DOMES Franz

Par Georges Haupt

Né et mort à Vienne, 25 juillet 1863 - 11 juillet 1930 ; leader syndicaliste ; dirigeant social-démocrate.

Fils d’un serrurier de Vienne, second d’une famille de neuf enfants, Franz Domes fréquenta l’école communale et le cours complémentaire, puis entra à l’atelier de son père. En 1879, il finit ses années d’apprentissage et entreprit son « tour de compagnonnage ». Dès cette époque, il adhéra au mouvement ouvrier et entra à l’Union ouvrière générale. Pour ses convictions socialistes, Domes dut subir dans les années 1880 toute une série de poursuites policières et de condamnations. Son livret militaire portait la mention : à surveiller. Après son service militaire, en 1888, il entra à l’Arsenal de Vienne où il travailla comme ouvrier métallurgiste. Il milita activement dans le mouvement syndical naissant et créa à l’Arsenal une organisation de défense ouvrière. En 1889, il fut l’un des fondateurs de l’Union des métaux de Basse-Autriche qui devait déboucher un an plus tard sur la création de l’Union des ouvriers métallurgistes d’Autriche. En mars 1895, il fut licencié de l’Arsenal à la suite d’un conflit avec un contremaître. Dès lors, il devint permanent syndical, d’abord administrateur du bulletin du syndicat, puis, à partir de 1898, secrétaire de l’Union des métaux. Il se révéla l’un des plus forts talents de la social-démocratie autrichienne. Il contribua à faire de son syndicat l’un des plus puissants d’Autriche et en devint le président en 1918.
Dirigeant ouvrier jouissant d’une large audience, il fut élu en 1906 conseiller municipal de Vienne, et, en 1911, député au « Reichsrat » (Conseil d’Empire). C’est sur son initiative que se tint pendant la guerre, le 5 novembre 1916, le premier congrès des métallurgistes. En tant que rapporteur principal, il s’attaqua violemment au patronat et à la brutalité de la direction des entreprises placées sous autorité militaire.
Lors de la grève de janvier 1918, Franz Domes fut désigné, avec Victor Adler, Ferdinand Hanusch, Karl Renner et Karl Seitz, pour diriger la délégation chargée d’intervenir auprès du gouvernement. Huit mois plus tard, il fut, avec Hanusch et Hueber, représentant des ouvriers dans la commission paritaire désignée par le gouvernement pour organiser le passage de l’économie de guerre à celle de la paix.
C’est après l’effondrement de la monarchie que Domes joua un rôle de tout premier plan. « Dans cette période d’après-guerre, on ne prit pratiquement aucune décision politique ou syndicale d’importance à laquelle Domes n’ait collaboré. Il était avec Anton Hueber le dirigeant syndicaliste le plus important d’Autriche ». Dès la proclamation de la République, il fit partie du premier Conseil d’État. A partir de février 1919, il siégea à l’Assemblée nationale et fut élu à la direction de la Commission d’État de socialisation créée à la suite d’une décision parlementaire du 14 mars 1919. II joua un rôle capital dans cette commission qui prépara toute la législation sociale mise en œuvre par le gouvernement Renner, en particulier dans la préparation et la promulgation de la loi sur les conseils d’entreprise. Au premier congrès syndical de novembre 1919, ce fut lui qui présenta le rapport sur les conseils d’entreprise qu’il considérait comme une étape importante sur le chemin menant de la démocratie politique à la démocratie économique. II fut aussi l’un des fondateurs des Chambres des ouvriers et employés. Dès novembre 1917, Domes avait fait à la conférence des syndicats un rapport à ce sujet. Lors de leur fondation, en 1920^ il devint président de celle de Vienne et président du congrès des Chambres des ouvriers et employés d’Autriche. Membre du Comité directeur du parti, Domes fut aussi, dès 1923, président de la Commission des syndicats d’Autriche.
II mourut subitement d’une pneumonie, à la veille du quarantième anniversaire du syndicat des ouvriers métallurgistes dont il avait été la cheville ouvrière.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article197401, notice DOMES Franz par Georges Haupt, version mise en ligne le 28 novembre 2017, dernière modification le 31 octobre 2018.

Par Georges Haupt

ŒUVRES : Uber die Tätigkeit und Aufgaben des Verbandes (De l’activité et des tâches de l’Union syndicale), Vienne, œsterreichischer Metallarbeiterverband, 1927. — Die Stellung zu den wirtschaftlichen Fragen (L’attitude à prendre face aux questions économiques), 1927, — Discours au 14e congrès des métallurgistes d’Autriche, le 27 septembre 1927 (tiré à part).

SOURCES : Viktor Stein, Der Arbeit zur Wehr und Ehr. Kurze Geschichte des œsterreichischen Metallarbeiteruerbandes (Défense et honneur du travail. Précis d’his-toire de l’Union des ouvriers métallurgistes d’Autriche), Vienne, 1925. — « Denkt an Gestern, denkt an Morgen... ». Zum 40 Geburtstag des œsterreichischen Metallarbeiterbandes (Pensez à hier, pensez à demain. Pour le 40 » anniversaire de l’Union des ouvriers métallurgistes d’Autriche, Vienne, 1930 (Ce volume contient l’autobiographie de Domes). — Numéro spécial de la revue Arbeit und Wirtschaft (Travail et Economie), de juillet 1930. — Werk und Widerhall. Grosse Gestalten des œsterreichischen Sozialismus (L’Œuvre et son écho. Grandes personnalités du socialisme autrichien), édité par Norbert Leser, Vienne, 1964.

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