CHAUSSY Arthur, Théophile

Par Paulette Cavailler, Justinien Raymond

Né le 18 janvier 1880 à Château-Landon (Seine-et-Marne), mort le 28 décembre 1945 à Melun (Seine-et-Marne) ; tailleur de pierre ; militant syndical et député socialiste, élu à la CAP en 1929 et 1931.

En 1905, Arthur Chaussy, issu d’une famille de cultivateurs, fonda avec Joseph Lhoste* la Fédération socialiste de Seine-et-Marne. En 1908, il était élu secrétaire du syndicat des tailleurs de pierre de Château-Landon et, en 1911, secrétaire de la Bourse du Travail de Souppes-sur-Loing (Seine-et-Marne). Il appartenait au Parti socialiste SFIO. Cette Bourse, créée en juin 1910 et adhérente de la CGT, ne faisait pas de propagande antimilitariste. En 1914, Chaussy était toujours secrétaire de la Bourse aux appointements mensuels de 75 F. Il était également, depuis janvier 1912, secrétaire de l’Union des syndicats de Seine-et-Marne créée alors et de la commission exécutive de la Fédération du Bâtiment de la Seine. Il avait assisté comme délégué, du 16 au 23 septembre 1912, au XVIIIe congrès national corporatif - 12e de la CGT - tenu au Havre. Il était en outre délégué suppléant de la 17e région : Oise, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne. Il aurait habité, vers cette époque, 4 avenue des Lilas, au Pré-Saint-Gervais (Seine, Seine-Saint-Denis).

À l’issue du congrès de l’UD qui se tint à Melun le 7 juin 1914 et qui réunit vingt-trois délégués représentant vingt et une organisation, le nouveau bureau fut ainsi constitué : Chaussy secrétaire, délégué titulaire au Comité confédéral, Lepart trésorier, Cornuchet secrétaire adjoint.

Mobilisé en 1914, Chaussy avait, en 1916, le grade de sergent et avait reçu la Croix de guerre avec deux citations.

Aussitôt après la guerre, il reprit très activement la propagande syndicale et fut réélu secrétaire de l’Union départementale puis, peu après, secrétaire permanent appointé.

En 1919, Arthur Chaussy, représentant du prolétariat rural, prit la tête de la liste socialiste SFIO aux élections législatives du 16 novembre. Il en fut le seul élu avec 15 384 voix sur 75 045 votants. Il appartint aux commissions du Travail et de l’Agriculture et inaugura une laborieuse carrière parlementaire au service des travailleurs et notamment des plus défavorisés, les ouvriers agricoles : en 1920, il proposa une réglementation de la durée du travail dans l’agriculture ; en 1921, il proposa une loi interdisant le couchage sur la paille des ouvriers agricoles ; il proposa aussi, et cette loi finit par aboutir, d’étendre la législation sur les accidents du travail aux exploitations agricoles. Il se préoccupa souvent du prix du pain et ne laissa jamais passer sans intervenir, la discussion du budget de l’agriculture. Mais les questions de politique générale ne le laissaient pas indifférent et, dès 1920, il fut à l’origine d’une proposition d’amnistie. Dès son élection à la députation, Chaussy avait renoncé à ses fonctions de secrétaire permanent de l’UD mais accepté de faire partie du conseil d’administration du journal syndical Le Semeur de Seine-et-Marne.

En vue du congrès de Tours (décembre 1920) où devait intervenir la scission, Arthur Chaussy se prononça pour la motion Longuet qui ne recueillit que six mandats dans sa Fédération de Seine-et-Marne, tandis que deux allaient à la motion Blum-Paoli et quarante-trois à la motion Cachin-Frossard, favorable à la IIIe Internationale. Le délégué de cette majorité à Tours, le secrétaire fédéral Laguesse, sceptique et critique à l’égard du groupe parlementaire socialiste, fit, à la tribune du congrès, un vif éloge de Chaussy, « un camarade consciencieux, un manuel » qui « a toujours répondu "présent" chaque fois que la Fédération l’a demandé. Il s’est déplacé dans tous les coins de la France... J’espère conclua-t-il, que le camarade Chaussy, député de Seine-et-Marne, qui a voté la motion Longuet, restera parmi nous dans l’intérêt du Parti socialiste ».

Cependant Arthur Chaussy resta dans la minorité gardant le titre de Parti socialiste SFIO. En 1921, il accepta de s’occuper de la parution du journal socialiste Le Travail de Seine-et-Marne et, le 1er mai, il abandonna le secrétariat du syndicat des tailleurs de pierre dont la majorité était passée au Parti communiste mais il réussit à constituer un Cartel des carriers et tailleurs de pierre.

