CHAUSSON Clément [CHAUSSON Léonard, Clément]

Né le 25 novembre 1887 à Saint-Hilaire-Foissac (Corrèze), mort le 12 janvier 1961 à Saint-Bonnet-Avalouze (Corrèze) ; instituteur, puis négociant en bois, enfin cultivateur, exploitant agricole ; socialiste (1908), puis communiste ; député de la Corrèze (1946-1955).

Issu d’une famille de paysans travailleurs qui quitta le pays pour s’établir à Égletons, Clément Chausson obtint son Brevet élémentaire et sollicita un poste d’instituteur. Il fut nommé à Noyon (Oise). En 1908, il adhéra au Parti socialiste. Il quitta ensuite l’enseignement pour devenir comptable à Montaignac-Saint-Hippolyte (Corrèze), à la distillerie Labounœx, et devint délégué à la propagande du Parti socialiste. Il compta parmi les fondateurs du journal hebdomadaire socialiste puis communiste Le Travailleur de la Corrèze, dont il fut directeur en 1920, puis de 1935 à 1939, enfin après 1945 jusqu’à sa mort.
Lors de la Première Guerre mondiale, alors qu’il était dispensé de service militaire, il s’engagea et devint secrétaire particulier de l’intendant général de l’armée de Châlons. Au cours d’une permission, il prit contact avec la minorité socialiste. Il resta dès lors fidèle à ses points de vue, en ce qui concerne la guerre puis la Révolution russe. Il prit parti pour la IIIe Internationale : au congrès d’Égletons en 1919, où la Fédération socialiste de la Corrèze émit un vote d’unanimité, puis le 30 janvier 1921, au congrès de Bugeat (Corrèze), où cette unanimité se désagrégea. Il réussit à empêcher les socialistes de s’emparer de l’hebdomadaire Le Travailleur de la Corrèze ; il fut élu membre du bureau du PC (voir Marius Vazeilles*).
En 1927, Clément Chausson fut élu maire de Moustier-Ventadour (canton d’Égletons), faisant de cette localité un bastion communiste. En 1928, il fut candidat aux élections législatives dans la 1re circonscription de Tulle (Tulle-Sud), celle de François Aussoleil*, décédé au mois de janvier précédent, puis à nouveau dans cette circonscription en 1932. Cette même année, il s’établit marchand de bois à Égletons, créant ainsi une des plus importantes entreprises de la région. Il devint par la suite président du syndicat des marchands de bois de la Corrèze. En décembre 1938, il était membre du bureau régional.
Arrêté le 2 septembre 1939 après l’interdiction du Parti communiste, Chausson fut condamné à Tulle à quatre mois de prison et 44 000 F d’amende en même temps que Biaugeaud. À sa libération, il fut Interné administrativement par le préfet de Corrèze le 4 juin 1940. Il fut transféré au camp de Chibron (commune de Signes, Var), où il déclara à l’administration avoir conservé ses opinions. Il fit partie de l’équipe volontaire pour donner des cours aux autres internés. Il fut envoyé fin 1940 à Saint-Germain-les-Belles et Saint-Paul-d’Eyjeaux (Haute-Vienne), il s’en évada et entra dans la clandestinité. Il fut condamné par contumace à Limoges en 1941 à un an de prison. Il milita dans la région de Toulouse, éditant et distribuant des tracts. De nouveau arrêté, il fut condamné à Toulouse à dix ans de travaux forcés pour activités communistes. Il avait vendu son entreprise de commerce de bois complètement désorganisée. Il s’évada de nouveau pendant un séjour à l’hôpital et réussit à échapper définitivement aux recherches policières, poursuivant son action militante. La commission des cadres donne une version différente : « Se réfugie à Nice. N’a pas eu d’activité pendant cette période (août 1942 à la Libération) » (fiche synthèse, vers. 1950, RGASPI 495 270 9081).
À la Libération, il acquit aux environs de Tulle une propriété agricole qu’il exploita avec sa famille. Il fut nommé membre du Comité départemental de Libération, du Comité de confiscation, de la commission de sécurité, de la Chambre de commerce de Tulle-Ussel. Il fut un temps maire de Moustier-Ventadoux.
Député communiste à l’Assemblée constituante, Clément Chausson fut ensuite constamment réélu jusqu’en 1956, date à laquelle il demanda à être relevé de son mandat pour raisons de santé. Candidat aux élections municipales en 1947, il avait été élu conseiller municipal et devint maire au bénéfice de l’âge. Sa gestion dura deux ans. Il donna la mesure de ses qualités d’administrateur et d’organisateur, accomplissant dans divers domaines d’importantes transformations. Aux élections suivantes, il ne fut plus maire mais resta conseiller, dirigeant la fraction communiste du conseil municipal jusqu’en 1959.
Une note de synthèse de la commission des cadres (s.d., vers 1950) donne une appréciation nuancée : « Camarade dont l’honnêteté et la fidélité ne peuvent être mises en doute. Mais sentimental à l’extrême, ayant tendance à "passer l’éponge", cas Vazeilhes qu’il a reçu néanmoins, lui a serré la main et lui a fait des remontrances au nom "de leur vieillle amitié". Cas de Var, d’Ussel, où sans énergie, dans une réunion publique, il explique "avec tristesse" et "regret" que Var soit ce qu’il est, au lieu de cogner contre ce pétainiste notoire. »
Et encore, en rapport avec une commission d’enquête de mai 1949 composée de Gillot, Llante, Barbé : « Dans tout cela (situation politique de la fédération et affaires diverses), Chausson ignore bien des choses. Sa position est d’être bien avec tout le monde, de ne contrarier personne. Il n’aide pas politiquement la direction fédérale, ni la direction de section (Tulle) et travaille très souvent sans le contrôle du Parti, y compris dans l’édition du Journal de Tulle, qui sortit pour la campagne électorale (élection municipale), dont il est tout à la fois directeur, rédacteur, répartiteur, trésorier. On fait du "municipalisme". »
Veuf d’un premier mariage, Clément Chausson avait épousé l’amie et la collaboratrice qui l’avait secondé dans son entreprise de bois et qui avait été arrêtée en même temps que lui en 1939. Il passa les dernières années de sa vie à s’occuper de son exploitation des environs de Tulle, dont il rêvait de faire une ferme modèle, mais ne renonça jamais à l’action militante : le 31 décembre 1960, il participait encore à une vente de l’Humanité sur la voie publique et, le 6 janvier 1961, présidait une réunion publique pour inviter les électeurs à voter non au référendum du 8 janvier suivant.
Il fut enterré à Égletons (Corrèze) le 14 janvier 1961.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19674, notice CHAUSSON Clément [CHAUSSON Léonard, Clément], version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 8 septembre 2021.

SOURCES : RGASPI, Moscou, archives biographiques du Komintern, 495 270 9081 : note de synthèse de la commission des cadres. — Arch. Nat. F7/13128. — Arch. Dép. Var, 4 M 291 et 292. — Le Travailleur de la Corrèze (collections très incomplètes). — Ph. Hanen, Le PC et la SFIO en Corrèze (1934-1939), mémoire de maîtrise, Paris I, 1975. — DPF, 1940-1968, op. cit. — Note de Jacques Girault et de Jean-Marie Guillon.

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