CHAUVET René

Par André Balent

Né le 17 janvier 1900 à Perpignan (Pyrénées-Orientales), mort le 24 novembre 1984 à Perpignan ; professeur d’espagnol ; militant du Parti socialiste SFIO, du PSA, puis du PSU, secrétaire fédéral du PSU ; maire de Nahuja (Pyrénées-Orientales) de 1968 à 1983.

René Chauvet
René Chauvet
collection André Balent

René Chauvet était le fils aîné d’Horace Chauvet et de Jeanne Adouy. Son père (1873-1962) était issu du côté paternel d’une famille de Laroque-des-Albères (Pyrénées-Orientales), très engagée à la gauche et à l’extrême gauche. Journaliste à L’Indépendant des Pyrénées-Orientales, homme politique modéré, polygraphe éclectique, il s’intéressait aussi bien à l’histoire catalane qu’à l’ethnographie et laissa une œuvre abondante. Son arrière-grand-père, Jean Chaubet (sic) (1815-1871), maire démocrate-socialiste de Laroque-des-Albères sous la IIe République, fut proscrit à la suite du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte. Sa mère était la fille d’un charcutier perpignanais, radical et franc-maçon. René Chauvet épousa Jeanne Alté (Perpignan, 1902-1998), issue d’une famille d’Osséja (Pyrénées-Orientales) ayant également des attaches avec le village voisin de Nahuja que René Chauvet fréquenta assidûment. Le couple eut deux filles.

René Chauvet, titulaire du baccalauréat (latin, langue, philosophie) en 1919, ajourné pour le service militaire et versé dans le service auxiliaire (interprète), surveillant d’internat au lycée Janson de Sailly à Paris (1918-1919), fut répétiteur aux collèges de Sète (novembre-décembre 1920), de Mende (janvier-octobre 1921, de Perpignan (titulaire, novembre 1921-avril 1926). Il obtint la licence ès-lettres (option Espagnol) à la Faculté des Lettres de Montpellier en 1925. Délégué pour l’enseignement des lettres-grammaire aux collèges de Millau (avril-septembre1926, il occupa en octobre 1926 la même fonction au collège de Sète (octobre 1926) où il fut sévèrement jugé pour son enseignement qui ne comprenait que du latin et des lettres. Aussi eut-il un service uniquement d’espagnol à partir d’octobre 1927 pour lequel il donna satisfaction. Muté au collège de Barcelonnette (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) en octobre 1929, il échoua au concours d’admission à l’inspection primaire en 1931. Nommé professeur d’Espagnol au collège de garçons de Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne) en octobre 1933, il demeurait à Moissac, ce qui lui attira des critiques ; aussi s’installa-t-il à Castelsarrasin à la rentrée d’octobre 1939. Il demanda un poste de principal à partir de 1934. Mobilisé le 4 septembre 1939, réformé le 12 décembre, il reprit son enseignement.

Son épouse, professeur d’enseignement ménager à Toulouse à la Libération, devint directrice du centre d’apprentissage ménager (Hélène Boucher puis Galliéni). Son frère, rédacteur au Figaro, intervint à plusieurs reprises pour l’aider dans ses demandes de mutation pour Toulouse après la guerre. Vivant séparément, René Chauvet s’investissait dans la vie du collège (section sportive et éducation physique, section permanente du bureau d’administration, chant choral).

En octobre 1950, il fut nommé au lycée de garçons (baptisé « François-Arago » en 1951) à Perpignan. Il participait activement à la vie artistique et intellectuelle de la cité et s’investit dans la vie de son établissement. Il prit sa retraite à la fin de l’année scolaire 1964-1965. Au début des années 1960, il demeurait à Perpignan, boulevard Jean-Bourrat.

