PALVADEAU Daniel, Aristide, Georges

Par Bernard Geay, Monique Martin

Né le 10 août 1931 à l’Aiguillon-sur-Mer (Vendée) ; ouvrier métallurgiste, directeur d’un organisme mutualiste ; syndicaliste CFTC puis CFDT, secrétaire général de l’UL de Nantes (Loire-Atlantique) de 1963 à 1967, secrétaire général de l’UD de Loire-Atlantique de 1967 à 1976, administrateur de la Caisse primaire d’assurance-maladie de Nantes de 1975 à 1996, administrateur de la Caisse nationale d’assurance-maladie de 1980 à 1996 ; adhérent du Parti Socialiste de 1970 à 1981.

Daniel Palvadeau en 1964.

Daniel Palvadeau était fils unique. Ses parents habitaient à Nantes. Son père, Alfred Palvadeau s’était engagé dans l’armée à la fin de son service militaire. Fait prisonnier en 1940, il ne revint qu’en 1945. Dès 1939, sa mère, Marie-Louise Palvadeau, s’était réfugiée avec son fils à La Faute-sur Mer (Vendée), où elle décéda en 1943 d’une pleurésie.
Durant la guerre, il fut élevé par son grand-père paternel resté mutilé de la Première Guerre. À cette période de sa vie, il vécut, selon sa propre expression, comme un « sauvageon », circulant à travers bois et marais avec les autres adolescents. À l’âge de douze ans, il fut envoyé en pension chez les Frères de Saint-Gabriel à Luçon mais ne supportant pas les contraintes de l’institution, il n’y resta qu’un an.
Au retour de captivité de son père en 1945, il revint vivre à Nantes et entra en apprentissage de serrurier-ferronnier chez Chevalier. En suivant les cours du soir au lycée technique Livet, il obtint son CAP de serrurier puis son BP de ferronnier d’art.
Au retour du service militaire à l’été 1953, Daniel Palvadeau entra chez Brandt où travaillait déjà son père. Il fut embauché au montage des machines-outils et, suivant l’exemple paternel, il se syndiqua à la CFTC. L’activité de l’entreprise se ressentant de la mauvaise gestion patronale, Daniel décida de quitter Brandt et entra en 1955, comme ajusteur, à la Société nationale de construction aéronautique du Sud-Ouest (SNCASO) à Bouguenais, (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique). Dès l’année suivante, il y fut élu délégué CFTC du personnel, puis prit la suite de Joseph Ayoul comme secrétaire de section. En 1961, il devint secrétaire de l’UL de Nantes, puis à la suite de Charles Bolo, secrétaire général en avril 1963.
En 1963, Daniel Palvadeau s’engagea au titre de l’UL de Nantes pour soutenir le rapport intitulé « Vers un socialisme démocratique » présenté au 30e congrès l’UD-CFTC de Loire-Atlantique. Ce rapport avant-gardiste, rédigé par Hervé Béliard et Gilbert Declercq, fut adopté à une très large majorité comme base de travail. Ce texte ainsi que celui sur la planification démocratique présenté par Gilbert Declercq et voté au congrès confédéral de 1959, irriguèrent dès lors son action interprofessionnelle dans la recherche d’une transformation profonde de l’organisation économique et d’un fonctionnement démocratique s’appuyant sur le peuple. En 1964, il participa au congrès confédéral de l’évolution de la CFTC en CFDT, option largement majoritaire en Loire-Atlantique. Il était profondément convaincu de la nécessité de cette évolution et contribua avec Gilbert Declercq, Charles Forget et Marcel Guihéneuf à l’organisation de sa mise en œuvre rapide.
Daniel Palvadeau succéda en 1967 à Gilbert Declercq comme secrétaire de l’UD-CFDT. Les bastions traditionnels de l’industrie commençaient à être frappés par une profonde mutation avec de fortes menaces sur l’emploi. En mars 1968, il pilota la rédaction d’un « Livre noir de l’emploi » en Loire-Atlantique. Parallèlement, il poursuivit le rapprochement initié par Bernard Lambert et Gilbert Declercq en 1957-1958 entre la CFTC/CFDT et les organisations paysannes (et par la suite élargi à la CGT).
