ROGER André, Victor [alias PLUVINIER]

Par Daniel Grason

Né le 10 janvier 1920 à Villers-Cotterêts arrondissement de Soissons (Aisne), mort le 18 décembre 1944 à Mauthausen (Autriche) ; manœuvre ; résistant FTP.

Fils de Victor Roger, décédé le 3 août 1919 des conséquences de la Première guerre mondiale, et Léonie Berlot, sa veuve, manouvrière, André Roger avait une demi-sœur, Renée Dufour (1908), d’un premier mariage de sa mère
Il savait lire et écrire, de la classe 1940, il a été mobilisé en juin au 92e Régiment d’Infanterie Coloniale à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Il fut démobilisé en février 1942 par le centre de Bédarieux (Hérault).
Le 15 août 1943, un passeport allemand fut établi à son nom, de toute évidence pour l’envoyer travailler en Allemagne.
Il devint manœuvre aux établissements Becuwe à Soissons (Aisne) l’entreprise travaillait pour les autorités allemandes. Le 18 novembre 1943 il vint à Paris dans l’espoir de trouver du travail, il habita 12 boulevard Magenta à Paris (Xe arr.). Il rencontra Raymond, un ancien camarade qui exerçait la profession de carrossier dans le XIIIe arrondissement. André Roger lui exposa ses difficultés, Raymond lui proposa d’entrer dans la résistance au sein des FTP. Il lui expliqua que l’organisation « avait pour but de lutter contre les allemands. » Il serait payé et toucherait des tickets d’alimentation. André Roger désormais « Pluvinier » accepta.
Au cours d’un premier rendez-vous il rencontra « Corentin », puis « Dupont » (Joseph Fouriaux) le chef du détachement. Ce dernier lui présenta « Peters », (Léonard Brugniaud). Il fit connaissance avec d’autres membres de l’organisation « Jousse » (Désiré Boudeville), « Laroulette » (Maurice Labbé) et « Galand » (Charles Dermy). Le 15 décembre Léonard Brugniaud demanda à Désiré Boudeville et à lui-même de l’aider à transporter du tissu rue Jeanne-d’Arc dans le XIIIe arrondissement.
Alors qu’il allait entrer dans un immeuble en compagnie de Désiré Boudeville, un inspecteur de police les interpella pour un contrôle d’identité. Léonard Brugniaud sortit du bâtiment, le contrôle devait se dérouler au poste de police, sur le chemin Boudeville sortit une matraque dissimulé sous sa veste et matraqua l’inspecteur. Tous les trois s’enfuirent.
Le lendemain des policiers de la BS2 interpellaient porte de Choisy dans le XIIIe arrondissement, André Roger et Désiré Boudeville qui avaient rendez-vous avec un résistant déjà arrêté. Fouillé, André Roger portait sur lui une fausse carte d’identité à son nom portant le cachet d’une mairie du département de la Manche, une feuille avec des rendez-vous anciens, le détail de frais engagés pour l’organisation, et un faux certificat de recensement et de travail.
Emmené dans les locaux des Brigades spéciales, il fut frappé par des inspecteurs au cours de l’interrogatoire. Il déclara : « Je n’ai jamais eu d’armes en ma possession. Je devais toucher 2500 francs par mois, ainsi que des titres de ravitaillement. Mais, je n’ai reçu en fait que 650 francs qui m’ont été versés par « Dupont ». Remis aux Autorités allemandes, il a été probablement torturé, puis incarcéré à Fresnes le 27 décembre 1943.
Le 6 avril 1944 André Roger était dans le convoi de 1489 hommes qui partit de la gare de Compiègne à destination de Mauthausen. Le voyage dans des wagons de marchandises dura trois jours et deux nuits sans nourriture, cinq jeunes déportés après avoir détaché des lames de plancher, réussissaient à s’évader. En représailles les déportés étaient éjectés des wagons et contraints de se mettre nus, leurs vêtements furent entassés dans deux wagons. Le convoi avec 120 prisonniers par wagon continua, dans la gare de Würzburg des infirmières de la Croix-Rouge allemande étaient autorisées à donner à boire aux déportés.
Le 8 avril, vers 17 heures, le train arrivait en gare de Mauthausen, des SS accompagnés de leurs chiens accueillaient les prisonniers qui s’habillèrent de hardes entassées sur le quai. La montée au camp s’effectua avec un encadrement de SS et leurs chiens tout au long du chemin. Á 19 heures, les déportés entraient dans le camp, le comptage dura toute la nuit, vers 5 heures du matin ils reçurent l’ordre de se déshabiller et d’entrer dans la salle de douche.
Sur 1489 hommes, 763 moururent dont 122 soit 8% ont été exterminés dans une chambre à gaz, à Hartheim. André Roger, matricule 63086 mourut à Mauthausen le 18 décembre 1944. Le rapport du 3 août 1945 de la section épuration de la police, 1er groupe indiqua : « Il n’a pas été possible de connaître la mort qui lui avait été réservée. Des recherches effectuées dans le but de retrouver sa famille sont demeurées vaine. »
De son côté, sa famille ignora son destin jusqu’à la découverte de cette notice en février 2022.
André Roger a été homologué FFI à titre posthume.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article196305, notice ROGER André, Victor [alias PLUVINIER] par Daniel Grason, version mise en ligne le 6 novembre 2017, dernière modification le 28 février 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. GB 27, GB 120, KB 90. – SHD, Vincennes, Bureau Résistance GR 16 P 517273. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. — État civil. — Témoignage de d’un membre de sa famille, Viny Kedziora, qui a découvert son destin à la lecture du Maitron.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable