GRYNBERG Régine [née SOKOL Rywka]

Par Daniel Grason

Née le 10 avril 1910 à Zambrów (Pologne), déportée à Auschwitz (Pologne), morte à une date inconnue ; institutrice ; déportée à Auschwitz (Pologne) ; rentrée de déportation en 1945 ; victime de l’antisémitisme.

Fille d’Israël et de Abta, née Kruppuishe, Rywka Sokol arriva en France en 1930. Elle épousa Yhiel Grynberg, le couple eut deux enfants, et habita 21 rue du Tunnel à Paris (XIXe arr.). Elle était titulaire d’une carte d’identité d’étranger valable jusqu’au 10 novembre 1944. Elle travailla comme institutrice dans des patronages et colonies de vacances jusqu’en février 1943. Son mari était prisonnier de guerre, interné dans un stalag.
Rywka Grynberg fut repérée lors de filatures de membres du Parti communiste clandestin, le 25 juin 9943 à 14 heures 45, Cours de Vincennes alors qu’elle conversait avec deux femmes, et le même jour à 17 heures 55 à l’angle des rues de Lancry et de Bondy (Xe arr.).
Elle fut interpellée le 2 juillet 1943 vers 7 heures 15 par quatre inspecteurs de la BS2 face au 2 rue Pascal à Paris (Ve arr.). Fouillée, elle était porteuse de onze feuillets manuscrits, sept feuillets de pommes de terre, et de deux talons de cartes de pain, un récépissé de mandat d’une somme de 1409,50 francs. Les policiers perquisitionnèrent le domicile du couple Eisenstein ben Nichou Klajn Mirla qui croyaient-ils hébergeait Rywka Grynberg. La visite de son domicile rue du Tunnel a été négative.
Fouillée elle portait sur elle onze feuilles de papiers dont 7 feuilles de tickets de pommes de terre portant le cachet de différentes mairies, deux talons de cartes de savon, un récépissé de mandat, et un ticket de métro annoté. La perquisition de son domicile a été négative.
Interrogée dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police, elle déclara : « Pendant dix ans je me suis occupée des enfants juifs comme institutrice. Depuis juillet 1942 je m’occupe de placer les enfants des déportés à la campagne, chez des nourrices. Mes rendez-vous se faisant dans la rue, j’ignore l’adresse des personnes rencontrées car la situation des juifs est illégale. » Les détenus hommes et femmes de l’affaire Boruch Lerner furent livrés aux services allemands SD 4 et 2.
Emmenée dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police, les inspecteurs lui demandèrent la raison pour laquelle elle rencontrait des femmes juives. Elle répondit qu’elle avait enseigné pendant dix ans à des enfants juifs. Elle indiqua que depuis le mois de juillet 1942 elle s’occupait de « placer des enfants de déportés à la campagne chez des nourrices. » Elle affirma « Mes rendez-vous se faisant dans la rue j’ignore l’adresse des personnes rencontrées car la situation des juifs est illégale. »
Elle reconnut qu’il lui arrivait de quitter Paris pour se rendre en province. Elle affirma ignorer si ceux avec qui elle était en relation s’occupaient de politique. « Pour ma part, je n’ai jamais donné mon adhésion à aucune organisation » déclara-t-elle. Quant à Eisenstein ben Nichou, il était son cousin, et jamais il ne l’hébergea. Les onze feuillets manuscrits se rapportaient à la comptabilité de son activité de sauvetage des enfants. Rywka Grynberg était membre de l’Organisation de Secours aux Enfants (OSE) qui envoyait les enfants juifs dans des lieux plus sûrs, notamment en province, en liaison avec Sophie Schwartz-Micnik et Eva Golgevit. Elle participait également au réseau du MNCR (Mouvement national contre le racisme).
Rywka Grynberg a été déportée le 31 juillet 1943 dans le convoi n° 58 d’un millier de femmes, d’enfants et d’hommes à destination d’Auschwitz (Pologne). À l’arrivée, 662 furent gazés, 232 hommes et 106 femmes ont été sélectionnés.
Quand l’armée Soviétique libéra le camp le 27 janvier 1945, parmi les survivants, cinq femmes : Genendel Goldsztajn, Esther Baginski, Hadassa Lerner née Tenenbaum, Rose Besserman militantes communistes de la Main-d’œuvre immigrée et Rywka Grynberg de l’Œuvre de secours aux enfants, toutes furent arrêtées lors du coup de filet des Brigades spéciales contre les militantes et militants de la Main-d’œuvre immigrée. Deux hommes étaient vivants : Berek Baginski, militant communiste de la Main-d’œuvre immigrée et Maurice Honel, ex. député communiste de Clichy-Levallois (Seine, Hauts-de-Seine).
Le 15 septembre 1945, Rywka Grynberg a été auditionnée dans le cadre d’une commission rogatoire, elle reconnaissait sur photographies L... et M... Elle ne reconnaissait pas les deux autres, elle reconnue aussi un autre inspecteur L. « comme étant l’auteur de sévices. » Elle se souvenait de « Liuba Bacicurinschi déportée dans le même convoi que moi et qui mourut à Birkenau en septembre 1943. »
Elle déclara : « Après douze jours de détention, j’ai été envoyée au Dépôt, puis à Drancy d’où j’ai été déportée le 31 juillet 1943 à Auschwitz et Birkenau. J’ai été libérée le 27 janvier 1945 par les armées russes. »
« Au cours des perquisitions effectuées à mon domicile, les inspecteurs ont volé : une tente et du matériel de camping, deux costumes appartenant à mon époux alors prisonnier de guerre, un moulin à café, un fer électrique et une assez grande quantité de linge. »
Elle porta plainte contre les inspecteurs qui l’arrêtèrent, et contre ceux qui la frappèrent. Elle déposa aussi plainte pour vol.
Rywka Grynberg a été homologuée Résistante internée française (RIF) et Déportée internée résistante (DIR). Sur le mur des noms au Mémorial de la Shoah a été gravé le nom de Rywka Grynberg, dalle 19, colonne 7, rangée n° 1, 17 rue Geoffroy-l’Asnier à Paris (IVe arr.).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article196602, notice GRYNBERG Régine [née SOKOL Rywka] par Daniel Grason, version mise en ligne le 13 décembre 2020, dernière modification le 26 septembre 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 2298, GB 130, KB 25, 77 W 666-237734, 77W 3119, 77 W 5349-292008. – Bureau Résistance GR 16 P 552004. – Après Auschwitz, n°190, mai-juin-juillet 1980, . – Site internet CDJC. – Notes d’Isabelle Ernot.
2017, Vivre, aimer, avec Auschwitz au cœur, Samy Dassa, l’Harmattan, 2022 (communiqué par M. Jean Barat).

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