TROJANOWSKI Johan

Par Bernard Reviriego, Dominique Tantin

Né le 5 novembre 1902 à Lemberg (Empire russe, puis Lvov - Pologne, URSS -, aujourd’hui Lviv en Ukraine), massacré le 27 mars 1944 à Sainte-Marie-de-Chignac (Dordogne) ; victime civile.

Johan Trojanowski fut l’une des nombreuses victimes de la division Brehmer en Dordogne.
Du 26 mars au 2 avril 1944, la division Brehmer, ou division B de l’initiale du patronyme de son chef, le général Brehmer, accompagnée par des éléments de la Sipo-SD et de la Brigade nord-africaine et bénéficiant de renseignements collectés par des délateurs, collaborationnistes ou non, et par l’administration de Vichy, traversa le département de la Dordogne, traquant les maquisards et massacrant des civils en représailles dans le cadre d’opérations de répression, mais aussi en conduisant une politique génocidaire à l’encontre des nombreux Juifs réfugiés dans le département. Les hommes furent abattus parce que Juifs et les femmes et les enfants furent souvent arrêtés, transférés à Drancy puis déportés vers les centres de mise à mort, Auschwitz-Birkenau principalement.
En zone dite libre puis zone sud, les Juifs avaient été recensés en application d’une loi de Vichy du 2 juin 1941, le jour même de la promulgation du second statut des Juifs ; un recensement spécifique des Juifs étrangers intervint en janvier 1942 ; enfin, une loi de Vichy du 11 décembre 1942 imposa en zone sud la mention « juif » sur la carte d’alimentation et sur la carte d’identité des Juifs français et étrangers.
Johan Trojanowski était domicilié au Change (Dordogne). Le 19 mars 1944, un détachement composé de membre de la Gestapo et de Nords Africains investit le château de Pratz à Montrem (Dordogne). Dix personnes faisant partie du personnel et soupçonnées d’aider la Résistance sont arrêtées, dont Lorenz Mastalski, Johan Trojanowski, Casimir Wronski. Ils sont conduits au 35e de Périgueux puis transférés, le 22 mars 1944, au siège de la Gestapo à Limoges. Là, les Juifs sont séparés du groupe. Les prisonniers sont ensuite menés à la prison centrale de Limoges. Il fit ensuite partie des 23 otages exécutés à Sainte-Marie-de-Chignac (Dordogne) au lieu-dit Les Potences le 27 mars 1944 par des éléments de la division Brehmer en représailles à une action de la Résistance. Les victimes étaient en majorité d’origine juive.
Wronski et Mastalski furent exécutés à Brantôme (Dordogne) ce même jour.
Son nom ne figure pas sur la stèle érigée au lieu-dit Rivières-Basses (Sainte-Marie-de-Chignac), car il faisait partie des cinq victimes dont l’identité restait inconnue. Il fut identifié à la suite des recherches menées par Bernard Reviriego.
Il n’est pas totalement établi que Johan Trojanowski soit d’origine juive. En effet, le patronyme n’est pas un indicateur suffisant et il n’a pas été recensé comme juif au Change. Son nom apparaît dans la première Liste des victimes israélites dans le département de la Dordogne, conservées aux Archives du Consistoire du Bas-Rhin mais il n’est plus mentionné dans la seconde liste publiée.

Voir Sainte-Marie-de-Chignac, 27 mars et 1er avril 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article196507, notice TROJANOWSKI Johan par Bernard Reviriego, Dominique Tantin, version mise en ligne le 26 octobre 2017, dernière modification le 21 janvier 2022.

Par Bernard Reviriego, Dominique Tantin

SOURCES : Arch. dép. Dordogne, 1573 W 8, relation de M. Micheletti, alors propriétaire du château de Pratz, inséré dans le rapport adressé par le maire de Montrem en octobre 1944 ; E dépôt Périgueux 5 H 3 et 5 H 5. Archives du Consistoire du Bas-Rhin, Liste des victimes israélites dans le département de la Dordogne. — Bernard Reviriego, Les Juifs en Dordogne, 1939-1944, Périgueux, Éditions Fanlac-Archives départementales de la Dordogne, 2003, pp. 232, 240-242, 478. — Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, p. 143-163, 401. — Paul Mons, La folie meurtrière de la division Brehmer, mars-avril 1944, Dordogne-Corrèze, Haute-Vienne, Brive-la-Gaillarde, Éditions Les Monédières, 2016, pp. 71-73.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable