond Gardebled sur le front de Huesca, février 1937. DR
Raymond Gardebled sur le front de Huesca, février 1937. DR

Fils d’Emile Gardebled, militaire puis indépendant, et de Marie Barras, coloriste chez Pathé, Raymond Gardebled naquit en Argentine où ses parents avaient émigré en 1907. La famille revint en 1911 et se fixa à Paris. Après le certificat d’études, Raymond fit un apprentissage de quincailler, tout en pratiquant intensément la marche sportive. Appelé à l’armée, il parvint à se faire réformer définitivement après un mois.

Les manifestations pour Sacco et Vanzetti, puis les mouvements antifascistes le sensibilisèrent aux questions politiques. En janvier 1937 il arrivait à Barcelone ; déçu par la rencontre avec Fernand Fortin, il ne rejoignit pas une centurie française mais se fit enrôler dans la colonne Ascaso, composée essentiellement d’Italiens, et partit pour le front de Huesca le 10 janvier. Il fut notamment volontaire à la « mitrailleuse suisse », participa aux batailles de Santa Quiteria et de Carrascal de Huesca, où le chef du bataillon Antonio Cieri trouva la mort. Gardebled était l’un des porteurs à son enterrement, le 17 avril.

Mais la colonne Ascaso ayant refusé la militarisation, ses unités furent dissoutes et, plutôt que d’être enrôlé dans l’armée régulière, Raymond Gardebled décida de quitter le combat. Il fut toutefois consigné en caserne pendant les journées de mai 1937. Il resta encore deux mois en Espagne, travaillant comme ouvrier du bâtiment, avant de quitter le pays le 3 juillet. Il fut rapatrié sur le navire Iméréthie II de Barcelone à Marseille, avec bien d’autres miliciens.

Il avait tenu un journal pendant toute sa période au front, qui fut publié en partie beaucoup plus tard ; il avait aussi pris un grand nombre de photos et conservé des photographies où il figurait.

Il retourna bientôt à Paris où il trouva à s’embaucher. Le 14 novembre 1938, il épousa Gitla Leszcz, réfugiée juive polonaise sans statut ; leur premier fils naquit en juillet 1940. Ils habitèrent bientôt, pour plus de vingt ans, rue des Lyanes dans le XXe arrondissement.

Réquisitionné par le STO en janvier 1943, il obtint une permission en juillet et décida de ne pas y retourner. Ses sympathies allaient désormais au Parti communiste. Sa famille étant réfugiée en Eure-et-Loir, c’est là qu’il rejoignit la Résistance, dans les FTP. Avec le grade de sous-lieutenant FFI, il participa à la libération de Chartres en août 1944, puis fut affecté sur le front Atlantique.

Le 18 avril 1945, il fut gravement blessé à la Pointe de Grave. Après une longue convalescence, il fut démobilisé le 30 juin 1946, se réinstalla avec sa famille à Paris et s’engagea activement dans l’association d’anciens combattants de son arrondissement puis de l’ARAC, dont il fut trésorier de la Mutuelle. Il travailla comme chauffeur pour des entreprises ou des privés jusqu’à sa retraite en 1969.

Un deuxième fils était né en 1946. Ramond Gardebled se sépara de Gitla en 1964 et épousa sa compagne Claudine Kerrec en 1995. Il raconta ses mémoires à son petit-fils qui les publia en 2005.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article196134, notice GARDEBLED, Raymond, dit Trompe-la-mort, dit Georges dans la Résistance par Marianne Enckell, version mise en ligne le 13 octobre 2017, dernière modification le 14 août 2021.

Par Marianne Enckell

Raymond Gardebled sur le front de Huesca, février 1937. DR
Raymond Gardebled sur le front de Huesca, février 1937. DR

ŒUVRE : Trompe la mort, avec son petit-fils Rémi Gardebled, Bezons, éditions du Survenir, 2005.

SOURCES : Ouvrage cité. — Revue Uniformes 270, mai-juin 2010.

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