COUCHOT, Jean, Alphonse dit JEHAN [Dictionnaire des anarchistes]

Par Rolf Dupuy, Dominique Petit

Né le 10 janvier 1845 à Bidache (Basses-Pyrénées) ; tailleur d’habits ; anarchiste parisien, antipropriétaire et antipatriote.

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

En septembre 1881, Jean Couchot aurait été l’un des fondateurs, avec Graillat, du groupe La Sentinelle qui se réunissait 2 rue Berthe (XVIIIe arr.). Aux côtés notamment de Vilhem et de Louis Duprat, Jean Couchot avait été en juin 1882 l’un des fondateurs du groupe L’Aiguille regroupant à l’origine les tailleurs anarchistes. Tous les trois appartenaient au syndicat des tailleurs, association corporative exclusivement anarchiste, qui ne groupait qu’une dizaine de personnes ; ce syndicat tenait ses réunions dans le Ier et le IIe arr.
À partir de 1886, Couchot fut membre de la Ligue Antipatriotique. Le 15 décembre 1886, à la réunion de la section des 9e et 18e arrondissements de la Ligue des Antipatriotes, Couchot songea à faire passer dans les journaux une note invitant ceux qui auraient l’intention de déménager clandestinement, pour le terme de janvier, à s’adresser à La Ligue des Antipropriétaires. À la réunion du 3 janvier 1887 des Antipatriotes du 9e et 18e arrondissements, Couchot et Vallat continuèrent leur campagne antipropriétaire, sans beaucoup de succès selon le rapport de la police.
Le 16 janvier suivant, à la réunion de la Ligue des Antipatriotes, Couchot proposa un ordre du jour demandant qu’on étudie les moyens d’ouvrir les prisons de Mazas et La Roquette au jour de la révolution. À la réunion du 7 février 1887 de la Ligue des Antipatriotes et de la Jeunesse anarchiste, Couchot avait convoqué les groupes afin de proposer une réunion de protestation contre la Bourse du travail. Il y déclara « qu’il ne fallait pas se laisser mener par les chambres syndicales ».
Le 11 avril 1887, lors d’une réunion des sections de la Ligue des antipatriotes, Couchot, Dejoux et Tortelier voudraient que le meeting des ouvriers sans travail soit organisé en plein air. Ils trouvaient que depuis quelque temps, les anarchistes ne faisaient que des réunions platoniques et qu’il serait temps d’agir plus énergiquement.Le 7 mai 1887, lors de la réunion des groupes anarchistes parisiens, tenue 96 rue de Richelieu, Couchot apporta 500 exemplaires de grands manifestes abstentionnistes, imprimés chez Mme Vert et les distribua aux assistants, recommandant à chacun de les placarder au plus tôt. Le 15 mai 1887, à la réunion des sections de la Ligue des Antipatriotes et des groupes anarchistes, Lucas et Couchot proposèrent que les anarchistes se réunissent place de la Bastille pour se rendre ensuite au Père Lachaise, pour l’anniversaire de la Commune, avec drapeau rouge et noir. Il fut décidé de se rendre au Père Lachaise avec les drapeaux, mais sans fixer de lieu de rendez-vous. La Ligue des Antipatriotes avait convoqué, le 3 juillet 1887, les groupes anarchistes de Paris à la suite des poursuites contre Miquet et Moreau devant la cour d’assises, pour avoir imprimé et distribué des manifestes intitulés Aux conscrits. Couchot et Courtois proposèrent que les anarchistes organisent une manifestation au Palais de justice, le jour du procès.
Le 18 juillet 1887, Couchot qui avait recruté une quinzaine de compagnons aida à déménager à la cloche de bois, Mlle Delacour, chanteuse de café-concert dont les meubles devaient être saisis, 38 rue des Abbesses, par son propriétaire. A dix heures du matin, la petite bande vint enlever les paquets et le mobilier mais le concierge tenta de s’y opposer dans l’escalier. Il fut saisi à la gorge par Couchot, pendant que les autres descendaient et emportaient l’objet du litige sur une voiture à bras. Le concierge réussit à se dégager, courut à la voiture et parvint à renverser les paquets sur le trottoir. Couchot fut arrêté Le 18 août 1887, il fut jugé par le tribunal correctionnel de la Seine avec Jules Leroux, Lucien Bécu, Louis Thirion, Mathias Lamensfelt, Laurent Ansiaux, Pierre Dufour et Mlle Delacour. Couchot fut condamné à 4 mois de prison et Mlle Delacour à un mois, les autres participants étant acquittés.
Vers 1887, il était l’un des animateurs du groupe La Lutte avec entre autres Moucheraud, Murjas, Louiche, Delaye et Pivier. Il participait également aux réunions du groupe La Panthère des Batignoles et Ni Dieu, ni maître.
Début 1888, Couchot avait activement participé à la campagne abstentionniste lors des élections municipales à Paris. À cette même époque, lors de réunions, il s’était opposé à la proposition de perturbations par notamment des membres du groupe Les Pieds Plats de conférences tenues à l’église Saint Gervais, estimant que "gueuler et faire du potin dans les monuments affectés au culte, ne servirait qu’à faire arrêter quelques copains" et que le jour "où l’on se rendra dans une église, ce ne sera que pour y mettre le feu".
