LOCTIN Fernand

Par Sébastien Horner

Né le 28 mai 1910 à Luzy (Nièvre), exécuté par des soldats allemands le 3 août 1944 à Mussy-sur-Seine (Aube) ; gendarme ; résistant de l’Armée secrète du groupe Montcalm.

Vivre à Bar-sur-Seine, 26 octobre 2018.
Pose d’un plaque et hommage à la gendarmerie de Mussy-sur-Saône.

Fernand Loctin s’engagea dans la gendarmerie le 29 décembre 1936 et fut affecté initialement à la brigade territoriale de Saint Julien-du-Sault (compagnie de l’Yonne). Lors de la mobilisation de septembre 1939, il fut détaché à la prévôté du 8e corps d’armée, où il servit pendant la « Drôle de guerre » puis la campagne de France. Après l’armistice, il fut ensuite reversé dans sa brigade d’origine à l’été 1940 avant d’être muté en septembre 1942 comme commandant de brigade à Mussy-sur-Seine (compagnie de l’Aube), à l’occasion de sa promotion au grade de maréchal des logis-chef.

D’après plusieurs témoignages, Fernand Loctin s’engagea activement dans la Résistance dans le courant de l’année 1943 : tout en restant à son poste à Mussy-sur-Seine, il participa de façon déterminante à la mise sur pied de réseaux clandestins et à l’organisation de maquis, sous les ordres du lieutenant-colonel Emile Alagiraude (alias Montcalm), commandant départemental de l’Armée Secrète. Par sa fonction de commandant de brigade et ses contacts réguliers avec les services sécuritaires allemands, il était en mesure de recueillir et transmettre du renseignement sur les activités policières de l’occupant et pouvait par ailleurs passer des messages entre les réseaux clandestins et les unités de gendarmerie du sud de l’Aube. Après le débarquement de Normandie, il se révéla par ses nombreuses et périlleuses missions de liaisons un acteur particulièrement précieux dans la mobilisation clandestine et la coordination militaire du maquis local Mussy-Grancey, qui monta alors en puissance opérationnelle jusqu’à compter un effectif d’environ mille combattants au début du mois d’août.

Le 2 août 1944, les troupes allemandes effectuèrent une opération militaire contre les formations de la Résistance dans le sud de l’Aube. Au cours de cette offensive, la commune de Mussy-sur-Seine fut occupée par la Wehrmacht, la caserne de gendarmerie encerclée et les personnels présents ( Fernand Loctin et les gendarmes Gaucher et Joanes) immédiatement arrêtés et emmenés pour un brutal interrogatoire à la mairie. Le lendemain matin, Fernand Loctin, blessé d’après des témoins et marqué par des traces de tortures, fut transféré à 9h30 en camion au château de Bantel, le poste de commandement avancé ennemi, et disparut alors sans laisser de traces. Aux demandes d’informations formulées peu après aux autorités d’occupation par son commandant de compagnie, il fut répondu qu’il avait été fusillé sans jugement au vu des preuves présentées comme « très graves » relevées contre Fernand Loctin. Les recherches entreprises localement après la Libération pour exhumer son corps se sont également avérées infructueuses.

Après la guerre, la conduite courageuse du maréchal des logis-chef Loctin et son engagement patriotique dans les FFI ont été mis en avant par la gendarmerie : il fut promu adjudant et décoré de la médaille militaire ainsi que de la médaille de Résistance française à titre posthume.
Une stèle apposée sur la façade de la brigade de gendarmerie de Mussy-sur-Seine honore encore sa mémoire ainsi que celle de son camarade Gaucher, également fusillé fin août. En 1971, un musée consacré au maquis de Mussy-Grancey a été inauguré dans les locaux de l’ancienne gendarmerie et le nom de ce gradé de gendarmerie (avec la faute d’orthographe au patronyme « Loctain ») figure sur une plaque commémorative parmi la liste des 111 résistants du groupe Montcalm morts pour la France. Son nom est également gravé sur le monument aux morts de son village natal Luzy ainsi que sur le monument aux morts, à Autun.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article197013, notice LOCTIN Fernand par Sébastien Horner, version mise en ligne le 13 novembre 2017, dernière modification le 1er août 2021.

Par Sébastien Horner

Vivre à Bar-sur-Seine, 26 octobre 2018.
Pose d’un plaque et hommage à la gendarmerie de Mussy-sur-Saône.

SOURCES : SHD/DAVCC (Caen) : dossier individuel 21 P 83 424 – SHD/DAD/DGN (Vincennes) : carton 10 E 82 ; rapport n°990/2 du 12/10/1946 du chef d’escadron commandant la compagnie de gendarmerie de Troyes – SHD/GR/Cellule « Résistance » (Vincennes) : dossier individuel 16 P 374 667.—MémorialGenweb.

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