BORNY Émile, Ernest, Jean

Par Daniel Grason

Né le 20 octobre 1900 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), mort le 8 mai 1944 à Mauthausen (Autriche) ; tôlier ; militant communiste ; résistant, déporté.

Émile Borny.
Émile Borny.

Fils de Nicolas, Jean, Marie et de Eugénie, née Oger, était marié, le couple sans enfant vivait 16 rue Olivier-de-Serres à Paris (XVe arr.). Il exerçait la profession de tôlier à l’usine Chausson 40 rue du Moulin-de-la-Tour (avenue Chandon) à Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine). Il adhéra au Parti communiste en 1937 à la cellule de l’entreprise, il n’était connu comme tel par la direction de l’usine. Du recrutement de Nantes, il a été mobilisé lors de la déclaration de guerre, démobilisé il reprit son poste de travail.
En février 1942, Chausson et Chenard & Walcker employaient 2811 salariés à Gennevilliers et 1148 à Asnières. Jean Kerfest qui habitait 66 rue du Ruisseau dans le XVIIIe arrondissement était le responsable communiste des deux usines. Il répartissait tracts et brochures à une douzaine d’adhérents et sympathisants. Le 26 mai 1942 vers 7 heures 15 du matin, trois inspecteurs de la BS1 l’appréhendèrent place Voltaire à Asnières.
Jean-Baptiste Kerfest tenta de déchirer la liste des ouvriers organisés au Parti communiste clandestin et de sympathisants, onze au total. Le 27 mai, liste en main, les policiers arrêtèrent dans les ateliers les onze ouvriers pour « propagande communiste » : Maurice Leblanc, Georges Parent, Ernest Prey, Marcel Marion, Georges Martin ; Lauriano Perrez, Georges Faverot, Joseph Gaudin, Édouard Guignier dit La Guigne et Maurice Laurent étaient appréhendés. Quant à Xavier Henry, il était absent de son domicile, un avis de recherche fut lancé contre lui.
Plusieurs interpellés ont été rapidement disculpés, Édouard Guignier, tôlier, 34 ans, habitait Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis), adhérent du Parti communiste deux mois en 1936, il ne comprit pas pourquoi il avait été noté comme sympathisant. Il en était de même de Maurice Laurent, tôlier, 47 ans, de Gennevilliers. Aucune charge ne fut retenue contre eux.
Joseph Gaudin, tôlier, 39 ans, de Gennevilliers, membre du Parti communiste en 1937, le quitta l’année suivante  : « pour recouvrer sa liberté et ne pas être astreint à assister aux réunions et manifestations auxquelles un militant est constamment convié. » Georges Faverot, ajusteur-outilleur, 37 ans de Clichy, était noté comme sympathisant. Tous deux signèrent un texte où ils désapprouvaient « l’action communiste sous toutes ses formes. » Ils bénéficièrent d’un non-lieu le 25 juillet.
Lors de son interrogatoire Émile Borny nia toute participation à l’action clandestine, il reconnut toutefois d’avoir donné un tract à Marcel Marion. Le 9 octobre 1942, Émile Borny, Jean Kerfest, Maurice Leblanc, Marcel Marion, Georges Martin, Ernest Prey et Georges Parent comparurent devant la Section spéciale. Tous furent condamnés, Émile Borny à un an de prison, 1200 francs d’amende, et au maximum de la contrainte par corps.
Dans Le Petit Parisien du 10 octobre 1942, sous le titre « Communistes condamnés » publia le verdict : « Sept militants communistes ont comparu hier devant la section spéciale de la cour de Paris pour y répondre de leur propagande. Ils ont été condamnés : Jean-Baptiste Kerfest et Maurice Leblanc, chacun à cinq ans de prison et 1200 francs d’amende ; Marcel Marion, Ernest Prey et Georges Martin, chacun à deux ans de prison et 1200 francs d’amende ; Georges Parent et Émile Borny, chacun à une année d’emprisonnement et 1.200 francs d’amende. »
Le Préfet de police écrivit le 22 octobre 1942 au Délégué du Ministère de l’intérieur. Il donnait son opinion sur les condamnations prononcées contre les militants communistes de chez Chausson : « Ces peines paraissent insuffisantes dans les circonstances actuelles et cette indulgence de la part d’une juridiction spécialement instituée en vue d’assurer une répression sévère des menées communistes, semble extrêmement regrettable. » En conclusion, il lui demandait d’intervenir auprès du « Garde des Sceaux pour qu’il invite cette juridiction à se montrer à l’avenir plus sévère à l’égard des individus qui sont traduits à sa barre. »
Incarcéré à la Maison d’Arrêt de Melun, Émile Borny était libérable le 1er mars 1943. Le Préfet de Seine-et-Marne ordonna son internement dans la Maison d’Arrêt, il demanda au Préfet de police de Paris par courrier en date du 6 mars 1943, s’il y avait lieu « de prononcer son astreinte à résidence dans un centre de séjour surveillé. » Il demanda au Préfet de police « de toute urgence » son « avis sur l’opportunité de lui faire application de la mesure envisagée. » Le 8 mars 1943, Émile Borny était remis aux Autorités allemandes sur leur demande.
Le 16 avril 1943, Émile Borny était dans le convoi de 994 hommes qui partit de Compiègne à destination de Mauthausen (Autriche), le 18 avril ils arrivèrent à Mauthausen. Il était le seul des militants de chez Chausson dans ce convoi, Émile Borny matricule 26447 fut affecté au Kommando de travail de Gusen, il a été transféré à Mauthausen où il mourut le 8 mai 1944 dans sa quarante troisième année. Il a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF) et Déporté, interné, résistant (DIR), la mention « Mort en déportation » lui a été attribuée en 1987.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article196897, notice BORNY Émile, Ernest, Jean par Daniel Grason, version mise en ligne le 9 novembre 2017, dernière modification le 17 avril 2021.

Par Daniel Grason

Émile Borny.
Émile Borny.

SOURCES : AN Z/4/59 dossier 408. – Arch. PPo. BA 1928, BA 2056, 77W 70. – Le Petit Parisien du 10 octobre 1942. – Bureau Résistance GR 16 P 74647. – JO du 1er septembre 1987. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – JO du 1er septembre 1987.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 143 cliché du 1er juin 1942.

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