Par Yvon Bourdet
Né le 30 avril 1906. Dirigeant du mouvement socialiste révolutionnaire clandestin (1935-1938).
Fils d’un cantonnier de Lohnsburg (Haute-Autriche) et d’une servante de ferme bavaroise, Josef Buttinger entra, à l’âge de treize ans, au service d’un paysan ; deux ans plus tard, la famille déménagea dans un village industriel, Schneegattern, en Haute-Autriche, où J. Buttinger et ses frères et sœurs trouvèrent du travail comme tailleurs de verre dans la verrerie locale. C’est là que Buttinger entra pour la première fois en contact avec le mouvement ouvrier. A l’âge de quinze ans, il adhéra au syndicat des verriers et, l’année suivante, au Parti social-démocrate. Au même moment, il devint président du groupe de la Jeunesse ouvrière socialiste de Schneegattern, puis de la Jeunesse socialiste du district de Wels (Haute-Autriche). Il fonda à Schneegattern un groupe ouvrier antialcoolique et dirigea aussi l’Association gymnique ouvrière. Lorsque, fin 1925, l’usine fut fermée, il devint chômeur. Il employa ses loisirs forcés à étudier et apprit, entre autres, l’anglais et le français. En 1926, il fut appelé à Sankt-Veit-an-der-Glan comme dirigeant de foyer des Kinderfreunde (Les Amis de l’Enfance) et il remplit cette fonction pendant quatre ans. En 1930, il suivit le cours semestriel de l’université ouvrière de Vienne, après quoi, il devint secrétaire du Parti social-démocrate du district de Sankt-Veit-an-der-Glan. Il le resta jusqu’à la dissolution du parti, en février 1934. Au début de mai de la même année, il fut arrêté pour activité clandestine et resta emprisonné pendant trois mois dans la maison d’arrêt de Villach. En août 1934, il s’installa à Vienne et entra en contact avec les organisations clandestines du parti. Peu après, il devint membre du Comité central des Socialistes révolutionnaires. A ce titre, il participa à la conférence du 31 décembre 1934 à Brünn (Brno) qui fut suivie de l’arrestation de la majorité des participants, plus particulièrement des membres du Comité central. Lors de la reconstitution de cet organisme, J. Buttinger, qui avait réussi à s’échapper, fut élu en 1935 président du Comité central. II remplit cette fonction jusqu’à sa dissolution effective en mars 1938.
Après l’Anschluss, Buttinger se réfugia à Paris où les dirigeants de l’émigration socialiste le désignèrent comme chef de la représentation à l’étranger des socialistes autrichiens. Pendant son séjour à Paris, il fut aussi l’un des rédacteurs de la revue Der sozialistische Kampf (Le Combat socialiste). Il quitta Paris au début de novembre 1939 et s’installa aux États-Unis. Peu après, il démissionna de ses fonctions de chef de la représentation à l’étranger en raison de ses différends politiques avec la majorité des dirigeants du parti.
Buttinger se consacra dès lors à l’aide américaine aux réfugiés. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, il était directeur de l’office européen de l’International Rescue Committee. Pendant ce temps, il écrivit, basée sur ses Mémoires, une histoire du Parti socialiste autrichien dans la clandestinité. Cet ouvrage, très controversé, fut publié, en 1953, sous le titre Am Beispiel Österreichs ; il fut traduit en français — voir Œuvres. En 1954, l’International Rescue Committee envoya Buttinger au Vietnam où il organisa les secours aux réfugiés du Nord. C’est de cette époque que date son intérêt pour l’histoire du Vietnam et pour son évolution politique actuelle. Après son retour, en tant que journaliste, il se révéla un des premiers défenseurs du gouvernement Diem. En février 1958, il publia une histoire du Vietnam — voir Œuvres.
En 1955, Buttinger fut l’un des fondateurs de 1’American Friends of Vietnam et il occupa jusqu’en 1965 le poste de président du comité exécutif de cette organisation. Son refus de la politique américaine au Vietnam après 1965 l’obligea à se retirer. II a créé à New York la « Bibliothèque Buttinger », important dépôt de livres et de manuscrits relatifs à l’histoire du mouvement ouvrier international.
Par Yvon Bourdet
ŒUVRES : Die legalen Arbeiterorganisationen und der Sozialismus in Oesterreich sous le pseudonyme de Gustav Richter (Les organisations ouvrières légales et le socialisme en Autriche), Karlsbad, 1937. — Probleme und Aufgaben der œsterreichischen sozialistischen Emigration (Les problèmes et les devoirs de Immigration socialiste autrichienne), sous le pseudonyme de Gustav Richter, Paris, 1939. — Am Beispiel Œsterreichs, Köln, 1953, traduction française : Le Précèdent autrichien, Paris Gallimard, 1956, 564 p. — The Smaller Dragon. A political History of Vietnam (Histoire politique du Vietnam), New York 1958. — The Miracle of Vietnam (Le Miracle vietnamien), Michigan State University Press, 1959. — Fact and Fiction on Foreign Aid (Réalité et fiction sur l’aide étrangère), tiré à part du Dissent, 1959, 51 p. — The Ethnic Minorities in the Republic of Vietnam (Les minorités ethniques dans la République du Vietnam), New York, 1961. — Vietnam : A Dragon Embattled, A History of Colonial and Contemporary Vietnam (Histoire du Vietnam colonial et contemporain), New York, 1967.
SOURCES : Notes autobiographiques manuscrites par l’intéressé. — Walter Wisshaupt, Wir kommen wieder !... (Nous reviendrons !...), Vienne 1967.