TOUPET Raymond

Par Jean-Claude Bonnin

Né en 1902, tué le 6 février 1942 ; ouvrier ajusteur ; passeur de la ligne de démarcation dans le Cher ; résistance aide et sauvetage.

Raymond Toupet, ouvrier ajusteur divorcé, père d’un enfant confié à son ex épouse, est né en 1902. Dès l’instauration de la ligne de démarcation, très proche de son domicile à Thénioux, Raymond Toupet se livra à l’activité de passeur. Thénioux est situé sur la rive nord du Cher en zone occupée, cette rivière au débit irrégulier, dangereuse pour ceux qui s’y aventurent à la nage, constituant la « frontière » avec la zone libre. Ajoutons que le village de Thénioux est proche de Vierzon, ville voyant arriver un flux important de prisonniers évadés, aviateurs alliés, réfugiés, recherchés par les polices allemande et française, tentant de rejoindre la zone non occupée.
Grâce à leur connaissance du terrain, Raymond Toupet et son frère Marcellin font passer de nombreuses personnes, mais aussi des renseignements destinés au deuxième bureau de l’armée d’armistice. La filière des frères Toupet était bien connue jusque dans les stalags. En Normandie elle était recommandée à ceux qui désirent passer en zone non occupée puis rejoindre l’Angleterre par l’Espagne. Le passager doit être jeune et débrouillard pour affronter les premières centaines de kilomètres en zone occupée jusqu’à la ligne de démarcation.
Le 6 juin 1941, entre le Cher et le canal de Berry, à Thénioux, Raymond Toupet dut s’enfuir sous le feu des Allemands, son frère Marcellin, arrêté, réussit à s’échapper. Recherchés, convoqués devant le tribunal de la Feldkommandantur de Bourges qui les condamna à mort par contumace le 3 juillet 1941, Raymond et Marcellin Toupet s’enfuirent en zone non occupée. Le 27 novembre 1941, Raymond Toupet fut blessé à la jambe, victime d’un tir de douaniers allemands. Soigné à l’hôpital de Châteauroux, à peine rétabli, il reprit ses activités le 19 janvier 1942 (à partir de Vierzon-Bourgneuf). Passé en zone libre, Marcellin Toupet fut mis en résidence forcée par les autorités de Vichy à Lignières en février 1942. Le second frère de Raymond, Louis fut arrêté par les Allemands, puis relâché après un mois de détention, acquitté.
Le dernier passage clandestin de Raymond Toupet a lieu le 6 février 1942, au moulin de l’Abricot (ouest de Vierzon) alors que le Cher était en crue. Sans doute victime d’une dénonciation, (son activité était de notoriété publique), il fut atteint par plusieurs tirs allemands qui lui furent fatals
Les historiens évaluent à 2 000 le nombre de personnes que Raymond Toupet à fait passer clandestinement dans sa barque.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article197184, notice TOUPET Raymond par Jean-Claude Bonnin, version mise en ligne le 21 novembre 2017, dernière modification le 30 juillet 2021.

Par Jean-Claude Bonnin

SOURCE : La Résistance dans le Cher, Amis du Musée de la Résistance et de la déportationde Bourges et du Cher, MRN et CDDP, 2004.

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