MOLITOR Eugène, Vital

Par Didier Bigorgne

Né le 19 septembre 1878 à Pure (Ardennes), mort le 1er décembre 1931 à Monthermé (Ardennes) ; ouvrier tôlier, puis commerçant ; militant socialiste et de la Ligue des droits de l’homme ; maire de Monthermé (1908-1919).

Vital Molitor était le fils de Jean-Baptiste, Alexis Molitor, ouvrier de forge, et de Clémence Rosquin, couturière. Il était le deuxième d’une famille de sept enfants. Après avoir fréquenté l’école primaire, il entra à l’usine et devint ouvrier tôlier. Il exerçait ce métier quand il épousa Eugénie Marie Roblin, sans profession, le 29 août 1903 à Monthermé ; de cette union naquit un garçon.

Vital Molitor fit son apprentissage politique au cercle d’études sociales La Lumière de Monthermé adhérent de la Fédération des Travailleurs socialistes des Ardennes affiliée successivement au POSR de 1891 à 1897, au PSF de 1901 à 1905, puis au Parti socialiste SFIO après l’unité.

Aux élections municipales de mai 1908, Vital Molitor prit le relais du maire sortant socialiste Albert Bancquart qui avait mis fin à son mandat, pour conduire à son tour la liste de son parti à la victoire : le 17 mai, il devint maire de Monthermé. Avec un succès plus net au scrutin de 1912, (les vingt-trois candidats socialistes élus au premier tour), Vital Molitor fut reconduit à son poste de maire. Pendant ses mandats, il remplit les fonctions du ministère public en justice de paix à partir de 1908, il fut nommé membre de la commission d’assistance du canton de Monthermé en 1910.

Vital Molitor comparut devant la cour d’assises de Charleville, le 17 mai 1911, en qualité de témoin, lors du procès de Jules Guilbaut, responsable de la section des pupilles de la société coopérative La Solidarité de Charenton et inculpé pour provocation de militaires à la désobéissance ; en effet, le dimanche 20 août 1910, sur la place de Monthermé, les pupilles de retour d’excursion dans la vallée de la Meuse, avaient improvisé un concert et chanté, en ronde autour du drapeau rouge, Gloire au 17è de Monthéus en présence des soldats du 148è régiment d’infanterie cantonné dans la ville. Après les dépositions d’Albert Poulain , de Jean Jaurès et de Monthéus, Vital Molitor rappela qu’en d’autres circonstances, le jour du conseil de révision notamment, les conscrits avaient chanté Gloire au 17è sans être l’objet d’aucune poursuite judiciaire.

Le 9 juin 1912, La Maison du peuple dont la construction fut financée par les trois sociétés coopératives (La Ménagère, La Ruche et L’Aurore vinicole) fut inaugurée à Monthermé. Elle devint le siège de la Fédération des syndicats ouvriers des Ardennes. A une époque où les rapports entre le Parti socialiste SFIO et la CGT étaient tendus, Vital Molitor réussit à maintenir d’excellentes relations avec la Bourse du travail et son administrateur Théophile Sauvage. Ensemble, ils menèrent la lutte contre la loi des « trois ans » et l’idée d’une nouvelle guerre. Ainsi, lors du conseil de révision qui se tint à Monthermé dans le courant du mois d’avril 1913, Vital Molitor était au côté des six cents manifestants (militants du Parti socialiste SFIO, des Jeunes Gardes socialistes et de la CGT), qui accueillirent le préfet des Ardennes avec des drapeaux rouges, des pancartes contre la loi des « trois ans » et la marche des Jeunes Gardes. Le 1er mai suivant, il prit la tête d’un défilé qui rassembla cinq à six personnes devant la Maison du peuple.

Pendant la guerre de 1914-1918, Vital Molitor siégea dans l’administration communale et tenta de soulager les misères de la population soumise aux restrictions imposées par les Allemands. Il ne se représenta pas aux élections municipales du 30 novembre 1919, quittant ainsi la vie politique locale. Il demeura toutefois secrétaire de la section de la Ligue des droits de l’homme du canton de Monthermé jusqu’en 1922. Après avoir travaillé pendant une vingtaine d’années comme simple ouvrier d’usine, Vital Molitor tint d’abord un café, puis une épicerie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article196470, notice MOLITOR Eugène, Vital par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 25 octobre 2017, dernière modification le 25 octobre 2017.

Par Didier Bigorgne

Sources : Arch. de la Fédération des Travailleurs socialistes des Ardennes médiathèque de Charleville-Mézières) — Le Socialiste Ardennais, 1908 à 1919 — DBMOF, notice par Justinien Raymond — Renseignements fournis par Sadia Laffay, petite fille de l’intéressé — Etat civil de Pure et de Monthermé.

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