En 1924, à la quatrième place sur la liste du Cartel, des gauches, il fut réélu député par 42 487 voix sur 86 498 votants. Le retour au scrutin d’arrondissement et le maintien du candidat communiste lui coûtèrent son siège en 1928 : dans l’arrondissement de Melun, il recueillit 6 075 voix, devant Gaboriaud, radical-socialiste, 1 995, Mattéo, communiste, 1 771 ; au second tour, Cravoisier, candidat de droite qui l’avait devancé avec 8 053 voix, le battit par 8 649 contre 8 567, Mattéo en conservant 658. Mais, depuis le 21 mai 1922, Chaussy était conseiller général du canton de Brie-Comte-Robert où il s’était fixé, et il le demeura jusqu’en 1934. Élu conseiller municipal de la ville en mai 1925, réélu le 5 mai 1929, il en devint maire quelques jours plus tard. Après son échec de 1928 à la députation, Chaussy fut élu secrétaire de la Fédération CGT de l’Agriculture et reprit sa propagande syndicale auprès des ouvriers agricoles.

Aux élections législatives de mai 1932, Arthur Chaussy prit sa revanche à Melun : sur 21 866 inscrits, il se plaça en tête avec 7 642 voix contre 7 589 à Cravoisier, député sortant, 2 380 au candidat radical-socialiste Heilbronn et 1 110 à Blache, communiste, il l’emporta au ballottage avec 10 032 suffrages contre 8 371 à Cravoisier.

Il démissionna alors de son poste de secrétaire de la Fédération de l’Agriculture tout en demeurant secrétaire administratif. Le congrès de réunification syndicale eut lieu à Narbonne du 29 février au 1er mars 1936 et groupa 98 syndicats dont 72 unitaires, 24 confédérés et deux déjà réunifiés avec 7 000 à 8 000 adhérents. À l’issue du congrès Parsal fut élu secrétaire général, Chaussy secrétaire adjoint, Rius secrétaire administratif. Lors du VIIIe congrès de la FNTA, 17-19 février 1939 qui se tint à Saint-Quentin (Aisne), Parsal fut réélu secrétaire général avec Guillon et Rius pour adjoints, Chaussy n’ayant plus de responsabilités.

Aux élections législatives de 1936, dans l’élan du Front populaire, Chaussy fut aisément réélu : avec 7 154 voix au premier tour, il se situa en tête et il triompha au ballottage par 11 185 voix contre 8 584. Il se fit entendre à la Chambre, sur la création de l’ONIB (Office du Blé), sur les conventions collectives en Agriculture, sur la conciliation et l’arbitrage dans les conflits du travail.

Le 10 juillet 1940, à Vichy, Chaussy compta au rang des quatre-vingts parlementaires qui refusèrent les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain et il donna sa démission de maire de Brie-Comte-Robert. Il reprit l’écharpe en 1944 et la conserva jusqu’en mai 1945. En 1945 il fut réélu au conseil général peu avant sa mort survenue à Melun le 28 décembre. Il fut enterré au cimetière de Château-Landon (Seine-et-Marne), sa ville natale.

Voir Combes Antoine* et Lepart Alfred*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19677, notice CHAUSSY Arthur, Théophile par Paulette Cavailler, Justinien Raymond, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 8 avril 2011.

Par Paulette Cavailler, Justinien Raymond

SOURCES : Arch. Nat. F7/13042, F7/13053, F7/13567, F7/13620, F7/13649. — Arch. PPo. Ba/1686. — Arch. Ass. Nat. dossier biographique. — L’Opinion de Seine-et-Marne, 30 septembre 1947. — La Vie socialiste, 14 mai 1932. — Les Cahiers d’Information du militant, op. cit., n° 16, mai 1936. — Dix-huitième congrès national du Parti socialiste SFIO, tenu à Tours (25-30 décembre 1920), p. 103-106. — J. Jolly, Dictionnaire des Parlementaires. — G. Lachapelle, Élections législatives des 16 novembre 1919 et du 11 mai 1924. — Le Travail de Seine-et-Marne, passim. — Le Paysan, 14 août 1936. — Compère-Morel, Grand Dictionnaire socialiste, p. 106. — Alain Vivien, Arthur Chaussy. Une destinée citoyenne, Lys éditions Amatteis, 2010, 160p.

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