MAYENCE Gustave, David [Dictionnaire des anarchistes]

Par Rolf Dupuy, Dominique Petit

Né le 25 mai 1860 à Paris, mort le 31 janvier 1917 à Paris 18e. Ouvrier tapissier. Anarchiste parisien.

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

Il était le frère de Henri Mayence . Leur père, Abraham Mayence, était conducteur au chemin de fer du Nord.
Gustave Mayence vivait maritalement depuis 1885 avec Marie Le Troquer, avec laquelle il avait eu 3 enfants.
Il faisait partie de la classe 1880, tira au sort à Paris 18e, le n°12. Incorporé le 17 novembre 1881 au 23e régiment de ligne, il résida 2 ans à Saïgon et fut décoré de la médaille du Tonkin.
De 1886 à 1888, il travailla comme tapissier au Bon Marché dont il fut congédié pour « arrogance » et « manque d’aptitude ». A partir de cette époque, il travailla irrégulièrement, souvent sans ressources, il était régulièrement hors d’état de payer son loyer, ce qui lui valut plusieurs expulsions
En décembre 1886, il sollicita un emploi d’agent de police en Cochinchine. La même année, il était gérant d’une petite feuille littéraire et artistique, ayant pour titre Montmartre.
En mars 1889, il avait été arrêté, pour avoir molesté, à la sortie du conseil de prud’hommes, un patron qui avait obtenu gain de cause contre les membres de la Chambre syndicale des hommes de peine.
Mayence faisait partie du groupe anarchiste de Saint-Ouen quand il résidait dans cette localité, il fut ensuite membre des groupes des 17e et 18e arrondissements. Il était lié avec Charveron et Marchal.
Gustave Mayence qui demeurait 31 rue Cadet était le gérant du Père Peinard où en décembre 1890 il avait remplacé Faugoux condamné à 2 ans de prison. Il fut convoqué le 23 mars 1891 pour « provocation de militaires à la désobéissance », pour un article paru dans le Père Peinard, avec les compagnons de Saint Denis : Henri Decamps, Arthur Voyez, Nestor Ferrière, François Collion, Michel Bastard, François Pernin et Charles Galau. Il fut condamné fin avril à 6 mois de prison et 100 francs d’amende tandis que les compagnons de Saint Denis étaient acquittés. Il fut remplacé à la gérance du Père Peinard par G. Berthault. Le jugement fut cassé en mai 1891 pour vice de forme et Mayence fut rejugé à Versailles le 23 juillet où la peine de 6 mois et l’amende furent confirmées. Il fut interné à Sainte Pélagie.
Le 8 juin 1891, il avait fait partie de la manifestation qui vint au Sacré-Cœur de Montmartre, exhiber une couronne, portant l’inscription « Hommage à la Commune ». Cette manifestation dégénéra en bagarre et motiva plusieurs arrestations.
Le 15 septembre 1893, chez Pouget au Père Peinard, il proposa, à propos des fêtes franco-russes, des contre manifestations, pour protester contre l’idée de patrie. Le 18 septembre, il proposa de lancer sur la foule accourue pour voir les marins russes, des journaux et brochures anarchistes.
Le 15 mars 1894, le préfet de police délivrait un mandat de perquisition et d’amener à son encontre, pour association de malfaiteurs. Le 17 mars, le commissaire de police du quartier des Ternes, se rendait à 6 heures du matin, à son domicile 61 rue Sauffroy (XVIIème arr.) où il logeait au 4e étage, sur la cour, son logement se composant d’une anti-chambre, d’une cuisine, d’une salle à manger et d’une chambre à coucher. La perquisition amena la saisie d’un lot des journaux La Révolte , le Père Peinard, L’En Dehors, le Ca Ira, Le Faubourg, le Cri typographique, l’Attaque, le Conscrit, la Lutte pour la vie, l’Anarchie, le Chambard. Des brochures anarchistes, des chansons, des affiches non timbrées, trois notes écrites par Mayence et une adresse écrite au crayon sur un carnet trouvé dans la poche de son paletot, furent également saisis. Lors de la perquisition, il déclara : « il était temps que vous arriviez, car sans cela, j’allais partir à Londres ». Il fut conduit au Dépôt et incarcéré à Mazas le 18 mars 1894.
Le 22 mai Pol Martinet adressa une demande de mise en liberté au juge Meyer qui le libéra le 23 mai 1894.
Le 30 juin 1894, le préfet de police délivra un nouveau mandat d’amener, pour un motif identique.
Le 1er juillet à 4h40 du matin, le commissaire de police du quartier de la Plaine-Monceaux se présenta 29 rue Balagny, au 5e étage. La perquisition fut infructueuse, arrêté, il fut conduit au Dépôt et incarcéré à Mazas. Il en fut libéré le 5 juillet.
Il figurait sur l’état récapitulatif des anarchistes au 31 décembre 1894. Il demeurait 29 rue Baligny.
Le juge d’instruction Meyer rendit une ordonnance de non-lieu dans l’affaire d’association de malfaiteurs le 29 juin 1895.
Au printemps 1895 il travaillait pour un tapissier de la rue des Moines.
Le 30 juillet 1895, Gustave Mayence assistait à la réunion des Naturiens 69 rue Blanche.
Le 17 août 1895, il assistait à la réunion du groupe des Naturiens pour préparer un futur banquet.
A l’automne 1895 il avait pris la gérance du journal autographié La Nouvelle Humanité (numéro 1 du août 1895, dernier numéro 19/20 en décembre 1898. Le tirage était de 200 exemplaires) qui était distribué gratuitement à Montmartre et dont les principaux rédacteurs étaient Beaulieu, Zisly et Georges Marion.
