Née le 20 mai 1858 à Debreczin (Hongrie) ; morte le 23 février 1935 à Zurich ; femme de Victor Adler ; militante socialiste.
De famille aisée, Emma Braun partagea le destin difficile du dirigeant socialiste Victor Adler qu’elle épousa en 1878.
Son dévouement illimité, son intelligence profonde avec son mari la déterminèrent à écrire. Elle collectionnait les aphorismes dans un cahier intitulé : Gedanken anderer (Pensées des autres) ; elle composa un ouvrage sur : Victor Adler vu par ses contemporains paru en 1968. Du jour où, par l’intermédiaire de son frère Heinrich Braun et du jeune Victor Adler, Emma s’enthousiasma pour les idées du socialisme, elle milita activement notamment parmi les femmes. Elle donnait des cours de langue dans les associations d’éducation ouvrière, rédigeait la page des jeunes de l’Arbeiter Zeitung (Journal des Travailleurs) et publia, en 1895, un recueil Buch der Jugend (Livre de la Jeunesse). Elle écrivit également un livre sur les Femmes de la Révolution française (Die Frauen der franzœsischen Révolution) (Vienne 1906), une biographie de Jane Welsh Carlyle (Vienne 1907) et traduisit de nombreux ouvrages du français, de l’anglais, de l’italien et du russe ; en 1897, elle avait publié à Leipzig la traduction d’un drame de Tourgeniev sous le pseudonyme de Marion Lorm. Grande admiratrice et spécialiste de Goethe, elle traduisit du français l’ouvrage qui avait servi à Goethe de fond et d’inspiration au drame Die natürliche Tochter (La Fille naturelle), et publia en 1887 une étude sur Goethe et Madame von Stein.
En 1897, sa fille tomba malade et, incurable, passa le reste de sa vie dans une maison de santé où elle mourut vers 1930. Son fils cadet, très doué pour la littérature, ne parvint pas à s’imposer à cause de son caractère instable. Quant à Friedrich Adler, si son acte révolutionnaire de 1916 redonna espoir au monde, sa mère Emma n’en fut pas moins frappée douloureusement.
La naissance de la République d’Autriche fut une sorte de couronnement des idées et de l’action politique de son mari. Mais Victor Adler mourut la veille du jour de la proclamation de la République.
Emma Adler passa les neuf dernières années de sa vie auprès de son fils Friedrich à Zurich, où elle mourut le 23 février 1935. Les événements de l’année 1934 n’avaient pu briser sa dignité et sa confiance en un avenir socialiste. Dès juillet 1932, elle avait écrit dans son testament : « En tant que veuve de Victor Adler, il m’est permis d’exprimer la crainte que l’on ne me glorifie après ma mort et que l’on ne m’attribue des vertus et des talents que je n’ai jamais possédés. Mais de mon vivant déjà, j’ai toujours détesté les phrases creuses. »
Ses Mémoires sont intéressants non seulement parce qu’ils contiennent de nombreux témoignages, relatifs notamment à l’histoire du mouvement ouvrier socialiste, mais aussi des réflexions sur la destinée de l’homme. Ils sont conservés aux Archives F. et V. Adler à Vienne et ont pour titre : Ein verfehltes Leben (Une vie manquée) ; ils sont empreints d’un certain pessimisme, conséquence de ses soucis de mère et d’épouse.
SOURCES : Archiv, 1963, n° 2, p. 36. — Victor Adler im Spiegel seiner Zeitgenossen (Victor Adler vu par ses contemporains), Vienne, 1968, pp. 13-19.