Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson
Né le 14 juin 1924 à Paris (XIVe arr.), mort le 5 août 1944 à Josselin (Morbihan) ; FFL-SAS.
Jacques Détroy était le fils d’Émile Modeste Détroy et de Juliette Lefèvre. Célibataire, il était domicilié chez ses parents à Paris (XIXe arr.).
Engagé dans l’Armée d’Afrique en août 1942 et affecté au 29e Régiment de tirailleurs algériens (RTA), Jacques Détroy participa à la Campagne de Tunisie. En novembre 1943, il rejoignit la Bureau central de renseignements et d’action (BCRA) de la France libre à Alger, et fut affecté au BCRA de Londres, puis au 2e Régiment de chasseurs parachutistes (RCP) ou 4e SAS (Special Air Service) du commandant Bourgoin. La mission des SAS était de saboter les voies de communication et de rassembler, équiper, former, encadrer les maquisards bretons, avec pour objectif d’empêcher ou au moins de retarder le transfert vers le front de Normandie des troupes allemandes stationnées en Bretagne.
Dans la nuit du 7 au 8 juin 1944, le sergent Jacques Détroy fut parachuté avec quatre autres SAS en Ille-et-Vilaine, entre Redon et Messac, où son groupe effectua des sabotages sur la ligne de chemin de fer Redon-Rennes. Il rejoignit ensuite le camp de Saint Marcel (Morbihan), où étaient rassemblés, armés et formés des centaines de combattants appartenant aux Forces françaises de l’intérieur (FFI) et aux Francs-tireurs-et-partisans français (FTPF), et qui fut attaqué en force par la Wehrmacht le 18 juin 1944. Après avoir livré combat durant toute la journée en infligeant de lourdes pertes aux troupes allemandes, parachutistes SAS et FFI-FTPF se replièrent en bon ordre et se dispersèrent.
L’acte de décès numéro 67 dressé en mairie de Josselin le 15 septembre 1944, déclare que Jacques Détroy est décédé rue Saint-Jacques à Josselin (Morbihan) le 5 août 1944 à 18 heures.
Les circonstances de sa mort n’ont pas pu être élucidées. Dans une communication présentée en 2007 au colloque Les Dérapages de la Guerre du XVIe siècle à nos jours qui s’est tenu à l’Université Paul Valéry Montpellier III, Fanny Pascual relève plusieurs contradictions. Selon la version officielle, Jacques Détroy a été « tué au cours d’un engagement avec l’ennemi ». Les témoignages de plusieurs vétérans SAS ont mentionné qu’une rivalité amoureuse aurait opposé le sergent Détroy et son supérieur hiérarchique le sous-lieutenant Georges Taylor à Londres. Le vétéran Gilbert Hentschké a accusé le sous-lieutenant Taylor d’avoir exécuté Jacques Détroy. D’autres vétérans, qui ont souhaité garder l’anonymat, ont déclaré que Détroy aurait contesté les ordres de Taylor et qu’il aurait été condamné pour mutinerie. Cependant, Fanny Pascual souligne que les archives ne permettent pas d’établir la véracité de ces témoignages, d’autant que le sous-lieutenant Taylor est mort le 8 avril 1945 au cours d’une opération en Hollande sans laisser de rapport sur le décès de Détroy.
Le sergent Jacques Détroy a obtenu la mention « Mort pour la France » et a été décoré de la Médaille militaire et de la Croix de guerre 1939-1945.
Dans le Morbihan, à Josselin, le nom de Jacques Détroy est inscrit sur le monument commémoratif qui se dresse place Saint-Martin, et sur une plaque apposée place de l’Appel du 18 juin. Il figure aussi sur le mémorial des parachutistes SAS de la France libre érigé au moulin de la Grée à Plumelec.
En Saône-et-Loire, il est gravé sur le mémorial international des SAS à Sennecey-le-Grand.
Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson
SOURCES : SHD, 4 D 19445. — AVCC, Caen, AC 21 P 118 984. — Fanny Pascual, University of New Caledonia, docteur chercheur associé FRE 3016 ESID, Montpellier III, " Dérapages ou conséquences de la guérilla pendant la Seconde Guerre mondiale ? ", in Frédéric Rousseau et Burghart Schmidt (dir.) Les dérapages de la guerre du XVIe siècle à nos jours, actes du colloque tenu du 4 au 6 octobre 2007 à l’Université Paul-Valéry Montpellier III, Hambourg, DOBU, Verlag, 2009 ; communication mise en ligne au format PDF en janvier 2008 sur le site researchgate.net. — Site Internet FFL-SAS (photo). — Mémorial GenWeb. — Site Internet Les Amis de la Résistance du Morbihan, ANACR-56. — État-civil, Josselin (acte de décès).