Lors d’une imposante manifestation à Nantes le 8 mai 1968, Daniel Palvadeau s’exprima sur la solidarité qui unissait étudiants, paysans et ouvriers et qui sera une composante forte durant tout le mouvement de Mai-juin 68 nantais. L’UD fut très active dans le comité central de grève organisé à Nantes pour gérer ce puissant mouvement social sur le plan politique mais aussi dans ses conséquences les plus concrètes de la vie quotidienne. Durant l’été 1968, il rédigea un récit de ces événements intitulé : « À l’Ouest, tout a commencé le 8 mai ». Ce récit était destiné à fournir une lecture syndicale des événements à destination des militants CFDT. Signe de l’importance des bouleversements sociaux de l’époque, y compris dans l’Ouest traditionnellement attaché à l’enseignement privé, sous le mandat de Daniel Palvadeau une commission tripartite UD-CFDT/STEP/SGEN fit des propositions pour la démocratisation et l’unification de l’enseignement.
En 1973, Daniel Palvadeau eut à organiser le 36e congrès confédéral qui se tint à Nantes du 30 mai au 3 juin. C’était le premier congrès confédéral décentralisé. Le choix de la Loire-Atlantique était pour lui une reconnaissance du poids de l’UD et de l’implication de ses militants dans la vie confédérale. Ce congrès fut très animé, marqué par les interventions des « gauchistes » qui, forts de l’écoute accordée par la CFDT aux jeunes révoltés de Mai 68, avaient infiltré certains syndicats. Au cours de son mandat de secrétaire d’UD, Daniel Palvadeau sera souvent confronté à la difficulté des relations avec ces groupes assez nombreux à Nantes et très critiques envers les organisations syndicales.
En 1975, sollicité pour être candidat à la succession de Gilbert Declercq secrétaire général de l’Union régionale des Pays de la Loire, Daniel Palvadeau déclina la proposition. Il entama alors sa reconversion et devint directeur de l’Association familiale mutualité retraite (AFMR) jusqu’en 1991. Cette structure s’intégrait dans un ensemble d’établissements mutualistes sanitaires et sociaux : centres dentaires et d’optique, cliniques, pharmacies, etc., dépendant de l’Union des mutuelles de Loire-Atlantique (UMLA) présidée par Marcel Peyraud, dont les qualités humaines et militantes marquèrent fortement Daniel Palvadeau.
Au sein de l’AFMR, Daniel Palvadeau ouvrit de nombreux chantiers en s’appuyant sur les principes fondateurs de la mutualité : solidarité, respect de l’homme et de ses capacités, entraide face aux risques de la vie. En plus de la construction de maisons de retraite, il expérimenta une nouvelle formule : celle de foyers logements correspondant aux besoins de retraités encore très autonomes. En 1980, il créa également le « Service de maintien à domicile des personnes âgées » (SMDPA) qui dispensait des soins infirmiers. Ces responsabilités le conduisirent à accepter un poste d’administrateur au Conseil national de gérontologie.
Daniel Palvadeau cessa son activité salariée en 1991 et fit valoir ses droits à la retraite tout en continuant à militer à la CFDT. Il assuma jusqu’à leur terme ses mandats à la Caisse primaire d’assurance-maladie et à la Caisse nationale d’assurance-maladie. Il siégea aussi au Conseil économique et social des Pays de la Loire de 1990 à 2001 et au Comité départemental des retraités et personnes âgées de Loire-Atlantique.
Fortement sollicité, il ne rejoignit jamais l’Action catholique ouvrière car il considérait que la ligne de la CFDT devait être définie uniquement au sein de la CFDT et il ne voulait pas être influencé par des organisations extérieures. Il adhéra au PS en 1970 où il n’eut aucune responsabilité, mais le quitta en 1981 après le succès de la gauche à l’élection présidentielle. Les revendications des salariés restaient sa priorité et il ne voulait pas avoir à composer entre syndicalisme et politique.
Daniel Palvadeau s’était marié en 1955 avec Odette Baudouin, née en 1934, ouvrière en confection jusqu’à la naissance de leur premier enfant, Patrick en 1956 qui fut suivie de celles de Martine en 1959 et de Fabienne en 1969.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article196300, notice PALVADEAU Daniel, Aristide, Georges par Bernard Geay, Monique Martin, version mise en ligne le 20 octobre 2017, dernière modification le 19 octobre 2020.

Par Bernard Geay, Monique Martin

Daniel Palvadeau en 1964.

SOURCES : Archives de la CFDT : UD de Loire-Atlantique et Confédération. – Archives de la CPAM de Nantes. – Rencontres avec Daniel Palvadeau en 2016 et 2017.

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