Au printemps 1888, il aurait fondé avec Lucas le nouveau groupe appelé Groupe d’action chargé d’organiser des meetings où selon la police "serait prêchée la propagande par le fait". Le 27 mars 1888, lors de la réunion de la 2e section des Antipatriotes, Duprat et Couchot firent savoir qu’ils étaient en train de créer de nouveaux groupes dans le quartier de la Bourse.
Le 1er mai 1888, à la réunion de la 2e section de la Ligue des Antipatriotes, Couchot expliqua que lors de la prochaine manifestation, si la police tapait sur les anarchistes, il ne faudrait pas se sauver comme d’habitude mais résister : « il ne suffit pas de crier dans les réunions, c’est en face du danger qu’il faut le montrer et agir ». Il annonça qu’une conférence aurait lieu le jeudi suivant, à la salle Rousseau, 31 rue de Montmartre pour traiter du Régime des prisons.
Le 26 juin 1888, lors d’une assemblée de la chambre syndicale des hommes de peine à la Bourse du travail, il avait vivement critiqué les organisateurs de la chambre pour avoir violé les principes anarchistes s’opposant à toute organisation et avoir choisi de siéger à la bourse, un fief possibiliste. Il avait ajouté : "Si vous voulez que les travailleurs se rangent sous votre drapeau, arrachez le de cette Bourse du travail où votre syndicat parait un séide des possibilistes, formez des noyaux de révolutionnaires dans chaque arrondissement et démasquez hardiment ces saltimbanques du socialisme qui prennent la question ouvrière pour tremplin et n’ont qu’un but : arriver au pouvoir".
Couchot fut arrêté le 9 août 1888, avec 16 autres manifestants, lors des bagarres qui se produisirent à l’occasion de l’enterrement du général Eudes, et qui firent quinze blessés.
Il aurait également été l’un des imprimeurs-gérant de L’Anarchie (Paris, au moins 18 numéros et un supplément, du 30 août 1890 au 24 août 1891), quotidien, hebdomadaire puis irrégulier publié par P. Martinet.
Le 12 décembre 1891, à la réunion des anarchistes de Paris et de la Ligue des Antipatriotes, Cochot expliqua que les anarchistes devraient envahir les réunions où les conseillers de prud’hommes posaient leur candidature pour dire qu’il ne servait à rien de voter car « les candidats sont bons à tuer ».
Le 16 décembre suivant, à la réunion des différents groupes anarchistes parisiens, Couchot imputa à Martinet la condamnation de Grangé à 8 ans de travaux forcés.
Le 23 décembre 1891, à la réunion du groupe Les Peinards, Couchot invita à imprimer des passe-partouts disant aux ouvriers du bâtiment de ne pas travailler à la construction de prisons. Puis le 26 décembre, à la réunion de la Ligue des Antipatriotes, Couchot demanda si les anarchistes étaient bien décidés à empêcher les ouvriers du bâtiment de travailler à la construction de prisons.
Le 27 janvier 1892, à la réunion de la Ligue des Antipatriotes, Couchot expliqua qu’il était malheureux de voir comment était conduite la grève des cochers de l’Urbaine, à la tête de laquelle se trouvaient des ambitieux qui ne savaient que parlementer avec les pouvoirs publics. Il invita les anarchistes à se rendre dans les réunions de grévistes pour leur faire comprendre que ce n’est que par la révolte qu’on obtient gain de cause.
Le 10 février 1892, à la réunion de la Ligue des Antipatriotes, Couchot, à propos de la grève des cochers de l’Urbaine, reprocha à Baudelot et Baudoin d’avoir reçu de M. Lamonta, directeur de l’Urbaine, une somme de 500 francs pour aller semer le trouble dans les réunions des cochers. Pour Couchot, Baudelot et Baudoin devraient être chassés des rangs anarchistes. Baudelot répondit que Couchot savait fort bien que les principes anarchistes étaient de prendre l’argent là où il y avait, donc en prenant les 500 francs de Lamonta, il n’avait fait que mettre en exécution les théories anarchistes.
Comme de très nombreux compagnons, tant à Paris qu’en banlieue et en province, Jean Couchot, qui demeurait 28 Faubourg Sébastopol, avait été arrêté le 22 avril 1892, préventivement à la manifestation du 1er mai.
Le 23 mars 1894, Couchot qui demeurait 4 faubourg Poissonnière fut arrêté par le commissaire du quartier. En le voyant emmener par les agents, un voisin déclara : « Pour celui-là, il ne doit pas être bien dangereux, malingre et boiteux comme il est ! ». Il fut inscrit au Fichier Bertillon. Il était, notait la police, "connu comme organisateur de réunions anarchistes".

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article196719, notice COUCHOT, Jean, Alphonse dit JEHAN [Dictionnaire des anarchistes] par Rolf Dupuy, Dominique Petit, version mise en ligne le 4 novembre 2017, dernière modification le 17 février 2022.

Par Rolf Dupuy, Dominique Petit

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York
Fiche photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

SOURCES : Fichier Bertillon — Le Père Peinard, année 1892 — Le Gaulois, 17 mars 1892 — Le Temps, 21 août 1887, 23 avril 1892 — Le Gil Blas 25 mars 1894 — Le Petit Journal 20 août 1887 — APpo BA 73, 75, 99, 1491,1500,1509 — R. Bianco "Un siècle de presse anarchiste...", op. cit. — État civil de Bidache.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable