DUTARTRE Adrien, Eugène [DUTARTRE Adrien]

Par Laurent Gonon

Né le 27 mai 1913 à Roussillon-en-Morvan (Saône-et-Loire), mort le 16 août 1958 à Grigny (Rhône) ; employé SNCF (1937-1958) ; militant syndical CGT et communiste ; maire de Grigny (1955-1958).

Adrien, Eugène Dutartre était le fils de Louis François Dutartre, garde forestier à Chapaize (Saône-et-Loire) et d’Alexandrine Rouby, cinquième d’une famille de onze enfants. Il fut placé très jeune dans des fermes, ainsi que son frère Marcel Dutartre, qui fut conseiller général communiste de Villeurbanne (Rhône). Adrien Dutartre se maria à La Boisse (Ain) le 5 novembre 1938, avec Marie Francine Louise Burthier née en 1915 à Lyon. Ils eurent quatre enfants : Michel (1939 à Grigny) alors qu’il était réquisitionné, Roger (1941 à Replonges, Ain), Yves (1944 à la Tour-du-Pin, Isère) et Bernadette (1946 à Bourgoin, Isère).
Employé SNCF, en 1937 il débuta sa carrière au bas de l’échelle enrailleur au dépôt de Badan à Grigny. Démobilisé en juillet 1940, il fut muté à Mâcon (Saône-et-Loire) au poste de facteur SNCF, domicilié alors à Replonges. Muté à la Tour-du-Pin en janvier 1944 où il y fut nommé sous-chef de gare en 1947, puis chef de gare à Grigny (juin 1948) avant que celle-ci ne soit déclassée en 1957. Il fut alors muté à Chasse-sur-Rhône (septembre 1957). Pendant la guerre, il s’engagea dans la Résistance. Militant syndical, il participa à la grève de juin 1952, traduit en conseil de discipline par la SNCF il ne fut pas révoqué, mais pénalisé d’une réduction de 6/12e de la prime de fin d’année. Son engagement de militant communiste dans la commune, au côté de Roger Tissot alors directeur d’école, et sa popularité le conduisirent au Conseil municipal de Grigny en 1953, à la faveur d’une élection municipale partielle, sur une liste d’union à gauche avec quatre autres candidats de cette liste : Auguste Veyret, Trescartes, Murat et Louis Planchon. En mai 1955, Adrien Dutartre à la tête d’une liste d’union fit passer la municipalité de droite à gauche.
Le 7 mai Adrien fut élu maire. Mais la SNCF ne lui accorda que deux heures par jour pour son activité d’élu, et sous condition que l’intéressé pourvut aux vacances de son poste de travail sur ses propres deniers. Son épouse assura donc ses fonctions en son absence, sans gratification. Lors de sa mutation à Chasse-sur-Rhône, son épouse devint employée contractuelle à la SNCF (1er août 1957 - 2 juillet 1976), avec un statut sans concession qui prévoyait que lors des vacances de poste elle serait remplacée par une personne agréée par les services, prestation déduite de ses revenus. Adrien Dutartre fut président de l’Amicale laïque et du Sou des écoles de sa commune. Parmi les réalisations municipales, durant son court mandat (trois ans) interrompu par son décès, à noter l’achat du château neuf qui devint le nouvel Hôtel-de-ville dans lequel on découvrit, sous le mandat de Roger Tissot, des peintures murales du XVIIe siècle. La mairie, alors installée dans des locaux jouxtant l’église depuis 1862, ne correspondait plus au développement du village. Trois barres d’habitations furent construites à Bel-Air avec des fonds débloqués pour la réparation des dommages de guerre, à côté du château, au bord d’une rue centrale qui devint l’avenue Jean-Estragnat. Cette action permit le relogement des sinistrés encore hébergés dans des baraquements en bois. Puis, furent lancés les projets de construction de cinquante logements sociaux, avenue Jean-Durand et d’une école maternelle. De par sa fonction, Adrien Dutartre eut le douloureux devoir d’annoncer le décès du premier soldat grignerot tombé en Algérie. Élu dévoué, à l’écoute des Grignerots, soucieux de leur rendre service, ses engagements lui valurent une forte popularité.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article196510, notice DUTARTRE Adrien, Eugène [DUTARTRE Adrien] par Laurent Gonon, version mise en ligne le 26 octobre 2017, dernière modification le 26 octobre 2017.

Par Laurent Gonon

SOURCES : http://lesamisduvieuxgrigny.fr/maires. — Joseph Jacquet, Les cheminots dans l’histoire sociale de la France, Éditions Sociales, Paris 1967. — http://www.mairie-grigny69.fr/Regard-sur-la-ville/Patrimoine. — La République, août 1958, Bibliothèque municipale de Lyon Magreg 6697. — Archives familiales.

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