BREITNER Hugo

Par Bruno Sokoll

Né le 9 novembre 1873 ; mort le 5 mars 1946 ; militant socialiste ; grand argentier de « Vienne la Rouge ».

Le père de Hugo, Moritz Breitner, était commerçant en grains et Hugo eut une jeunesse sans soucis. De 1884 à 1890, il fréquenta le lycée moderne de Leopoldstadt et, de 1890 à 1893, l’Académie commerciale de Vienne. A partir de 1894 et pendant vingt-quatre ans, il travailla à la « Länderbank ». En 1914, il en devint directeur-adjoint et, trois années plus tard, directeur.
Avec sa femme Marie, il se consacra à la critique musicale et artistique. Il était correspondant local du Neues Wiener Journal (Nouveau Journal viennois), du Neue Freie Presse (Nouvelle Presse libre) et, finalement, éditeur du Wiener Kunst Korrespondenz (Correspondance artistique de Vienne).
Dès avant la Première Guerre mondiale, il fit du « Club des employés de banque et instituts de crédit » une organisation syndicale combative.
Au cours de l’année 1918, il adhéra au Parti social-démocrate qui le consultait en tant qu’expert en matière financière et, à la fin de l’année, il fit son entrée dans la vie politique comme membre du conseil municipal provisoire de Vienne. La situation désastreuse des finances de la commune de Vienne après la guerre l’incita à participer à l’élaboration du programme communal ; il fut, en cela, efficacement secondé par le Dr Robert Danneberg. Pendant quatorze ans, de 1919 à 1932, il fut sénateur de la ville, responsable des affaires financières. Il parvint, dans des conditions extrêmement difficiles, à équilibrer le budget de la ville, en 1921, et à rétablir la confiance en la situation financière. Il s’acquitta de la tâche ardue de grand argentier de la ville de Vienne, en imposant aux couches aisées de la population des taxes accrues : taxes sur les produits de luxe, impôt progressif sur les hauts revenus, ce qui souleva contre lui une opposition véhémente. Breitner avait le souci de réaliser son programme d’investissements en recourant le moins possible (ou, alors, dans les meilleures conditions) à l’emprunt et sans freiner le développement de l’industrie ni le volume des affaires. Ces mesures intelligentes et réalistes de banquier lui valurent cependant l’hostilité générale des milieux conservateurs.
Lors de la fascisation de l’Autriche, le prince Starhemberg disait de Breitner : « Ce n’est que lorsque la tête de cet Asiate roulera dans le sable que nous tiendrons la victoire. » Breitner était devenu, en effet, le symbole des aptitudes gestionnaires des sociaux-démocrates et sa renommée avait franchi les frontières de l’Autriche. En 1932, il dut renoncer, pour raisons de santé, à ses activités municipales. Robert Danneberg prit sa succession. Après six mois d’activité à la Caisse d’Epargne centrale de la municipalité de Vienne, Breitner fut arrêté, pendant l’insurrection de février 1934, dans le bureau du maire Karl Seitz, ainsi que les sénateurs de la ville Paul Speiser, [Anton Weber_>197759] et Karl Honay. Il fut incarcéré pendant quatorze semaines, bien qu’il n’eût plus joué de rôle politique depuis 1932.
En 1938, il émigra aux États-Unis où il mourut le 5 mars 1946, à Clairemont, en Californie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article197380, notice BREITNER Hugo par Bruno Sokoll, version mise en ligne le 28 novembre 2017, dernière modification le 29 octobre 2018.

Par Bruno Sokoll

ŒUVRES : Vergleich und Ausblick (Comparaisons et perspectives). Schriftreihe des Londoner Büros der œsterreichischen Sozialisten, London, 1944,10 p. —Die Finanzpolitik der Gemeinde Wien (La politique financière de la municipalité de Vienne) 1924, 14 p. — Kapitalistische oder Sozialistische Steuerpolitik ? Eine Rede (Politique fiscale capitaliste ou socialiste ? Discours), 1926, 16 p. — Seipel-Steuern oder Breitner- Steuern ? (Impôts Seipel ou Impôts Breitner ?) 1927, 24 p.

SOURCE : Werk und Widerhall. Grosse Gestalten des œsterreichischen Sozialismus (L’Œuvre et son écho. Grandes personnalités du socialisme autrichien), édité par Norbert Leser, Vienne, 1964.

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