BRICKA Marcel

Par Annie Pennetier, Michel Thébault

Né le 21 septembre 1908 à Rambervillers (Vosges), guillotiné après condamnation à mort le 30 juillet 1943 à Cologne (Köln, Allemagne) ; médecin chirurgien ; résistant SR Kléber et réseau Espoir Français.

Marcel Bricka était le fils de Paul Charles Bricka (né le 1er juillet 1868 à Dieuze, Meurthe) et de Jeanne, Claire, Marie Clarté. Son père, réintégré en qualité de français s’était engagé dans l’armée en 1889, avait suivi l’École militaire, puis participé aux campagnes d’Algérie et du Sahara, comme capitaine d’un bataillon de Chasseurs à pied. Paul Bricka étant entré dans la carrière préfectorale, Marcel Bricka fit ses études secondaires à Montpellier, Nancy au lycée Poincaré et Paris où il obtint en 1925 – 1926 son baccalauréat. De 1927 à 1929 il fit à Nancy des études à la faculté des sciences, en sortant diplômé en physique et chimie. Appelé pour le service militaire en 1929, il fut envoyé en Indochine, soldat au 5e RAC à Saïgon. Il reprit en 1930 ses études cette fois à la faculté de médecine de Nancy. Il soutint sa thèse de médecine à Nancy en juillet 1935 sur « le traitement chirurgical du prolapsus rectal ». Encore externe des hôpitaux et assistant de chirurgie dans le service du professeur Michel à Nancy, il s’était marié le 3 octobre 1934 à Nancy avec Jacqueline, Marie, Laure de Hody (née à Nancy le 17 janvier 1913) étudiante en médecine et fille d’un mécanicien dentiste de Nancy. Le couple eut trois enfants Françoise, Michèle et Jean Marie. Il s’installa comme chirurgien (orientation gynécologie et ORL) à Toul, ouvrant 10 rue de Rigny une petite clinique et intervenant également à l’hôpital Saint-Charles de Toul.
 
Mobilisé en septembre 1939, il fut affecté comme médecin auxiliaire de réserve en charge d’un service de chirurgie dans des hôpitaux de l’est de la France. Démobilisé en août 1940 après la défaite, il exerça dans un premier temps à l’hôpital de Dôle (Jura) où il organisa l’évasion de plusieurs centaines de prisonniers. Menacé d’arrestation, il rentra alors en Lorraine. Il fut rapidement recruté par les services de renseignements français, s’engageant dans le réseau Kléber. A la demande du réseau il fut chargé de prendre contact avec le réseau l’Espoir Français, groupe fondé dès l’été 1940 par de jeunes lycéens et étudiants de Metz et Nancy auxquels se joignirent des apprentis messins et des employés des Postes et Télécommunications avec l’objectif de s’opposer à l’installation de l’autorité allemande en Moselle annexée (diffusion de tracts, interception puis transmission de renseignements…). L’infiltration de ce réseau par un agent du SD allemand entraîna l’arrestation de Marcel Bricka le 14 mai 1941 à Nancy. Incarcéré à la prison Charles III, il y fut interrogé et torturé mais ne parla pas. Il fut ensuite transféré à la prison de Fresnes.
 
Il fut déporté en Allemagne le 28 mai 1942 par le premier transport de déportés NN au départ de France, en direction de Trèves. En effet depuis la promulgation du décret Keitel, en décembre 1941 et la mise en place progressive de la procédure « Nacht und Nebel » dans les territoires occupés, les Allemands transférèrent dans le secteur de Trèves les détenus devant être jugés au tribunal de Cologne, compétent pour les affaires venant de France. Sur les 43 déportés du transport, 30 venaient des prisons parisiennes, 16 résistants du Front National arrêtés dans le département de la Seine et 4 résistants du réseau de renseignements Uranus-Kléber dont Marcel Bricka arrêtés en Meurthe-et-Moselle. Incarcéré à la prison de Wittlich (matricule 4153), il fut jugé par le 2e sénat du Volksgerichtshof et condamné à mort le 27 janvier 1943 avec Roger Noël et Paul Simminger, tous deux du même réseau. Les condamnés à mort furent transférés à la prison de Rheinbach, puis les exécutions par guillotine eurent lieu à la prison de Klingelpütz à Cologne le 30 juillet 1943.
 
Marcel Bricka fut reconnu " Mort pour la France ", homologué déporté-interné-résistant DIR et agent des Forces françaises combattantes FFC au nom du SR Service de renseignement Kléber. Il reçut à titre posthume la Médaille de la Résistance par décret du 11 mars 1947. Son nom est inscrit sur les plaques commémoratives du lycée Poincaré de Nancy, de sa maison de Toul, du Prytanée de La Flèche (Sarthe), de la Faculté de médecine de Paris-Descartes (Paris VIe) et sur le monument commémoratif mémorial des Services spéciaux à Ramatuelle (Var).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article196992, notice BRICKA Marcel par Annie Pennetier, Michel Thébault, version mise en ligne le 5 décembre 2017, dernière modification le 24 septembre 2022.

Par Annie Pennetier, Michel Thébault

SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 90613 et SHD Caen AVCC AC 21 P 430 580 (nc). — Archives municipales de Nancy (état civil en ligne). — Laurent Cardonnet, thèse pour le doctorat de médecine, Paris Descartes, 2010 Contribution à l’étude des étudiants de médecine et des médecins Morts pour la France pendant la seconde guerre mondiale. — Gérard Howald Des Toulois dans la tourment nazie. — Site internet de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation. — Mémoire des Hommes. — Mémorial Genweb.

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