Par Jiri Koralka
Né le 14 février 1870 à Lwow en Galicie, mort dans la nuit du 19 au 20 août 1942 au camp de concentration de Terezin en Bohême. Dirigeant du Parti social-démocrate allemand en Moravie, plus tard en Tchécoslovaquie.
Fils d’un, employé de chemins de fer et propriétaire d’un petit café qui retourna de Galicie dans sa Moravie natale, Ludwig Czech s’initia aux théories socialistes tout d’abord à Brünn (Brno) et notamment au cours de ses études de droit à Vienne. Il subit l’influence des idées de la social-démocratie autrichienne, de Victor Adler, et resta sous cette influence même plus tard quand, après avoir acquis le titre de docteur en droit, il alla habiter Brünn (Brno) en 1893 en qualité de stagiaire d’avocat. En 1902, il ouvrit à Brünn (Brno) un cabinet d’avocat.
Czech appartenait alors à 1’« Arbeiterbildungsverein », organisation traditionnelle des socialistes modérés et, au cours des années 1897-1901, il fut rédacteur à l’hebdomadaire social-démocrate Der Volksfreund (L’Ami du peuple). Il acquit une expérience pratique dans le domaine de la prévoyance sociale au cours des années 1896-1919 en tant que président de la Caisse-maladie ouvrière de district et conseiller des associations ouvrières.
Le rôle de Czech dans la vie intérieure de la social-démocratie autrichienne prit de plus en plus d’ampleur. Élu président de l’organisation du Parti social-démocrate allemand pour la Moravie et en même temps président de la Commission de contrôle du parti pour l’Autriche entière, il assuma ces deux fonctions jusqu’en 1919. Aux élections législatives de 1901, il fut battu à Znojmo par son adversaire nationaliste allemand ; en 1907 et 1911 à Krnov, il fut battu par le front uni des nationaux et chrétiens-sociaux allemands. Cependant, à partir de 1905, il devint le principal représentant du Parti social-démocrate à l’Hôtel de Ville de Brünn.
La tendance nationale allemande que Czech représentait devint encore plus forte au cours de la Première Guerre mondiale quand Czech fut chargé de diriger le département de la prévoyance sociale à l’Hôtel de Ville. Avec Seliger, il fut le leader de la conférence des responsables des groupes du Parti social-démocrate allemand de Bohême, Moravie et Silésie, organisée à Brünn le 16 septembre 1917 et dirigée contre la formation d’un État tchécoslovaque indépendant. Cependant, après la fondation de la République tchécoslovaque, Czech sut prendre une position plus positive envers le nouvel État — en comparaison avec la majorité des autres leaders du parti. Vers la fin d’août 1919, au congrès de Teplice, il présenta un exposé sur la constitution du Parti social-démocrate allemand en Tchécoslovaquie et fut élu vice-président de ce parti. Après les élections d’avril 1920, en tant qu’un des leaders des députés sociaux-démocrates allemands au Parlement tchécoslovaque, il fut, de 1920 à 1925, vice-président de la Chambre des députés.
Après la mort de Seliger, Ludwig Czech se trouva à la tête du Parti social-démocrate allemand en Tchécoslovaquie et fut élu président du parti à tous les congrès tenus au cours de la période 1921-1935. Il représenta aussi ce parti sur le plan international, en qualité de délégué au congrès et de membre de l’exécutif de l’internationale socialiste. A la différence du Parti social-démocrate tchécoslovaque, le parti allemand en Tchécoslovaquie, sous la direction de Czech, sut conserver, de la période antérieure à la Première Guerre mondiale, une forte tradition d’austromarxisme et une idéologie de « lutte de classes ».
Le rapprochement avec les sociaux-démocrates tchèques (Congrès commun à Prague-Smichov en janvier 1928) ouvrit, après les élections d’octobre 1929, le chemin du gouvernement, aux sociaux-démocrates allemands. Ludwig Czech devint ministre de la Prévoyance sociale, ministre des Travaux de 1934 à 1935, ministre delà Santé publique de 1934 à 1938.
Ludwig Czech demeurait toujours un partisan résolu du régime démocratique en Tchécoslovaquie et adversaire de l’Allemagne nazie. Cette attitude lui valut des critiques de la part des partisans de l’aile nationaliste du Parti social-démocrate allemand en Tchécoslovaquie. A la tête de la délégation des partis activistes allemands, représentés au gouvernement tchécoslovaque, Czech, au début de 1937, mena les pourparlers concernant le règlement des questions nationales. Les attaques contre la ligne politique de Czech atteignirent leur point culminant au congrès du Parti social-démocrate allemand en Tchécoslovaquie, convoqué en hâte à Prague les 26-27 mars 1938 et Wenzel Jaksch fut élu nouveau président du parti. Le 11 avril 1938, Czech démissionna de son poste de ministre. Après Munich, il se déclara contre la suspension volontaire de l’activité du parti sur le territoire réduit de la Tchécoslovaquie et il refusa d’émigrer. En mars 1942, il fut déporté au camp de concentration de Terezin où il succomba à la suite d’une pneumonie.
Par Jiri Koralka
ŒUVRES : Discours reproduits dans les procès-verbaux des congrès, discours prononcés au Parlement, rapports imprimés du bureau du parti et du groupe des députés et sénateurs. « Sechzig Jahre im Dienste des Prolétariats » in Volksfreund, 26 mai 1928 (et nombreux autres articles).
SOURCES : Ludwig Czech. Festschrift zum 60 Geburtstag Prague, 1930. — J.-W. Brügel, Ludwig Czech, Arbeiterführer und Staatsmann (dirigeant ouvrier et homme d’État), Vienne, 1960.