CHAUCHAT Auguste, Jean

Par Alain Dalançon

Né le 7 avril 1922 à Varennes-sur-Usson (Puy-de-Dôme), mort le 7 janvier 2011 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; professeur agrégé de géographie ; militant communiste ; militant syndicaliste du SNES, secrétaire du S3 de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) de 1959 à 1968, membre de la CA nationale de 1962 à 1969.

Second et dernier enfant de petits agriculteurs, dont le père devint ouvrier agricole en 1934 puis garde-champêtre après la Seconde Guerre mondiale, Auguste Chauchat resta toujours attaché à ses racines paysannes auvergnates, et retint de l’éducation que lui donnèrent ses parents le goût du travail bien fait et le sens de la solidarité. Alors que son père appartenait à une famille de paysans farouchement laïques et était sympathisant socialiste, électeur du député Andraud, défenseur des mutins de 1917, sa mère était issue d’une famille catholique pratiquante. Par tradition, Auguste Chauchat alla donc au catéchisme, fit sa communion solennelle, mais cessa toute pratique religieuse à l’adolescence.
Après le certificat d’études primaires obtenu à douze ans à l’école du petit village de Chadeleuf (Puy-de-Dôme), bon élève, il fut reçu au concours des bourses, et entra à l’école primaire supérieure de garçons annexée au collège d’Issoire. Il y obtint le brevet élémentaire et fut élève-maître à l’École normale d’instituteurs du Puy-de-Dôme (promotion 1938-1941). En 1941, il commença à exercer comme instituteur délégué au collège moderne de Clermont tout en préparant une licence d’histoire-géographie (mention géographie) à la faculté des lettres de Clermont où s’étaient repliés les facultés de Strasbourg et leurs professeurs : parmi eux le géomorphologue Henri Baulig dont les cours lui laissèrent une forte impression.
Il fit partie du réseau de lycéens et étudiants communistes. Il est présent le jour de la rafle qui eut lieu dans les locaux de l’université le 25 novembre 1943. Porteur de fausses cartes d’identité, il parvint à les faire disparaître en les mangeant l’une après l’autre pendant que lui et ses camarades furent placés sous surveillance pendant des heures dans la cour de l’université, avant que plusieurs dizaines soient arrêtés puis déportés.
Après avoir subi plusieurs visites médicales qui lui permirent d’échapper au « prélèvement de fonctionnaires », Chauchat fut réfractaire au départ au Service du travail obligatoire en Allemagne au printemps 1944. À la Libération, il reprit son poste au collège moderne, termina sa licence et enseigna comme professeur d’enseignement général (lettres-histoire-géographie) au centre d’apprentissage Belle-Ombre de Clermont de 1945 à 1952. Il avait épousé religieusement en 1949 Andréa Chabalier, employée aux écoles Michelin, qui mourut en 1972.
Reçu au concours du certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement public de second degré en 1952, année de création de ce nouveau concours, Auguste Chauchat effectua son stage au centre pédagogique régional de Clermont-Ferrand en 1952-1953 et fut affecté comme professeur certifié à l’École nationale professionnelle de Thiers durant deux années. Admissible à deux reprises à l’agrégation de géographie, il exerça en tant que professeur certifié bi-admissible à partir de 1954. Muté au lycée technique A. Gasquet de Clermont-Ferrand en 1955, il y demeura jusqu’en 1958, année où il fut reçu au concours de l’agrégation, ce qui lui permit d’être nommé l’année suivante dans la capitale auvergnate au lycée Blaise Pascal, où il demeura jusqu’à sa retraite en 1984, enseignant à partir de 1964 en classes préparatoires aux Grandes Écoles (Première supérieure classique et moderne et classe préparatoire à l’École agronomique).
Après la Libération, Auguste Chauchat mena de front une action militante dans les différents syndicats de la Fédération générale de l’enseignement puis de la Fédération de l’éducation nationale et au Parti communiste français auquel il avait adhéré en 1946. Il fut successivement membre de la CA académique du Syndicat national de l’enseignement technique (branche des centres d’apprentissage), militant de la FEN-CGT après la scission de 1948, en même temps qu’il était secrétaire de la cellule d’entreprise du PCF de son centre d’apprentissage et participait à l’implantation du Mouvement de la paix dans son département. À cette époque, il participa par ailleurs à la création de la section départementale de la Mutuelle générale de l’éducation nationale. Il milita ensuite au SNET (branche Écoles et services) en conservant sa double affiliation individuelle à la FEN-CGT jusqu’en 1958, et en étant durant trois années secrétaire de cellule, secrétaire de la section départementale de France-Tchécoslovaquie en 1957-1958, et candidat communiste suppléant aux élections législatives de 1958 dans la circonscription d’Issoire.
