SCHOUSTERMANN Lucienne

Par Daniel Grason

Né le 14 mars 1909 à Varsovie (Pologne), morte en 1943 à Auschwitz (Pologne) ; comptable, sténodactylographe ; victime de l’antisémitisme.

Fille de Maurice et de Marie née Rickersen, Lucienne Schoustermann était titulaire du CEP, elle avait une carte d’identité d’étrangère valable jusqu’au 24 septembre 1942. Elle vivait chez son ami Félix Biézuner 128 rue Vielle-du-Temple à Paris (IIIe arr.).
Le gouvernement de Vichy, promulgua le 3 octobre 1940, un statut des juifs qu’il aggrava le 2 juin 1941. Une ordonnance allemande du 29 mai 1942 était rendue publique le 1er juin, à compter du dimanche 7 juin 1942 le port de l’étoile jaune était rendue obligatoire. Prudente, Lucienne Schoustermann estima probablement qu’il valait mieux ne pas renouveler sa carte d’identité d’étrangère. Ceci d’autant que les 16 et 17 juillet 1942 treize mille juifs (hommes, femmes et enfants) de la région parisienne avaient été raflés par la police française et déportés à Auschwitz-Birkenau.
Lucienne Schoustermann fut arrêtée le 5 juillet 1943 vers 20 heures 15 par deux inspecteurs de la BS2. Fouillée, elle était porteuse d’une carte d’identité française au nom de Germaine Lambert, née le 14 mars 1907 à Blois (Loir-et-Cher), d’une seconde carte d’identité au nom de Jeanne Perrin, née Moreau le 19 septembre 1906 à Sarlat (Dordogne), cabaretière, demeurant à Moulins (Allier). La perquisition de son logement a été infructueuse ni armes, ni tracts. Elle était inconnue de la police judiciaire. Dans son sac à main, dissimulé dans la doublure, les policiers saisissaient cinq mille francs et une pièce d’une livre sterling.
Interrogée dans les locaux des brigades spéciales à la préfecture de police, elle déclara qu’elle était « de nationalité indéterminée et considérée comme réfugiée russe. » Elle ne travaillait plus depuis deux ans, était domicilié 11 rue Poissonnière (IIe arr.), mais vivait depuis quelques mois chez son ami Félix Biézuner 128 rue Vieille-du-Temple dans le IIIe arrondissement. Celui-ci avait été repéré lors de filatures des militants Juifs de la Main-d’œuvre immigrée.
Interrogée sur le fait que Félix Biézuner était en relation avec des militants communistes Juifs, elle répondit : « Je ne me suis pas aperçue qu’il s’occupait de politique. […] Pour ma part je n’ai jamais adhéré à un parti quelconque. » Les faux papiers ils lui avaient été procurés par son ami. Les cinq mille francs saisis représentaient ses économies.
Internée au camp de Drancy sous le matricule 3221, Lucienne Schoustermann était le 31 juillet 1943 avec son ami Félix Biézuner dans le convoi n° 58 à destination d’Auschwitz (Pologne). Le convoi comptait mille déportés (hommes et femmes), 662 furent gazés à l’arrivée, 232 hommes et 106 femmes ont été sélectionnés.
Quand l’armée Soviétique libéra le camp le 27 janvier 1945, il ne restait que treize survivants dont cinq femmes : Genendel Goldsztajn, Esther Baginski, Hadassa Lerner née Tenenbaum et Rose Besserman, militantes de la Main-d’œuvre immigrée, Rywka Grynberg, militante de l’Œuvre de secours aux enfants, de même que [Berek Baginski>160544], époux d’Esther, tous arrêtés lors du coup de filet des Brigades spéciales. Le couple de militants communistes Mira et Maurice Honel, ex. député communiste de Clichy-Levallois qui étaient dans le même convoi survécu aussi aux épreuves.
Sur le mur des noms rue Geoffroy-l’Asnier (IVe arr.) au Mémorial de la Shoah a été gravé le nom de Lucienne Schoustermann.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article196777, notice SCHOUSTERMANN Lucienne par Daniel Grason, version mise en ligne le 6 novembre 2017, dernière modification le 17 novembre 2017.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. Carton 14 rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 12 juillet 1943, BA 2298, GB 130. – Dominique Rémy, Les lois de Vichy, Éd. Romillat, 1992. – Site internet CDJC.

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