Les engagements politiques de René Chauvet au Parti socialiste SFIO puis au PSA et au PSU furent davantage en conformité avec ceux de son arrière-grand-père et de ses oncles et cousins (Joseph Chaubet et Pierre Chaubet) qu’avec ceux de son père. Au moment de la guerre d’Algérie, son engagement prit un relief plus particulier. En désaccord avec Guy Mollet, il fit partie des militants catalans qui fondèrent localement le Parti socialiste autonome. Il fut sans doute le secrétaire du PSA des Pyrénées-Orientales, au moins à la veille du congrès constitutif du Parti socialiste unifié, en avril 1960. À cette date, il reçut à ce titre une lettre de François Marty, militant communiste et secrétaire départemental du Mouvement de la paix : ce dernier lui signalait une lettre d’André Hérault, secrétaire départemental de l’Union de la gauche socialiste. Le premier congrès fédéral du PSU eut lieu le 20 novembre 1960 au foyer Léo-Lagrange de Perpignan. Il était secrétaire fédéral avec un « secrétaire administratif », Robert Jésus-Prêt. Il le demeura jusqu’en septembre 1964, date à laquelle il démissionna en même temps que le secrétaire fédéral adjoint, François Beffara, le trésorier fédéral, membre du comité politique national, Noël Alteza, le secrétaire de la section d’Elne, Aimé Just, le secrétaire de la section du Soler, Germain Arribaud, le secrétaire de la section d’Ille-sur-Têt, Jean Avino, et le maire de Bouleternère, membre de la Commission exécutive fédérale, Jules Gaspard. En tant que secrétaire fédéral, Chauvet agit et prit position pendant les heures tragiques de la fin de la guerre d’Algérie, en contact avec les autres responsables des forces favorables à la cessation des hostilités et à l’indépendance de l’Algérie. Les contacts noués avec ces organisations, et plus particulièrement le PCF, s’intensifièrent en novembre 1961 au moment des attentats de l’OAS à Perpignan. Les adhésions au PSU progressèrent du fait de l’engagement résolu du parti contre la guerre d’Algérie. Notamment dans les lycées et les facultés, parmi les étudiants. Mais la situation du parti était localement fragile. En 1962, un vote de la section de Perpignan avant le IIe congrès du parti (Alfortville, 25-27 janvier 1963) favorisait le texte D (12 sur 18 exprimés), axé sur une défense prioritaire de la laïcité. Cette orientation était préconisée, localement surtout, par de nombreux anciens du PSA, dont Chauvet et, en premier lieu, par Noël Alteza, trésorier fédéral. Ce dernier s’attira cependant de solides inimitiés, y compris de la part de militants parmi lesquels Chauvet, avec qui il avait des affinités politiques. C’est ce qu’évoqua Jean Ribalta dans une lettre qu’il adressa, le 24 avril 1964, à Antoinette Claux, ancienne adhérente de l’UGS et future secrétaire fédérale du PSU, dans laquelle il annonçait qu’il démissionnait de ses responsabilités au niveau de la section de Perpignan : lui-même et Chauvet avaient été pris à partie par Alteza, « censeur possédant seul la vérité » et répandant la « suspicion » sur d’autres militants. La crise locale du PSU s’accentuant, la majorité des anciens PSA démissionnèrent en bloc en septembre 1964, prétextant l’attitude du PSU lors de l’élection municipale à Belfort. En quittant le PSU, ils laissaient, dans les Pyrénées-Orientales le parti exsangue avec, désormais, et jusqu’en 1968, une majorité d’anciens adhérents de l’UGS.

René Chauvet participa, lorsqu’il adhérait au PSA, puis au PSU, à plusieurs combats électoraux. Candidat aux élections municipales de Perpignan des 8 et 15 mars 1959, au premier tour, sur la liste d’Union des forces démocratiques rassemblant localement le PSA, l’UGS, l’Union progressiste, les radicaux mendésistes et la Ligue des droits de l’Homme, avec 1 001 suffrages, il arrivait en deuxième position parmi ses colistiers. Au deuxième tour, candidat sur la liste de l’« Union des gauches » - dont la tête de liste était le maire sortant Félix Depardon, pourtant distancé au premier tour par le PCF - issue de la fusion des listes du PCF, de la SFIO et d’Union des forces démocratiques, il arriva, avec 11 596 voix, en cinquième position sur la liste, battue par celle d’« Union démocratique et de rénovation municipale » conduite par Paul Alduy, ex-SFIO.

René Chauvet fut candidat dans le canton de Mont-Louis lors du renouvellement de la moitié des conseils généraux des 4 et 11 juin 1961 (inscrits, 2038, votants 1267 au premier tour). Face à lui, le sortant SFIO, Charles Bourrat, le maire de Fontpédrouse, candidat du PCF, François Rouquet et Vincent Chicheil, candidat de l’UNR. Au premier tour, René Chauvet obtint 77 voix contre 338 à Bourrat, 343 à Chicheil et 491 à Rouquet. Il se désista au second tour en faveur du candidat du PCF qui fut battu par Chicheil par 622 voix contre 606, car, entre temps, avait surgi la candidature de « Défense paysanne » de Sébastien Soubielle ancien maire de Fontrabiouse, précédemment adhérent de la SFIO, du PSOP puis du PCF et figure de la résistance (MUR) dans le canton de Mont-Louis qui recueillit 235 suffrages. Chauvet se désista au second tour en faveur du candidat communiste qui fut battu. Au cours de sa campagne, dans une lettre ronéotée à tous les maires et conseillers municipaux du canton, il insistait sur le fait que « la vocation du Capcir est forestière » et que, en conséquence, il fallait « équiper scolairement la région en ce sens ». Candidat PSU dans le canton de Perpignan-Est, le 8 mars 1964 (49 509 inscrits, 16 693 suffrages exprimés au premier tour), il obtint 470 voix.

Après sa démission du PSU, Chauvet demeura proche de Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS). Il fut candidat à Perpignan aux élections municipales du 14 mars 1965 sur la liste d’union de la gauche qui fut battue au premier tour avec 9 927 voix. Retraité, il fut élu, à l’occasion d’une élection partielle (janvier 1968), conseiller municipal de Nahuja (Pyrénées-Orientales), petit village de Cerdagne où son épouse avait des attaches familiales. Il devint peu après maire de la commune. Réélu en 1971 et en 1977, il ne se représenta pas au scrutin de mars 1983.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19701, notice CHAUVET René par André Balent, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 12 décembre 2018.

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SOURCES : Arch. Nat., F17/28443. — Arch. com. Laroque-des-Albères, état civil. — Arch. com. Nahuja, registre des délibérations du conseil municipal. — Arch. com. Perpignan, état civil. — Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, 100 J 7, 100 J 8, fonds de la Fédération des Pyrénées-Orientales du PSU (don Antoinette Claux). — Annuaire de l’Éducation nationale. — L’Indépendant (Perpignan). — Témoignage écrit de son petit-fils, Philippe Blanc, d’après les archives familiales, Bourg-Madame, 20 avril 2005. — Notes de Jacques Girault.

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