MALLARTE Henri, Eugène, Gabriel

Par Alexandre Mallarte

Né le 26 août 1914 à Condrieu (Rhône), mort le 27 juillet 1997 à Condrieu (Rhône) ; postier ambulant, représentant de commerce, secrétaire ; animateur des Jeunesses socialistes de Paris, militant SFIO, membre de la tendance Action Socialiste, adhérent au mouvement européen contre la guerre et le fascisme Amsterdam-Pleyel, président du Sou des Écoles Laïques de Condrieu et de la DDEN pour le canton de Condrieu, syndicaliste CGT ; créateur de la section du Parti socialiste de Condrieu, maire socialiste de Condrieu (1977-1983).

En 1939

Henri Mallarte est le fils de Jules Mallarte, (1893-1946), comptable et militant socialiste révolutionnaire, et de Marie-Louise Garin (1893-1938), sans profession. Tous deux se marièrent à Paris – où ils résidaient – le 12 juillet 1913. Quelques mois plus tard, Jules Mallarte incorpora l’Armée française afin d’effectuer son service militaire, marqué l’année suivante par la Première Guerre mondiale. Dès lors, Marie-Louise Garin alors enceinte d’Henri décida de retourner vivre en sécurité auprès de sa famille à Condrieu, leur terre natale. Henri Mallarte naquit ainsi le 26 août 1914 à Condrieu, en pleine guerre. Il avait une sœur aînée, Laurence Mallarte (1912-1987), née à Paris.
À son retour de la guerre en 1919, Jules et Marie-Louise, accompagnés de leurs deux enfants regagnèrent Paris où Henri Mallarte passa sa jeunesse. Il fit sa scolarité à l’école place des Vosges, avant d’obtenir son certificat d’étude, puis son brevet supérieur. Il obtint son premier travail à La Poste, puis il se rapprocha de ses grands-parents à Condrieu, en tant que postier ambulant dans les trains sur la ligne Lyon-Belfort.

Selon l’idéologie de son père, Henri Mallarte reçut une éducation laïque, socialiste et pacifiste. En effet, Jules Mallarte, sur lequel le conflit laissa des traces indélébiles, n’hésite pas à lui transmettre dès le plus jeune âge, sa haine de la guerre et ses aspirations pour la paix. En ce sens, Henri Mallarte suivit les traces de son père et l’accompagna très tôt sur la scène politique.
En 1933, imprégné par le socialisme, Henri Mallarte s’engagea dans les Jeunesses socialistes de la Seine à dix-neuf ans. La même année, il adhéra au mouvement antifasciste européen Amsterdam-Pleyel, dont son père était le secrétaire national français. D’ailleurs, pour ne pas confondre Jules et Henri, les rédacteurs du journal du PCF, L’Humanité, le nommait « Mallarte fils ». Dès lors, Henri Mallarte participa à l’Action Socialiste, une tendance unitaire de la SFIO créée par son père. Animateur des Jeunesses socialistes de Paris, il prit part le 14 janvier 1933 à la réunion préparant le « Congrès mondial de la jeunesse contre la guerre et le fascisme » du 22 septembre 1933 . Le 14 décembre 1933, il parla à Alfortville lors d’un meeting antifasciste pour se solidariser avec les victimes hitlériennes et sauver les militants communistes Dimitrov, Popov, Torgler, Tanev, injustement accusés de l’incendie du Reichstag de février 1933 et menacés de pendaison dans un procès monté de toute pièce.
En 1935, Henri Mallarte rejoignit officiellement son père à la 4e section de la Fédération de la Seine du Parti socialiste SFIO.

Durant les années 1930, Henri Mallarte fit également parler de lui dans le sport ouvrier en décrochant le titre de champion de France de 400m en athlétisme FSGT (Fédération sportive et gymnique du travail). En juillet 1935, il participa aux premiers championnats de Paris de la FSGT qui se déroulèrent au stade Pershing. Sprinteur, ce fut aux disciplines du 100m et du 200m qu’il s’illustra en réalisant deux des huit meilleures performances des championnats, avec un chrono de 11s pour le 100m et de 23s pour le 200m.
Face à la montée des périls, Henri Mallarte fut mobilisé le 27 août 1939 par l’Armée de terre française et intégra le 37e bataillon de chars (2e compagnie), avec pour grade celui de caporal-chef. La guerre déclarée, il participa aux combats de Belgique du 15 au 18 mai 1940 et à la Retraite de France du 18 au 27 mai 1940, avant d’être démobilisé dans le Gers (Saramon) avec son bataillon le 21 août 1940, après la capitulation de la France. Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et son déroulement confortèrent ses idées pacifiste ; en pleine guerre, il alla jusqu’à remplacer son revolver par un paquet de cigarettes.
En 1940, la ville de Belfort dans laquelle il était postier ambulant se retrouva en zone occupée par les Allemands. Il décida alors de quitter La Poste pour devenir représentant de commerce dans le matériel électrique dans le secteur sud-est de la France et se rapprocha de sa famille à Condrieu, commune située en « zone libre ». C’est dans ce contexte que Henri Mallarte rencontra Lucienne Giraudet alors vendeuse au magasin (Le Pèle Mêle) de son oncle Jean Garin (frère de sa mère Marie-Louise Garin) avec qui il se maria le 26 novembre 1941 à Condrieu, et eut quatre enfants (Raymond, Gabriel, André, Jean-Marc).

