MORNET André, Marcel, Marie

Par Louis Morice

Né le 5 décembre 1920 et mort le 9 février 2004 à Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; ouvrier agricole, livreur, ouvrier charpentier ; militant JAC ; syndicaliste CFTC puis CFDT, délégué du personnel, membre du conseil de l’UL de Saint-Nazaire, de l’UD de Loire-Atlantique, de la Fédération du Bâtiment et Travaux publics.

André Mornet en 1970.

André Mornet était le benjamin d’une fratrie de cinq enfants qui comptait trois garçons et deux filles. Son père, Marcel Mornet et sa mère, Marie Mornet née Pitard, agriculteurs à Saint-Nazaire, étaient profondément croyants. Sa scolarité s’effectua à l’école primaire confessionnelle de l’Immaculée (quartier excentré de Saint-Nazaire). Après l’obtention du certificat d’études primaires, il fut employé comme ouvrier agricole dans l’exploitation familiale de 1934 à 1939 ; ce fut à cette époque qu’il découvrit la Jeunesse agricole chrétienne (JAC). Il exerça ensuite la profession de livreur puis apprit les rudiments du métier de charpentier. Du 10 novembre 1942 au 30 mai 1945, il fut réquisitionné au titre du Service du travail obligatoire (STO) qu’il fit en Allemagne. En 1946, il épousa Lucie André, couturière puis femme au foyer. Ils eurent cinq enfants, quatre garçons et une fille.

Il décida de se syndiquer en 1946 alors qu’il effectuait un court passage au service du remembrement de la ville de Saint-Nazaire. Ses origines familiales et son militantisme à la JAC l’orientèrent vers la CFTC. Il fut ensuite recruté comme charpentier par l’entreprise « Lavigne » dans laquelle il accepta un mandat de délégué du personnel en 1948. Ce fut le point de départ d’un long parcours militant à la CFTC puis à la CFDT. Il devint membre du conseil de l’UL de Saint-Nazaire en 1952, puis du conseil de l’UD de Loire-Atlantique de 1952 à 1969. Il fut élu au bureau de la Fédération du Bâtiment et des Travaux publics (BTP) en 1954, puis à sa commission exécutive à compter de 1956 à 1966.

En 1955, André Mornet quitta son emploi de charpentier pour devenir secrétaire permanent de l’UL de Saint-Nazaire, dont le secrétaire général était Nestor Rombeaut, où il fut chargé spécifiquement du bâtiment et des travaux publics. En 1962, cette responsabilité fut élargie à l’ensemble du département de Loire-Atlantique. Homme de terrain, il créa des sections syndicales, anima des équipes de délégués, développa des syndicats territoriaux. Il participa aux négociations avec les employeurs aux niveaux local, départemental et national.

Dans le secteur d’activité qui était le sien, particulièrement pénible et à l’origine de nombreux accidents du travail, il attacha toujours une grande importance à la prévention. Au milieu des années 1950, il siégea au service de prévention du Comité technique régional de la Sécurité sociale pour le bâtiment et les travaux publics puis au Comité technique national. Il fut aussi désigné par son organisation syndicale pour siéger à l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTB), géré paritairement par les représentants des employeurs et des salariés.

En 1960, il fut administrateur de la CNRO (Caisse nationale de retraite des ouvriers du bâtiment et des travaux publics). En 1967, il siégea au bureau du conseil d’administration de la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) de Saint-Nazaire.

André Mornet quitta sa fonction de permanent syndical et tous les mandats qu’il détenait à ce titre en 1969, sauf ceux à la CNRO et à la CPAM qu’il prolongea respectivement jusqu’en 1987 et 1996. Il devint alors conseiller salarié, des Mutuelles de Loire-Atlantique. Il prit rapidement conscience que l’action qu’il menait à la CPAM et à la mutualité pour assurer un haut niveau de protection sociale devait être complétée par une réflexion sur les structures de diffusion des soins et d’exercice de la médecine.

En 1973, il fut à l’origine de la création du S.IN.PA (Soins infirmiers pour personnes âgées et malades), l’objectif de cette structure associative était de dispenser des soins sans paiement direct par les patients grâce à un dispositif de tiers payant. Géré par des professionnels et des représentants des usagers, ce centre regroupa jusqu’à vingt-cinq infirmières salariées permettant d’assurer la continuité des soins pour la ville de Saint-Nazaire et de deux communes limitrophes Trignac et Montoir. En 1983, le S.IN.PA présidé par André Mornet et des médecins nazairiens, proches du Syndicat de la médecine générale, furent les artisans de la création d’un centre de santé expérimental unique en France. Dans ce centre, des professionnels de santé se regroupèrent dans une démarche pluridisciplinaire pour modifier le rapport patients/praticiens en associant soins et prévention et en rompant avec le paiement à l’acte. Rendue possible par des dispositions législatives du gouvernement de Pierre Mauroy, cette expérience prit fin en 1986 par décision du gouvernement de Jacques Chirac.

Après son départ à la retraite, le 1er décembre 1981, André Mornet continua à militer à l’Union locale des retraités CFDT de Saint-Nazaire ainsi qu’à l’Union des mutuelles de Loire-Atlantique.

Il adhéra au PSU puis au PS dans lesquels il n’eut aucune responsabilité politique ni fonction élective. Il fut promu chevalier de l’Ordre national du mérite, distinction que lui remit Nestor Rombeaut le 14 octobre 1989.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article196301, notice MORNET André, Marcel, Marie par Louis Morice, version mise en ligne le 20 octobre 2017, dernière modification le 19 octobre 2020.

Par Louis Morice

André Mornet en 1970.

SOURCES : Archives CFTC/CFDT de l’UL de Saint-Nazaire, de l’UD de Loire-Atlantique, de la Fédération du BTP. – Collectif, Un printemps sur l’estuaire. Saint-Nazaire : la CFDT au cœur des luttes (1945-1975), Centre d’histoire du travail de Nantes, 2005. – Daniel Coutant, Jean Lacaze, Hier, une médecine pour demain. Le centre de santé de Saint-Nazaire, Syros, 1989. – Entretien avec Lucien Mornet en juillet 2017.

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