JUBAN Adrien, Marius

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 24 mars 1925 à Louhans (Saône-et-Loire), exécuté sommairement le 17 juin 1944 à Saint-Laurent-de-Mure (Isère, Rhône depuis 1967) ; manœuvre ; résistant.

Adrien, Marius était le fils de Jules, Joseph Juban, polisseur et de Marie, Marguerite Bernard, ménagère. Il demeurait à Tournus (Saône-et-Loire), Rive gauche. Il était célibataire et exerçait la profession de manœuvre.
Adrien Juban était résistant. Il fut arrêté et incarcéré à la prison de Montluc (Lyon, Rhône), dans la « Baraque aux Juifs ».
Le 17 juin 1944, il fut extrait de Montluc avec neuf autres détenus. Les Allemands transportèrent les dix hommes dans une camionnette jusqu’à Saint-Laurent-de-Mure (Isère, Rhône depuis 1967). Eugène Lacombe, forgeron à Saint-Laurent-de-Mure, les aperçut vers 18h40 : « Mon atelier se trouve à environ 50 mètres de la route Nationale N°6. […] j’ai vu passer un convoi composé d’une camionnette et d’une voiture de tourisme de couleur noire et semblant être une Peugeot 301. Suivant ces deux véhicules j’ai entendu mais pas vu une motocyclette. [...] » Le convoi s’arrêta au lieu-dit les Glandiers, en bordure du chemin menant de la route nationale 6 (aujourd’hui Départementale 306) à Colombier-Saugnieu. Les Allemands firent descendre les dix prisonniers et les exécutèrent dans le champ au bord du chemin. David Roy, cultivateur au lieu-dit Poulieu à Saint-Laurent-de-Mure, fut partiellement témoin de la scène : « […] vers 19h15, je me trouvais dans un champ situé à proximité de la route menant de St-Laurent-de-Mure à Colombier (Isère). A un moment donné j’ai entendu des coups de feu semblant provenir de la direction de Poulieu. Tout en continuant mon travail j’ai regardé dans cette direction, et, ai aperçu, à environ quatre cents mètres du lieu où je me trouvais, toujours sur la route indiquée ci-dessus, un homme qui se promenait, un fusil à la main. A quelques mètres était arrêtée une camionnette couleur gris foncé. Environ une heure après, lorsque mon travail fut fini, je suis retourné à Poulieu, et en cours de route j’ai constaté la présence de dix cadavres au lieu dit Glandier. A cet endroit j’ai rencontré M. Chavret Clément qui se trouvait à passer. Je lui ai conseillé de prévenir les autorités de St-Laurent-de-Mure. [...] » Informé vers 21 heures, Marcel Baconnier, maire de Saint-Laurent-de-Mure, fit porter les corps dans un hangar.
Le 18 juin 1944, la police judiciaire de Lyon se rendit sur les lieux. L’inspecteur de police examina brièvement les victimes et constata qu’elles avaient été tuées d’une ou plusieurs balles dans la tête. Il se rendit dans le champ de blé où les cadavres avaient été découverts. Il observa les traces de sang et nota qu’elles étaient situées à intervalles réguliers. Il remarqua également que les flaques de sang étaient « jumelées ». De retour dans le hangar, il découvrit des traces de menottes sur les poignets des cadavres. Le policier trouva par ailleurs du pain bis (pain militaire allemand) dans les poches de quelques victimes. Il conclut que les dix hommes avaient été exécutés par les « autorités allemandes », deux par deux, à « presque bout portant » d’un coup de fusil tiré dans la tête.
Les victimes ne portaient pas de pièces d’identité. Il fut donc impossible de les identifier immédiatement. La police attribua le numéro sept au corps d’Adrien Juban et releva son signalement : « Le septième : âgé de 22 ou 25 ans environ mesurant 1m70 était vêtu d’une veste marron à rayures verticales, d’un maillot genre sport violine. Il n’avait pas de chemise. En outre il avait un pantalon gris à larges rayures tenu par une courroie de havresac. Aux pieds il avait des chaussures "usage fatigue" état neuf. » Il avait les cheveux châtains foncés. Le médecin appelé sur place pour examiner les corps précisa que le « N°7 Age environ 28 ans -Taille 1m70 » portait un orifice d’entrée de balle sous l’œil droit, un orifice de sortie au sommet du crâne et des plaies superficielles de la face.
Le corps d’Adrien Juban fut inhumé au cimetière de Saint-Laurent-de-Mure le 19 juin 1944. Le 26 octobre 1944, il fut identifié par son frère André Juban qui demeurait à Tournus.
Il obtint le titre d’interné résistant. Il fut reconnu Mort pour la France en juin 1945 et décoré de la médaille de la Résistance en mars 1959. Son nom apparaît sur la stèle des fusillés située square du 11 Novembre 1918 à Saint-Laurent-de-Mure.


Voir : Saint-Laurent-de-Mure, 17 et 26 juin 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article196462, notice JUBAN Adrien, Marius par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 25 octobre 2017, dernière modification le 2 juin 2021.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : AVCC, Caen, 21P358975.— Arch. Dép. Rhône, 3808W605, 3335W22, 3335W11, 3460W4, 3460W1, 31J1F4.— SHD, Vincennes, inventaire de la sous-série 16P.— Mémorial Genweb.— Mémoire des Hommes.

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