À la Libération, Henri Mallarte rejoignit la Fédération du Rhône du Parti socialiste SFIO et de la CGT. Représentant dans le sud-est de la France, il devint ensuite secrétaire au sein des établissements « rancolor » (à Saint-Clair du Rhône), puis à l’usine Kuhlmann qui comptait des milliers d’ouvriers dans les produits chimiques. Fort de son héritage et de son expérience parisienne, il continua la bataille syndicale. Henri Mallarte devint rapidement l’un des piliers du monde syndical de l’usine en tant que délégué syndical à la CGT, avant d’être élu responsable du service social.
En mai-juin 1968, il prit part au mouvement de grèves générales. Alors en réunion sur Paris, les grévistes de l’usine de Saint-Clair du Rhône recueillirent sa présence. Les trains étant bloqués, il fit de l’auto-stop sur des centaines de kilomètres pour mener l’action dans l’usine et enfermer le directeur dans son bureau afin d’obtenir satisfaction aux revendications des travailleurs.
Entre temps, il s’était mis au service de l’école publique laïque en devenant secrétaire et trésorier du Sou des écoles laïques de Condrieu, puis président d’honneur. Président des parents d’élèves du comité condriot FCPE, il fut même élu président des délégués départementaux de l’éducation nationale (DDEN) pour le canton de Condrieu. À titre de récompense pour son œuvre laïque, il finit par recevoir les palmes académiques (comme son grand-père Gabriel Mallarte avant lui).

Dans les années 1970, Henri Mallarte contribua à la création de la section du Parti socialiste de Condrieu. Soucieux de s’implanter dans le département, le Parti socialiste le choisi comme candidat aux élections cantonales du 7 mars 1976, qui se traduisirent par une défaite prévisible.
Cependant, tête de liste de l’union de la gauche en 1977, il remporta les élections municipales et devint maire de Condrieu jusqu’en 1983, écartant ainsi la droite du paysage politique condriot. Il se plaça en défenseur de la justice sociale. Maire socialiste de Condrieu, Henri Mallarte contribua à la rénovation et l’amélioration de la vie communale avec la création du collège Le Bassenon, du lotissement de « La Celle », de la salle de l’Arbuel ou encore du nouvel hôpital. Estimé de tous pour son travail rigoureux, son intégrité et sa générosité, il laisse la main à la fin de son mandat, à son ami et premier adjoint Gabriel Montcharmont (1940-2019), maire de 1983 à 2008.
Henri Mallarte termina ses jours paisiblement à Condrieu, avant de s’éteindre le 27 juillet 1997. Un dernier hommage lui fut rendu sous l’air du Temps des cerises et de l’Internationale, symbole de son héritage et de son existence.

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Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article196630, notice MALLARTE Henri, Eugène, Gabriel par Alexandre Mallarte, version mise en ligne le 1er novembre 2017, dernière modification le 21 janvier 2022.

Par Alexandre Mallarte

En 1939
Henri Mallarte athlète
Henri Mallarte maire de Condrieu
Élections cantonales de mars 1976

SOURCES : Arch. Dép. Seine-Saint-Denis, Fonds Barbusse. — Alexandre Mallarte, L’action socialiste. Un mouvement d’unité révolutionnaire au sein de la SFIO (1930-1935), Master 2, Université de Bourgogne, 2016, p. 155 ; Alexandre Mallarte, Jules Mallarte (1893-1946) : biographie d’un militant socialiste et pacifiste, M1, Dijon, 2015. — Philippe Baudorre, Barbusse. Le pourfendeur de la Grande Guerre, Paris, Flammarion, 1995. — Jocelyne Prezeau, Amsterdam Pleyel (1932-1939). Histoire d’un mouvement de masse, Université de Paris VIII, Thèse de doctorat d’histoire, 1993. — Témoignage de Gabriel Mallarte. — Papiers de la famille Mallarte : Carnet d’adhésion à la SFIO d’Henri Mallarte ; Certificat de combattant 39-40 ; Articles du Progrès et du Dauphiné ; Tracts et affiche élections cantonales ; Archives du Sou des écoles laïques de Condrieu.
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