RENAUD Émile, Marcel

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 28 mai 1922 à Lugny (Saône-et-Loire), exécuté sommairement le 17 juin 1944 à Saint-Laurent-de-Mure (Isère, Rhône depuis 1967) ; marin ; résistant.

Émile, Marcel Renaud était le fils de Claude Renaud et de Cécile Duffour. Il était marin avec le grade de quartier-maître. Il était célibataire et demeurait à Tournus (Saône-et-Loire).
Émile Renaud était maquisard. Le 31 mai 1944, il fut arrêté comme résistant par la feldgendarmerie de Mâcon (Saône-et-Loire). Il fut incarcéré à la prison de Montluc (Lyon, Rhône), dans la « Baraque aux Juifs ».
Le 17 juin 1944, il fut extrait de Montluc avec neuf autres détenus. Les Allemands transportèrent les dix hommes dans une camionnette jusqu’à Saint-Laurent-de-Mure (Isère, Rhône depuis 1967). Eugène Lacombe, forgeron à Saint-Laurent-de-Mure, les aperçut vers 18h40 : « Mon atelier se trouve à environ 50 mètres de la route Nationale N°6. […] j’ai vu passer un convoi composé d’une camionnette et d’une voiture de tourisme de couleur noire et semblant être une Peugeot 301. Suivant ces deux véhicules j’ai entendu mais pas vu une motocyclette. [...] » Le convoi s’arrêta au lieu-dit les Glandiers, en bordure du chemin menant de la route nationale 6 (aujourd’hui Départementale 306) à Colombier-Saugnieu. Les Allemands firent descendre les dix prisonniers et les exécutèrent dans le champ au bord du chemin. David Roy, cultivateur au lieu-dit Poulieu à Saint-Laurent-de-Mure, fut partiellement témoin de la scène : « […] vers 19h15, je me trouvais dans un champ situé à proximité de la route menant de St-Laurent-de-Mure à Colombier (Isère). A un moment donné j’ai entendu des coups de feu semblant provenir de la direction de Poulieu. Tout en continuant mon travail j’ai regardé dans cette direction, et, ai aperçu, à environ quatre cents mètres du lieu où je me trouvais, toujours sur la route indiquée ci-dessus, un homme qui se promenait, un fusil à la main. A quelques mètres était arrêtée une camionnette couleur gris foncé. Environ une heure après, lorsque mon travail fut fini, je suis retourné à Poulieu, et en cours de route j’ai constaté la présence de dix cadavres au lieu dit Glandier. A cet endroit j’ai rencontré M. Chavret Clément qui se trouvait à passer. Je lui ai conseillé de prévenir les autorités de St-Laurent-de-Mure. [...] » Informé vers 21 heures, Marcel Baconnier, maire de Saint-Laurent-de-Mure, fit porter les corps dans un hangar.
Le 18 juin 1944, la police judiciaire de Lyon se rendit sur les lieux. L’inspecteur de police examina brièvement les victimes et constata qu’elles avaient été tuées d’une ou plusieurs balles dans la tête. Il se rendit dans le champ de blé où les cadavres avaient été découverts. Il observa les traces de sang et nota qu’elles étaient situées à intervalles réguliers. Il remarqua également que les flaques de sang étaient « jumelées ». De retour dans le hangar, il découvrit des traces de menottes sur les poignets des cadavres. Le policier trouva par ailleurs du pain bis (pain militaire allemand) dans les poches de quelques victimes. Il conclut que les dix hommes avaient été exécutés par les « autorités allemandes », deux par deux, à « presque bout portant » d’un coup de fusil tiré dans la tête.
Les victimes ne portaient pas de pièces d’identité. Il fut donc impossible de les identifier immédiatement. La police attribua le numéro 6 au corps d’Émile Renaud et releva son signalement : « Le sixième : âgé de 30 ans environ et mesurant 1 m 74 était vêtu d’un maillot de corps à petites manches, d’une combinaison bleue de mécanicien, d’un pantalon de pyjama gris avec liseré rouge sur le côté. Aux pieds il avait des espadrilles bleues semelles de corde, sans lacets. ». Il avait les cheveux de couleur châtain moyen et les yeux châtains clairs. Le médecin appelé sur place pour examiner les corps précisa que le numéro 6 portait un orifice d’entrée de balle dans la région occipitale et un orifice de sortie dans la tempe droite.
Le corps d’Émile Renaud fut inhumé au cimetière de Saint-Laurent-de-Mure. Le 3 novembre 1944, il fut identifié par sa mère, Cécile Duffour, demeurant 3 rue des Tanneries (Tournus).
Émile Renaud ne fut pas homologué mais il existe un dossier administratif de résistant à son nom conservé au Château de Vincennes. Son nom est gravé sur la stèle des fusillés située square du 11 Novembre 1918 à Saint-Laurent-de-Mure.


Voir : Saint-Laurent-de-Mure, 17 et 26 juin 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article196463, notice RENAUD Émile, Marcel par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 25 octobre 2017, dernière modification le 2 juin 2021.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 3808W605, 3335W22, 3335W11, 3460W4, 3460W3, 3460W1, 31J1F4.— Mémorial Genweb.

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