KALIFAT Judas

Par Bernard Reviriego, Dominique Tantin

Né le 4 juillet 1881 à Orléansville, (El-Asnam après l’indépendance, auj. Chlef, Algérie), massacré le 29 mars 1944 à Saint-Médard-d’Excideuil (Dordogne) ; victime civile d’origine juive.

Judas Kalifat fut l’une des nombreuses victimes de la division Brehmer en Dordogne.
Du 26 mars au 2 avril 1944, la division Brehmer, ou division B de l’initiale du patronyme de son chef, le général Brehmer, accompagnée par des éléments de la Sipo-SD et de la Brigade nord-africaine et bénéficiant de renseignements collectés par des délateurs, collaborationnistes ou non, et par l’administration de Vichy, traversa le département de la Dordogne, traquant les maquisards et massacrant des civils en représailles dans le cadre d’opérations de répression, mais aussi en conduisant une politique génocidaire à l’encontre des nombreux Juifs réfugiés dans le département. Les hommes furent abattus parce que Juifs et les femmes et les enfants furent souvent arrêtés, transférés à Drancy puis déportés vers les centres de mise à mort, Auschwitz-Birkenau principalement.
En zone dite libre puis zone sud, les Juifs avaient été recensés en application d’une loi de Vichy du 2 juin 1941, le jour même de la promulgation du second statut des Juifs ; un recensement spécifique des Juifs étrangers intervint en janvier 1942 ; enfin, une loi de Vichy du 11 décembre 1942 imposa en zone sud la mention « juif » sur la carte d’alimentation et sur la carte d’identité des Juifs français et étrangers.

Judas Kalifat était le fils de Moïse et de Diem Messouday. Il avait épousé Julie Boumendy. Réfugié de Paris, il était domicilié à Saint-Médard-d’Excideuil. Après avoir consulté en mairie les listes des étrangers et des juifs et vérifié les identités, les Allemands arrêtèrent plusieurs Juifs dont Judas Kalifat qui fut abattu vers 17h15 au lieu-dit les Charreaux.

Quatre de ses fils furent déportés. Gilbert, qui naquit le 4 août 1926, fut déporté par le convoi n° 81 ; il fut rapatrié de Buchenwald, atteint de typhus. Moïse, né le 22 avril 1901, fut déporté par le convoi n° 3 ; Édouard, né le 2 août 1922, fut déporté par le convoi n° 53, tandis que Maurice, qui était né le 16 mai 1910, fut à son tour déporté par le convoi n° 62. Ce dernier avait été un des instigateurs, à Drancy, du percement du tunnel qui devait permettre l’évasion des internés, tentative qui avait malheureusement échoué.
Ce même jour, deux Juifs ont été arrêtés à Excideuil et deux autres à Saint-Médard-d’Excideuil puis fusillées, ce même jour, en divers lieux. Il s’agit de Michel Leibovici, arrêté à Excideuil, qui a été fusillé à Corgnac-sur-l’Isle, de son gendre, Gerson Jacob Makowski, qui a été fusillé à Brantôme (lieu-dit Besse de Courrières), d’Eugen Ochs et de Jacques Meyer, qui ont été fusillés, aussi à Saint-Médard-d’Excideuil (au lieu-dit Gacherie).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article196251, notice KALIFAT Judas par Bernard Reviriego, Dominique Tantin, version mise en ligne le 18 octobre 2017, dernière modification le 8 novembre 2017.

Par Bernard Reviriego, Dominique Tantin

SOURCES : Registre d’état civil de Saint-Médard-d’Excideuil ; Tremblay magazine n° 32, septembre 1994, p. 12. Arch. dép. Dordogne, 1 W 1815-2. Rapport d’activité de la gendarmerie pour le mois d’avril 1944 et 1573 W 6. — Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, pp. 186, 403. — Paul Mons, La folie meurtrière de la division Brehmer, mars-avril 1944, Dordogne-Corrèze, Haute-Vienne, Brive-la-Gaillarde, Éditions Les Monédières, 2016, p. 86. — Bernard Reviriego, Les Juifs en Dordogne, 1939-1944, Périgueux, Éditions Fanlac-Archives départementales de la Dordogne, 2003, pp. 237-239, 371. — MémorialGenWeb. — Mémorial de la Shoah-CDJC

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