PAULY Raymond, Étienne

Par Jean-Louis Ponnavoy

Né le 15 février 1897 à Martillac (Gironde) ; exécuté sommairement le 6 juin 1944 à Caen (Calvados) ; cafetier ; résistant du réseau Arc-en-Ciel, Turma Vengeance.

Raymond Pauly était le fils de François, boulanger puis cultivateur et de Jeanne Gillard, sans profession. Il se maria le 12 juin 1929 à Paris (XVIIIe arr.) avec Madeleine Emilia Piekarsky, sans profession.
Il fut marchand de tissus à Paris puis cafetier à Bordeaux. Il entra dans la Résistance à Bordeaux. Soupçonnée par la Gestapo et sa femme étant arrêtée et déportée en octobre 1943, il dut quitter la ville pour se réfugier dans le Calvados, à Auvillars chez des amis. Il s’installa à Caen en mars 1944 où il fut contacté par Arthur Collard, membre du réseau Arc-en-Ciel, sous-réseau de Turma Vengeance pour lequel il devint agent de renseignement clandestin dans le Calvados. Il accompagna Maurice Dutacq->196258 dans ses déplacements à vélo pour espionner les allemands. Assez porté sur l’alcool, il se mit à fréquenter le café "La Mascotte" et avec son exubérance méridionale, il fut surnommé "Marius". Lui-même s’était donné des pseudos de résistants qui ne le faisaient pas passer inaperçu, "Martini" ou"Pastaga". Il en vint à manquer de discrétion et à exprimer ses sentiments antiallemands puis à fréquenter deux jeunes lillois qui étaient en fait des agents français de l’Abwehr se faisant passer pour des résistants. Ces derniers purent ainsi infiltrer le réseau qui fut entièrement démantelé. Raymond Pauly fut arrêté par l’Abwehr le 22 mai 1944 et interné à la maison d’arrêt de Caen.
Le jour du débarquement en Normandie le 6 juin 1944 et suite au bombardement de la gare de Caen, le chef du SD de Caen, Harald Heynz décida d’éliminer la plupart des prisonniers afin qu’ils ne soient pas libérés par les troupes alliées. Raymond Pauly fut sorti de sa cellule et conduit ainsi que 86 autres résistants dans une des courettes du chemin de ronde de la prison où il fut abattu d’une rafale de mitraillette dans la nuque. Les corps des victimes furent inhumés provisoirement dans une cour de la prison. Dès le lendemain 7 juin, les britanniques donnaient le premier assaut à la ville. Le 30 juin devant l’imminence de la prise de la ville, les allemands exhumèrent les corps pour les faire disparaître sans laisser de traces. Ceux-ci furent transportés en camion en un autre lieu à l’ouest de la ville, probablement dans des carrières de calcaire. Selon certains témoignages, ils auraient pu être emmenés près de Rouen, dans la forêt de La Londe, à l’entrée de laquelle une stèle "À la mémoire des victimes du nazisme dans la forêt de La Londe 1940-1944" a été érigée et incinérés dans une carrière en contrebas. Les corps n’ont donc pas été retrouvés pour être identifiés. Des bûcherons ont vu à cet endroit des camions et des soldats allemands, ainsi qu’une épaisse fumée. En même temps, il y avait une odeur de corps qui brûlent. Cela dura deux jours. S’agissait-il des fusillés de Caen ? Le mystère demeure.
Il obtint la mention « Mort pour la France » le 23 août 1947.
Son nom figure sur le monument commémoratif des fusillés du 6 juin 1944, à Caen (Calvados).
Une plaque apposée sur le mur d’entrée de la prison de Caen porte l’inscription suivante : « À la mémoire des prisonniers fusillés par les allemands le 6 juin 1944. L’oppresseur en les tuant a cru les faire mourir, il les a immortalisés ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article196704, notice PAULY Raymond, Étienne par Jean-Louis Ponnavoy, version mise en ligne le 3 novembre 2017, dernière modification le 4 novembre 2017.

Par Jean-Louis Ponnavoy

SOURCES : Site en ligne Le forum du débarquement et de la bataille de Normandie — Site internet http://chantran.vengeance.free.fr/.— Mémorial GenWeb.— État civil.

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