Le 10 septembre 1895, à la réunion des Naturiens, Bariol distribuait des exemplaires de La Nouvelle humanité. Il demeurait encore 29 rue Balagny. Bariol fit la proposition de fondre le groupe des Naturiens avec le groupe allemaniste du XVIIe arrondissement. Mayence combattit cette proposition et fit remarquer que tous les possibilistes (les broussistes comme les allemanistes) professaient des théories opposées à celles des Naturiens.
Le 28 septembre 1895, il assistait au banquet des Naturiens au café des Artistes, 11 rue Lepic.
Le 8 octobre 1895, à la réunion des Naturiens, concernant le projet de statuts d’une colonie naturienne, Mayence estima qu’il n’y en avait pas besoin puisque les Naturiens se voulaient complètement libres.
Les 16 et 22 octobre 1895 et le 28 décembre 1895, il était présent à la réunion du groupe Naturien.
Le 14 janvier 1896, à la réunion des Naturiens, salle Bouju, 69 rue Blanche, Bariol annonçait qu’il avait envoyé tous les numéros déjà parus de La Nouvelle Humanité, au Ministère de l’intérieur qui lui avait demandé. Mayence, gérant du journal, voulait que l’on fasse payer au ministère les exemplaires qu’il avait réclamés. On lui fait remarquer que cela était impossible, ce dépôt étant exigé par la loi.
Le 21 janvier 1896, à la réunion des Naturiens de Montmartre, Mayence se déclara libertaire et combattit les théories naturiennes. Il préconisa l’emploi des machines : « Nous avons le progrès, il faut le conserver. »
Le 3 mars 1896, à la réunion des Naturiens de Montmartre, Beaulieu expliqua que les membres du groupe des Naturiens de la Bastille dont faisait partie Mayence, ne voulaient plus avoir de relations avec Bariol qui leur paraissait suspect.
Sur l’état des anarchistes, au 31 décembre 1896, son adresse était 16 rue Flocon.
Le 1er février 1898, Gustave Mayence fit paraître un courrier dans Le Libertaire, pour faire savoir qu’il n’avait rien de commun avec Raoul Mayence, dénonciateur de Mecislas Golberg.
Le 1er mars 1898 parut le Naturien, journal crée par Bigot avec ses économies, pour démontrer que l’idée naturienne était purement anarchiste. L’administration du journal se trouvait au domicile de Bigot, 14 rue des Ecouffes. Le n°4 et dernier numéro, parut le 1er juin 1898. Gustave Mayence était le gérant du journal.
Le 13 juin 1898, l’indicateur Legrand annonçait que Mayence s’insurgeait contre Beaulieu et Zisly qui faisaient dans La Nouvelle Humanité des articles « contre nature. »
Le 17 juin 1898, selon l’indicateur Legrand, Mayence déclarait à propos de la condamnation à mort d’Etiévant : « S’il a mouché des sergots, la faute en est aux jugeurs – surtout Bertulus – qui lui appliquèrent la relégation. » Mayence et Beaulieu étaient d’avis de laisser de côté les sujets de campagnes internationales, pour se consacrer au soutien d’Etiévant : « Parlons de choses qui se passent dans notre pays ».
Le 21 juin 1898, l’indicateur Legrand faisait savoir que Beaulieu espérait pouvoir trouver un gérant pour La Nouvelle Harmonie, désertée avec fracas par Gustave Mayence.
La Nouvelle Harmonie était publiée par le groupe Harmonie dont H. Beylie-Beaulieu était l’un des animateurs et qui se réunissait au café Harmonie, 69 rue Blanche. Il envisageait alors, selon l’indicateur Legrand (rapport du 21 juillet 1898) de collaborer à la nouvelle série du journal Le Pot à colle (n°1, 20 juillet 1898) dont le gérant était H. Cler : « Très ennuyé de n’avoir plus le Naturien, il s’associera volontiers à ce journal, ne fut-ce que pour chercher un petit coin où il pourra protester contre les notes désagréables de Beaulieu dans la Nouvelle Harmonie. »
Le 23 juillet 1898, Legrand précisait que Mayence irait voir Rothschild pour voir s’il aiderait à la création d’un journal artistique qu’il ferait avec Pérot : « Pérot et Mayence sont liés en ce moment, Mayence rend visite à Pérot et lui montre La Nouvelle Humanité avec l’article violent de Beaulieu sur son ancien gérant. Celui-ci veut donner des coups de poing au coupable. »
Le 18 avril 1899, il était allé chez Bariol qui avait souvent procuré du travail aux camarades. Il demandait à travailler dans le meuble qui était de sa partie et expliquait qu’il se donnerait pour l’idée, lorsqu’il aurait mangé.
Le 23 mai 1901, il assistait à la réunion d’une quinzaine de naturiens, dont Beaulieu qui lui fit « grise mine . »
Il figurait sur l’état des anarchistes de 1901, son adresse était 4 cité Hermel.
Son dossier à la Préfecture de police portait le n°288.976.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article196158, notice MAYENCE Gustave, David [Dictionnaire des anarchistes] par Rolf Dupuy, Dominique Petit, version mise en ligne le 14 octobre 2017, dernière modification le 17 septembre 2022.

Par Rolf Dupuy, Dominique Petit

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York
Fiche photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

SOURCES : Arch. de Paris D.3 U6 carton 50 — La Révolte année 1891. — Le Père Peinard, 22 et 29 mars, 2 août 1891 — Arc. Nat. F7/12723 — R. Bianco "Un siècle de presse anarchiste...", op. cit. — Archives de la Préfecture de police Ba 80, 1497, 1498, 1500, 1508. — Archives de Paris. État civil.

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