LINZ Joseph

Par Bernard Reviriego, Dominique Tantin

Né le 20 juillet 1895 à Rüsselsheim am Main (Allemagne), massacré le 29 mars 1944 à Château-L’Évêque (Dordogne) ; employé ; victime civile d’origine juive.

Joseph Linz fut l’une des nombreuses victimes de la division Brehmer en Dordogne.
Du 26 mars au 2 avril 1944, la division Brehmer, ou division B de l’initiale du patronyme de son chef, le général Brehmer, accompagnée par des éléments de la Sipo-SD et de la Brigade nord-africaine et bénéficiant de renseignements collectés par des délateurs, collaborationnistes ou non, et par l’administration de Vichy, traversa le département de la Dordogne, traquant les maquisards et massacrant des civils en représailles dans le cadre d’opérations de répression, mais aussi en conduisant une politique génocidaire à l’encontre des nombreux Juifs réfugiés dans le département. Les hommes furent abattus parce que Juifs et les femmes et les enfants furent souvent arrêtés, transférés à Drancy puis déportés vers les centres de mise à mort, Auschwitz-Birkenau principalement.
En zone dite libre puis zone sud, les Juifs avaient été recensés en application d’une loi de Vichy du 2 juin 1941, le jour même de la promulgation du second statut des Juifs ; un recensement spécifique des Juifs étrangers intervint en janvier 1942 ; enfin, une loi de Vichy du 11 décembre 1942 imposa en zone sud la mention « juif » sur la carte d’alimentation et sur la carte d’identité des Juifs français et étrangers.

Joseph Linz était français par réintégration en vertu du paragraphe 1 alinéa 2 de l’annexe V du traité de Versailles. Il était l’époux de Julie Stoll. Ils eurent deux enfants, Marguerite et André. Il était directeur des usines Citroën à Sarrebruck lorsqu’il quitta la Sarre suite au rattachement de celle-ci au Reich. Il travailla ensuite pour une fabrique de chemises et se fixa à Strasbourg. Replié à Château-l’Evêque depuis le 20 septembre 1939, il travaillait alors pour une succursale de la Compagnie d’assurance « La Nationale ». Il intervint à plusieurs reprises, avec l’aide du maire de la commune, pour essayer de libérer des membres de sa famille internés dans divers camps (Gurs, Rivesaltes). Il recueillit ainsi à Gurs, le 17 juillet 1941, une cousine, Régine Rabner, qu’il contribua ensuite, avec sa fille, à sauver de la déportation, lors de la rafle du 26 août 1942. La mère de celle-ci, Caroline, venait de décéder le 15 juillet au camp, alors que son père était déjà mort au camp de Dachau. Son cousin, Herbert Linz, avait épousé la fille de Louis Einstein, qui fut également fusillé. Joseph Linz fut abattu par des éléments de la division Brehmer et de la Hilfpolizei, à Château-l’Evêque, dans le bois de « Mesplier », le 29 mars 1944. Les Allemands s’étaient fait auparavant remettre la liste des Juifs réfugiés à Château-l’Evêque
Après avoir abattu Marcel Epstein, les Allemands, qui appartenaient à la division Brehmer, obtinrent ensuite du secrétaire de mairie la liste des Juifs de la commune, et dans les heures qui suivirent abattirent quatre ou cinq autres juifs.
Son nom figure sur la stèle qui commémore ce massacre ainsi que sur le monument aux morts de la commune.
Voir Château-l’Évêque (29 mars 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article196249, notice LINZ Joseph par Bernard Reviriego, Dominique Tantin, version mise en ligne le 18 octobre 2017, dernière modification le 8 novembre 2017.

Par Bernard Reviriego, Dominique Tantin

SOURCES : Registre d’état civil de Château-l’Evêque, Arch. dép. Dordogne, 1573 W 6 ; 42 W 21 (dossier Rabner) ; 42 W 57 (dossier Linz). — Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, pp. 176-177, 402. — Paul Mons, La folie meurtrière de la division Brehmer, mars-avril 1944, Dordogne-Corrèze, Haute-Vienne, Brive-la-Gaillarde, Éditions Les Monédières, 2016, p. 69. — Bernard Reviriego, Les Juifs en Dordogne, 1939-1944, Périgueux, Éditions Fanlac-Archives départementales de la Dordogne, 2003, pp. 239, 399. — MémorialGenWeb. — Anacr Dordogne, Mémorial de la Résistance en Dordogne… Sous la terreur nazie, Périgueux, Copédit, 1985, p. 157.

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