Devenu professeur agrégé, Chauchat abandonna ses responsabilités au PCF pour se consacrer pleinement au militantisme syndical au SNES (classique et moderne). Secrétaire de la section académique de Clermont-Ferrand de 1959 à 1966, avec Jean-Marie Carcanague comme secrétaire administratif, il était un des premiers secrétaires de S3 Unité et Action (U&A) communiste avec André Dufour, secrétaire du S3 de Poitiers, bien avant la prise de la majorité par ce courant au plan national. Il vota avec son S3 la motion Dufour, demandant la poursuite de la grève administrative au congrès du SNES de 1965. Sa personnalité, son engagement et son dévouement pour la défense individuelle et collective des personnels expliquaient son élection à ce poste de responsabilité, à une époque où la gestion consensuelle des S3 entre militants des différents courants était courante. Cette responsabilité académique l’amena cependant à être candidat aux élections à la CA nationale du SNES (classique et moderne) sur la liste B (Unité et Action) de 1960 à 1966, élu titulaire de 1962 à 1966 et membre du bureau national en 1966.
Lors des premières élections au collège unique à la CA nationale du nouveau SNES (classique, moderne, technique) en mai-juin 1967, Auguste Chauchat fut à nouveau élu titulaire sur la liste U&A mais céda la place à deux co-secrétaires du S3 : Michel Bailly->15509] pour l’ex-SNES et Guyot* pour l’ex-SNET. Il resta cependant secrétaire adjoint jusqu’en 1968, figura pour la dernière fois sur la liste U&A aux élections à la CA nationale de 1969 (en 82e position) et fut élu suppléant. Sa dernière intervention dans les débats nationaux préparatoires au congrès de 1969 résumait pour une large part la signification de son combat syndical : dans cette période post-68 où les débats se focalisaient sur la pédagogie et le thème de la déscolarisation, il rappelait la nécessité de la poursuite du combat laïque, pour une réelle démocratisation du service public d’éducation, notamment par la création d’un grand ministère de l’Éducation nationale, incluant les écoles techniques militaires, l’enseignement agricole, les écoles professionnelles des entreprises nationalisées, les écoles pour handicapés...
Auguste Chauchat abandonna toute responsabilité syndicale à la rentrée 1969 en restant adhérent de base, pour laisser la place à des militants plus jeunes et mieux se consacrer à son enseignement, ce qui ne l’empêcha pas de militer à nouveau plus activement au PCF, en étant secrétaire de la cellule de son établissement et membre du bureau de section de Clermont-Ferrand jusqu’en 1991, année où il ne renouvela pas son adhésion. Il s’était remarié en septembre 1973 à Clermont-Ferrand avec Marguerite, Louise Garnier, professeure agrégée d’histoire-géographie, avec laquelle il eut un fils.
Passionné par l’enseignement de sa discipline, il menit depuis le début des années 1950 un combat pour la faire reconnaître comme science, dans la diversité et la complémentarité de ses différents compartiments. Il n’eut pas le loisir de pousser des recherches que François Goguel avait remarquées en publiant en 1954, dans les Cahiers de la Fondation des sciences politiques, un résumé de son diplôme d’études supérieures consacré à la géographie électorale dans l’arrondissement d’Issoire. Il fut également l’auteur de la partie historique des Documents EDSCO (sous la direction d’André Sève, Lucien Sève et Jean Bastié) sur le Massif Central, publiés en 1960.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19630, notice CHAUCHAT Auguste, Jean par Alain Dalançon, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 15 avril 2022.

Par Alain Dalançon

ŒUVRE : « Géographie électorale de l’arrondissement d’Issoire (Puy-de-Dôme) » in Partis et élections, études rassemblées et préfacées par François Goguel, Cahiers de la Fondation nationale des sciences politiques, 1954, A. Colin, XIV-214 p. — Le Massif central, partie Histoire, documents EDESCO, 25, janvier-février 1960, Chambéry, Éditions scolaires, 12-16-32 p., fig., cartes.

SOURCES : Arch. IRHSES (congrès SNES, CA, L’Université syndicaliste, S3 de Clermont). — Témoignage de l’intéressé .— Témoignage de Nicole Clavelier Boutines, une ancienne collègue, recueilli le 25 février 2019 par Eric Panthou.

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