Né le 26 janvier 1886 à Stœgersbach (Basse-Àutriche) ; mort à Vienne le 12 mai 1959 ; maçon ; président de 1945 à sa mort de la Fédération des syndicats autrichiens (Œ.G.B.) ; président en second — novembre 1945 à sa mort — du « Nationalrat » (Conseil national).
Le père de Johann Bœhm était un petit paysan dont le lopin de terre rapportait trop peu pour qu’il pût nourrir sa famille et il travaillait également comme maçon. Johann Bœhm ne put fréquenter que l’école primaire et il dut, dès l’âge de quatorze ans apprendre lui aussi le métier de maçon. A dix-sept ans, il adhéra au syndicat des travailleurs du bâtiment ; un an plus tard, il y était élu délégué et, l’année suivante, secrétaire de la section du XVIIIe arr. de Vienne. La même année, il adhéra au Parti social-démocrate. En 1909, il fut élu au Comité directeur du syndicat du bâtiment dont il devint en 1912 le délégué auprès de la Caisse ouvrière d’assurance-accidents. Son activité syndicale lui valut d’être inscrit par les entrepreneurs en bâtiment sur la « liste noire », le livrant ainsi à l’insécurité de l’emploi. Lors de la grande manifestation contre la hausse des prix, à Vienne en septembre 1911, qui fut brutalement dispersée par l’armée, « Bœhm Schani » — comme l’appelaient ses camarades de travail — fut grièvement blessé à la tête par le coup de sabre d’un dragon.
Mobilisé pendant la première guerre mondiale, il fut en 1915 à nouveau blessé sur le front russe et dut rester deux ans à l’hôpital militaire. Une fois dégagé de ses obligations militaires, il reprit immédiatement l’activité syndicale. En 1921, il fut élu au bureau de la Caisse d’assurance-accidents et, la même année, il devint secrétaire de la Fédération viennoise des syndicats des travailleurs du bâtiment et du bois. En 1929, il fut élu président des syndicats autrichiens du bâtiment. A partir de 1927, il siégea au conseil municipal de Vienne et, en 1930, il fut élu député au « Nationalrat » (Assemblée nationale). Il fut arrêté le 13 février 1934 avec tous les dirigeants du Parti social-démocrate et des syndicats et interné au camp de concentration de Wœllersdorf. Après sa libération en septembre 1934, il resta sous surveillance policière. Néanmoins, il reprit son activité syndicale clandestine, refusa en 1937 de se mettre au service du régime et de devenir le président du syndicat légal du bâtiment. A la fin de 1937, il fut convié à des pourparlers entre les anciens dirigeants des syndicats libres et les chefs syndicalistes nommés par le gouvernement, convoqués sur l’initiative du cabinet Schuschnigg qui, devant la menace d’un putsch national-socialiste, tentait de manœuvrer les syndicats. En mars 1938, devant le danger d’occupation nazie, il prit une part active aux tentatives de dernière heure d’organiser la résistance. Le gouvernement avait l’intention de l’envoyer en Angleterre en tant que représentant des syndicats libres avec une délégation autrichienne chargé d’obtenir le soutien des syndicats et de l’opinion publique britanniques. La brusque entrée des troupes allemandes en Autriche, le 12 mars 1938, voua cette entreprise à l’échec. Resté à Vienne sous l’occupation allemande et conservant des contacts clandestins avec les anciens militants sociaux-démocrates et syndicalistes, Bœhm fut pris dans la grande vague d’arrestations qui suivit le 20 juillet 1944 et relâché après une brève détention.
En avril 1945, dès l’entrée des troupes soviétiques à Vienne, il prit l’initiative de la reconstitution des syndicats autrichiens. Il entra en contact avec les anciens militants syndicaux socialistes, communistes et chrétiens-sociaux et parvint à créer un comité d’action qui fat à l’origine de la fondation, le 27 avril 1945, de la Fédération des syndicats autrichiens (Œ.G.B.).
Il en fut le président provisoire jusqu’à ce que, au premier congrès en 1948, il en fût élu président, fonction qu’il détint jusqu’à sa mort. C’est sous sa direction que la Centrale syndicale autrichienne devint une puissante organisation érigée sur des bases nouvelles d’autonomie par rapport aux partis.
En avril 1945, il fut aussi nommé secrétaire d’Etat aux Affaires sociales dans le gouvernement provisoire. Elu en novembre 1945 député au « Nationalrat » il devint second président de cette assemblée, fonction qu’il remplit jusqu’à sa mort. Il succomba à une crise cardiaque à Vienne.
ŒUVRES : Erinneningen ans meinem Leben (Souvenirs de ma vie), Vienne, 1953, 253 p.
SOURCE : Werk und Widerhall. Grosse Gestaîten des œsterreichischen Sozialismus (L’Œuvre et son écho. Grandes personnalités du socialisme autrichien), édité par Norbert Leser, Vienne, 1964.